Citations sur Les Annales du Disque-Monde, Tome 5 : Sourcellerie (86)
certaines personnes ont du mal à croire les enfants complètement humains et se figurent que l’usage normal des bonnes manières ne les concerne pas.
Il jeta des coups d’œil en coin aux figures concupiscentes d’hommes qui le tueraient avant même d’y penser et qui, d’ailleurs, trouveraient ça beaucoup plus facile.
- Ne la frottez pas!" s'exclamèrent les deux autres en chœur. Trop tard, hélas, mais ça n'avait pas de grande importance car le coup de polissage prudent de Nijel eu pour tout résultat l'apparition de petites lettres de fumée rouge suspendues en l'air.
"Bonjour, lut Nijel à voit haute. Ne raccrochez pas la lampe parce que votre clientèle nous est précieuse. Laissez donc un souhait après le bip sonore et, dans le meilleur délai, ce souhait sera un ordre pour nous. En attendant, c'est à nous de vous souhaiter une bonne éternité."
"Je voulais savoir, fit amèrement Ipslore: qu'est-ce qu'il y a de bien en ce monde qui donne son prix à la vie?"
La Mort examina la question.
" LES CHATS, dit-il enfin. C'EST BIEN LES CHATS.
Il faisait bien de temps en temps torturer des gens à mort dans des souffrances horribles, mais on considérait pareille conduite comme parfaitement normale pour une autorité municipale, et dans l’ensemble l’écrasante majorité des citoyens approuvait.*
*L’écrasante majorité des citoyens étant définie dans ce cas comme tous ceux qui ne pendent pas d’ores et déjà par les pieds au-dessus d’une fosse à scorpion.
- C'est plutôt vous qui devriez vous inquiéter.
- Pourquoi moi ?
- vous êtes le seul autre à porter une robe.
Rincevent pris la mouche "C'est une robe de mage..."
- De mage, de femme ... J'espère pour vous qu'ils font la différence
"Pardon? se corrigea-t-il. Je trouvais le monde... si beau.
- Notre Duzinc est un esthète", fit Thune. Un ou deux mages qui connaissaient le sens du mot gloussèrent. "Mais pour ce qui est du monde, on pourrait l'améliorer. Je disais, Duzinc, que partout où l'on tourne les yeux, on voit la cruauté, l'inhumanité et l'avidité, ce qui montre que le monde est mal gouverné, non?"
Duzinc eut soudain conscience d'une vingtaine de regards qui se braquaient sur lui. "Hum, fit-il. Ma foi, vous ne pouvez pas changer la nature humaine."
Silence de mort.
Duzinc hésita. "Si? fit-il.
- Ça reste à voir, dit Cardant. Mais si on change le monde, la nature humaine changera aussi. N'est-ce pas, chers confrères?
- On a la ville, fit l'un des mages. En ce qui me concerne, j'ai créé un château...
- On gouverne la ville, mais qui gouverne le monde? l'interrompit Cardant. Il doit y avoir mille petits chefs, rois et empereurs sur ce Disque-là.
- Et pas un ne sait lire sans remuer les lèvres, dit un mage.
- Le Patricien savait lire, lui, objecta Duzinc.
- Sauf si on lui avait coupé l'index, dit Cardant. Qu'est-ce qu'il est devenu, le lézard, d'ailleurs? Sans importance. Le fait est que le monde devrait sûrement obéir à des sages et des philosophes. Il a besoin de guides, le monde. On se bat les uns contre les autres depuis des siècles, mais ensemble... qui sait ce qu'on pourra faire?
« Je ne vais pas monter sur un tapis volant ! siffla-t-il. J’ai peur du sol !
- Vous voulez dire de l’altitude, le reprit Conina. Et arrêtez de faire l’idiot.
- Je sais ce que je dis ! C’est le sol qui tue ! »
Rincevent poussa un soupir qui ressemblait à du soulagement. Il était imperméable aux pots-de-vin, à la cajolerie, aux appels à ses bons sentiments. Mais les menaces, ça, les menaces, il connaissait. Il savait où il allait, avec les menaces.
Je ne vais pas monter sur un tapis volant ! siffla Rincevent. J’ai peur du sol !
— Vous voulez dire de l’altitude, le reprit Conina. Et arrêtez de faire l’idiot.
— Je sais ce que je dis ! C’est le sol qui tue !