Un roman à oublier aussi vite que j'en ai lu ses quelques 560 pages. Il est vrai que l'idée d'un Monte-Cristo moderne était une lourde ambition et un pari risqué, et l'amoureuse du Comte que je suis ne pouvait que se jeter sur ce roman mettant en scène les répliques actualisées d'Edmond Dantès et des traîtres, des démons et des saints qui l'entourent.
Mais, d'une part, ce roman n'a aucune crédibilité, et d'autre part, les auteurs ne font preuve d'aucune imagination pour actualiser l'intrigue.
Dès le départ, le récit est totalement elliptique sur les raisons de l'arrestation et de l'enfermement au secret de notre héros. Chargé d'une vague enveloppe par je ne sais qui, Edmond-Erwan se retrouve dans une geôle au fin fond de la jungle guyanaise sans comprendre pourquoi – mais le lecteur ne comprend pas non plus ce qu'on lui reproche, et ce n'est pas le machiavélique procureur qui va l'éclairer, même si celui-ci se croit obligé de monter par le premier train à Paris pour rencontrer
Pasqua ou l'un de ses acolytes. Au moins, les quatorze années de captivité passent à toute allure dans le roman – si on ne m'avait pas précisé que cela durait quatorze ans, je ne l'aurais jamais imaginé. Après – toutefois – quelques éléments non dépourvus d'intérêt sur la brutalité de la vie quelque part entre Saint-Laurent du Maroni et Maripasoula, dans la pègre des orpailleurs, notre Gwynplaine-Monte-Cristo se retrouve à Paris, en 2013, surgi de nulle part, et le recopiage commence.
A l'exception peut-être de Vargas-Faria, les personnages sont à peine esquissés, que ce soit les crapules de Villedieu ou Mondego ou le Danglars moderne, ou les personnages secondaires qui foisonnent, tous calqués sur leur modèle dumasien. Pour certains, c'en devient vexatoire, comme Olivia-Mercedes qui ne fait que passer ou Aysha-Haydée dont on comprend à peine ce qui est arrivé à son ministre de père.
Quant à Gwynplaine-Monte-Cristo, il est invraisemblable que personne, en 2013, n'aille faire une recherche sur Google pour essayer de savoir qui il est et d'où il vient. Tout aussi invraisemblable, le sort de ces deux malheureuses jeunes filles, Agathe et Valentine, que leurs pères indignes s'acharnent à marier contre leur gré. Si le livre n'en est pas à une invraisemblance près, le lecteur attend autre chose d'un Monte-Cristo remis au goût du jour.
Les auteurs collent à Dumas au point de ne rien modifier aux développements, aux dialogues, et même aux pensées qui se bousculent dans la tête du héros. Mais le copié-collé, trop c'est trop, surtout si c'est en total décalage avec l'époque où vit Gwynplaine-Monte-Cristo. Je ne pousserai pas jusqu'à ajouter des citations, mais si je le fais, bien malin qui saura dans quel roman je les ai cueillies, l'ancien (le seul, le vrai) ou la copie.
Quant au style – grossier, relâché jusqu'à la vulgarité, et pas seulement dans les dialogues. Il est vrai que j'ai l'habitude de textes plus travaillé, donc ce laisser-aller me choque, de même que des personnages dont l'oisiveté et les mauvaises habitudes me choquent, surtout venant des jeunes. Tout le monde fume de la meilleure herbe, tout le monde sniffe, et je ne parle pas du reste. Si encore tout cela s'habillait d'une intrigue travaillée, mais même pas.
Seul personnage inventé par rapport à Dumas,
Maria-Luisa, forcément belle à couper le souffle, sexy à baver, dotée de la plus redoutable intelligence, qui couche bien sûr avec la terre entière, dont Gwynplaine-Monte-Cristo, et j'avoue qu'elle m'a profondément agacée. Autant à vrai dire, que la fameuse Aysha même si on la voit à peine, qui elle aussi semble coucher (enfin, si j'ai bien compris) avec notre héros bien avant l'heureuse conclusion…
Mon agacement, d'ailleurs, est monté à mesure que j'avançais dans ma lecture. Un Monte-Cristo moderne, je n'ai absolument rien contre, mais pas ce roman-là.