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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
C'est un polar qui se lit facilement et plaisamment . Pour autant une intrigue cousue de fil de blanc et des personnages qui ressemblent un peu trop à des caricatures (le politicien corrompu et malfaisant dont la carrière est mise à mal par un "gentil" terroriste). Les dialogues datent un peu mais le récit est alerte et le suspense très soutenu.
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Tranquille, Maurice Lenoir croyait l'être. Pépère dans sa petite maison en province, il passait son temps entre son potager, quelques verres vidés avec ses voisins et la lecture en boucle de son intégrale de Raymond Queneau. le lendemain du vendredi 13, les poulets, engeance avec laquelle il croyait pourtant en avoir définitivement terminé, firent irruption dans son chez lui, godillots crottés et faciès suintant une assurance puisée dans le seul port de leur uniforme. Oh non, Maurice n'avait rien fait, rien commis de répréhensible, son seul tort était d'habiter à côté des parents du tout frais émoulu ministre de l'intérieur de la république. Personnage controversé, le nouveau ministre Kowa suscitait déjà des oppositions que la maréchaussée devinait possiblement violentes. Il fallait donc mettre les siens à l'abri, les entourer d'un cordon de sécurité, cordon dans le périmètre duquel la cahute de Maurice figurait hélas. En fouillant bien, les flics trouvèrent le petit détail (un plan de cannabis égaré dans son potager), qui leur permit d'éloigner Maurice, de lui faire profiter quelques jours du confort de leurs cachots. Mal leur en prit, car Maurice, qui n'avait rien demandé à personne, n'appréciait pas du tout qu'on lui dicte sa conduite. Ah mais, il allait leur montrer à ces poulets de base ce qu'il allait leur en coûter. Dans le genre fouteur de merde, Maurice avait bien plus d'expérience qu'eux.
La France des petites gens, le langage coloré, la gouaille, la débrouille et un anarchisme revendiqué mais (presque) non-violent, telles sont les marques de fabrique de la prose de Jean-Bernard Pouy. Ardent défenseur du polar, attachant bon vivant, Pouy est le genre de gars avec lequel tout amateur de littérature policière et de bonne chère rêve de passer quelques heures. Notamment parce qu'il sait que le polar, en littérature, n'est pas tout. Et que connaître Westlake ou McBain sans lire Shakespeare, c'est perdre quelque chose. En plaçant cette fois son intrigue sous le patronage de Raymond Queneau, dont les vers surréalistes rythment son récit, Pouy ne dit pas autre chose : la littérature, faut l'explorer, passer d'un genre, d'un auteur et d'une époque à l'autre. Évidemment, il ne dit pas que cela, et surtout il nous raconte une bonne histoire, joyeusement anticonformiste, sans poursuite en bagnole, dépourvue de sang et que n'aurait sans doute pas reniée Michel Audiard s'il était encore des nôtres. Si l'on s'amuse à suivre les méandres empruntés par Maurice (dont la vraie identité, lorsqu'elle sera connue, ébranlera ses copains flics) pour accomplir sa vengeance et -surtout- ridiculiser ses poursuivants, on ne peut s'empêcher de remarquer les références à l'actualité récente dont Pouy parsème son récit. Ainsi, la ressemblance entre Kowa et l'ex-ministre de l'intérieur français devenu président ne peut-elle que sauter aux yeux, de même que la fâcheuse tendance à voir des terroristes partout développée par la police française (comme lorsqu'elle enferme des jeunes gauchistes soupçonnés de sabotage de caténaires) trouve-t-elle ici un écho dans la démesure des moyens mis en place pour débusquer un seul homme, déterminé certes, mais qui n'use que de moyens non-violents. Bas-du-front ou manipulatrice, la police française ne sort certes pas grandie de 'Samedi 14', incapable de mettre la main sur le nouveau Robin des Bois qu'elle recherche, ou de simplement s'en détourner vu son inimportance réelle. Quant au lecteur, c'est avec plaisir qu'il a suivi ce bon Jean-Bernard dans son dernier roman déridant.
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