Dans une lecture, il y a le fond et la forme. Parfois, le lecteur ressent une certaine dichotomie entre les deux. Ce fut mon cas concernant
La machine Ernetti.
Même si je ne suis pas particulièrement attiré par les histoires « à la Da Vinci Code », ma curiosité a été fortement titillée par l'idée maîtresse de ce roman. Une machine à voir dans le temps, développée par le Vatican. Qui plus est, quand le résumé insiste sur le fait que cette histoire est basée sur une histoire vraie, durant la guerre froide.
Un mélange de sujets aussi divers que religion, politique, guerre de services secrets, le tout mâtiné de SF, était séduisant.
Chaque livre, chaque écriture est une affaire de choix. Certains de ces choix auront trouvé un réel intérêt en moi, d'autres ne correspondaient pas à mes attentes.
L'histoire promettait beaucoup. En termes de plongées dans les coulisses cachées du Saint-Siège et de la manière dont il est gouverné, mais aussi en termes d'imaginaire. Promesses bien tenues, de ce côté-là.
Roland Portiche a bourlingué depuis les années 70 en tant que réalisateur et auteur de documentaires et de magazines pour la télévision française. Pour beaucoup, en lien avec l'Histoire (avec un grand H).
Ce bagage lui a permis de construire un récit à la documentation soignée et approfondie, en phase avec la crédibilité voulue pour cette intrigue pourtant fantasque.
Le mélange de réalité et de fiction est bien mené, entre personnages historiques et fictionnels. Intéressant à découvrir, étonnant à suivre.
L'écrivain n'est pas toujours tendre avec les arcanes de la religion catholique. le livre en devient parfois une sorte de récit apocryphe assez attrayant.
Mais, le fond stimulant aura, pour ma part, été gâté par le parti pris de l'auteur quant à la forme. La mode actuelle est clairement aux thrillers rythmés, avec chapitres courts et alternance d'actions. J'en lis beaucoup pour constater que cette mode tourne un peu à la dérive.
Avec un tel sujet et un tel potentiel, j'aurais aimé davantage de développement. L'écrivain a fait le choix de chapitres et de phrases très courts (3 à 5 pages) qui, à mon sens, gaspillent la puissance du propos et de l'histoire.
A vouloir simplifier parfois à l'excès, à utiliser des raccourcis pour aller au plus vite, mon sentiment de lecture en a été perturbé (sans parler de cette manière abusive et irritante d'utiliser les points d'exclamation, comme s'il était indispensable de marquer les surprises du scénario).
Pour moi, cette intrigue aurait mérité plus d'espace, tout comme les personnages. On me rétorquera que dans ce cas le livre aurait fait 600 pages au lieu des 450, et alors ?
Le dernier tiers du roman est globalement prenant, mais j'ai trouvé que la fin manquait d'imagination, presque un comble avec une telle thématique.
Au final, je ressors très partagé par la lecture de
la machine Ernetti.
Roland Portiche est un puits de science, son idée était formidable, mais j'ai regretté sa volonté de simplifier son intrigue et son écriture.
Le lecteur avide de rythme, et de lectures sans temps morts, trouvera son compte à n'en pas douter. Pour ma part, j'attendais une autre manière de mener l'affaire, ce n'est qu'une question de perception personnelle.
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