Les Annales du Disque-Monde, tome 18 : Masquarade

Gauthier Plinge, assis dans la pénombre à la lumière d'une bougie, gardait les mains posées sur les genoux. Ce n'était pas souvent qu'il n'avait rien à faire, mais quand il n'avait rien à faire, il ne faisait rien.

- Encore un comte ? J'ai l'impression qu'y a plus d'comtes ici que j'peux en compter, un vrai conte à dormir debout.

La haine exerce une force d'attraction. La haine, c'est comme l'amour qui aurait le dos tourné.

- Je vous l'ai dit : le spectacle doit continuer.
- Pourquoi donc ? On n'a jamais dit “le fromage doit continuer“ ! Pourquoi est-ce tellement important que le spectacle continue ?

- Gytha ?
- Oui, Esmé ?
- Ça t'ennuie si j'te pose une question ?
- D'habitude tu m'demandes pas si ça m'ennuie.

- Si tu veux t'rendre utile, Esmé Ciredutemps, fit la voix depuis les buissons, ça m'arrangerait que tu m'déniches des patiences ou des bardanes qui pourraient pousser dans le coin, merci beaucoup.
- Des herbes ? Qu'est-ce que tu comptes en faire ?
- Je compte dire : “Dieu merci, des grandes feuilles, exactement ce qu'y m'faut.“

Bien sûr, Mémé Ciredutemps faisait grand cas de son indépendance et de son autonomie. Mais, dans ce genre d'affaire, on a toujours besoin d'un entourage auquel montrer qu'on est fidèlement indépendant et autonome. Ceux qui n'ont besoin de personne ont besoin autour d'eux de gens au courant qu'ils sont de ceux qui n'ont besoin de personne.
Comme pour les ermites. A quoi leur sert-il de se geler les miches en haut d'une montagne en communiant avec l'infini s'ils ne peuvent pas compter sur un tas de jeunes femmes impressionnables pour monter les voir de temps en temps et s'exclamer « ça alors » ?

Nounou se versa un gin au gin avec un doigt de gin puis inspecta les rangées de bouteilles avec un grand intérêt.

- Si vous vouliez une retraite paisible, monsieur Baquet, il ne fallait pas acheter l'opéra. Vous auriez dû opter pour une activité plus tranquille, comme la dentisterie pour alligators.
(Salzella)

Une statue aurait pu venir pleurer sur son épaule et lui dire le fond de sa pensée sur les pigeons.