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Critique de Woland


Etoiles Notabénistes : **

The Obsidian Chamber
Traduction : Sebastian Danchin

ISBN : 9782809822274

Merci aux Editions de l'Archipel qui, dans le cadre de l'Opération "Masse Critique" organisée par Babélio, m'ont fait parvenir cet exemplaire de "Noir Sanctuaire" à titre gracieux. ;o)

Pour moi et à jamais, Preston et Child resteront synonymes du merveilleux, du mémorable "Relic", le seul livre à ce jour sur Nota Bene Culture Littéraire pour lequel j'ai commis deux posts - eh ! oui ! - parce que primo, à la relecture, je l'ai vraiment trouvé sensationnel sans prétendre pour autant au chef-d'oeuvre et que, secundo, il y avait, dans ce livre, de l'idée, de la nouveauté et de la cohérence. J'insiste sur chaque terme. C'était un mélange habile de policier et de fantastique, ce dernier genre s'appuyant sur une mutation biologique après tout vraisemblable (en tout cas pour un lecteur).

Avec "Le Grenier des Enfers", suite logique de "Relic", j'avais tiqué : il y avait plus d'invraisemblances. Mais enfin, nul n'est parfait en ce monde et, compte tenu de la fin du premier opus, il fallait une suite, tout le monde le savait.

Puis vinrent ce que j'appellerai les aventures d'Aloysius Pendergast en solitaire. le personnage, apparu dès "Relic", - mais que vous ne verrez pas dans l'excellent film de Série B qui fut tiré du roman - était carrément excentrique, possédait une confortable fortune et, en parallèle, un statut d'agent du FBI, se promenait le plus souvent dans des voitures de luxe, s'habillait de même et étalait sans complexe une profonde intelligence. de son passé, on ne savait pas grand chose, sinon qu'il appartenait à une famille d'originaux. Je me rappelle encore aujourd'hui combien la découverte du "champ mortuaire" en pleine ville dans l'un des livres suivants ("La Chambre des Curiosités" ou "Les Croassements de la Nuit", je pense) me fit rire et bien rire, tant j'y voyais une espèce de farce faite aux lecteurs sérieux du genre (il y en a de très sérieux, dépourvus de tout sens de l'humour, vous savez ;o) ) par des scénaristes peut-être lassés par leur personnage et / ou égarés dans la voie qu'ils s'étaient tracée.

Et puis arriva la disparition d'Hélène, l'épouse de Pendergast - prétexte à trilogie, ce me semble. Brusquement, on découvrait que cet homme en apparence insensible et peu porté au flirt était follement amoureux. Exit Hélène, hélas ! pour des raisons que je ne vous citerai pas, choc qui plongea le malheureux agent du FBI dans un chagrin abyssal. On comprend, on s'incline ... et on passe à autre chose parce que, ma foi, les auteurs doivent payer leurs impôts.

Alors surgit Diogène. Non pas le célèbre philosophe - qu'allez-vous penser là ! - mais le frère cadet d'Aloysius. Les deux enfants avaient grandi ensemble dans un vieux manoir horrifique et Aloysius, l'aîné, se comportant encore à cette époque comme un être relativement normal, taquinait beaucoup son petit frère, de nature plus peureuse et qui, de son côté, lui aussi encore normal, jalousait plus ou moins Aloysius d'avoir toujours, de par l'âge et les connaissances, une longueur d'avance sur lui. Et puis survint un incident qui aurait pu fort mal tourner pour Diogène - incident qui vous est révélé dans "Noir Sanctuaire" - et qui enclencha, chez le jeune adolescent, le phénomène de la haine quasi surhumaine qu'il devait par la suite porter à son aîné. (La seule ressemblance que j'ai notée entre les deux frères, si l'on excepte quelques traits physiques, du moins au début, et bien sûr quelques tics de famille, c'est leur impossibilité à adopter le juste milieu : amour ou haine, travail ou loisirs (quand il leur arrive d'en prendre), ils sont foncièrement incapables de ne pas tomber dans l'extrême.)

La conception (par Preston et Child) de Diogène fut une idée géniale. En tout cas pour leurs finances. Désormais, ils avaient un MECHANT - et un méchant machiavélique, le QI au-dessus de la moyenne étant un autre trait ADN dispensé en parts égales aux deux frères - à opposer systématiquement à Aloysius. Avec la confrontation fraternelle en filigrane, on effleurait la Tragédie grecque et le Bien (Aloysius) luttait contre le Mal (Diogène). de temps à autre, pris sans doute de quelque vague remords (soit envers le lecteur, soit envers leurs personnages soit envers tous), Preston & Child arrondissaient un angle. Tout à coup, Aloysius révélait un mauvais côté diogénesque et, ici, dans "Noir Sanctuaire", c'est Diogène, amoureux fou à son tour de Constance Greene, l'improbable "filleule" que le duo d'écrivains avait confiée à Aloysisus (dans "Le Violon du Diable", je crois, ou alors "Croisière Maudite" : enfin, si tout cela vous intéresse vraiment, vous trouverez car tous ont paru en format poche chez J'Ai Lu" si mes souvenirs sont bons) qui laisse poindre des qualités aloysiuesques.

Ajoutez à cela que Diogène était censé avoir péri sous la lave d'un volcan (et peut-être même avant, si ça se trouve puisque, à l'origine, les auteurs avaient convenu de ne lui consacrer qu'une trilogie). de même, au début de "Noir Sanctuaire", Aloysius est mort, dévoré par un monstre que son horrible frère a ou aurait libéré. Dernier trait propre aux deux frères que je crois avoir saisi : non, ils ne sont pas indestructibles mais tous deux possèdent une tendance accentuée à frôler la Mort et à en ressortir pratiquement indemnes - sauf les kilos en moins et, pour Diogène perdu sous la lave, une défiguration momentanée.

Ah ! les liens fraternels ! Que voulez-vous : ce n'est pas pour rien que, pendant neuf mois supplémentaires sur cette terre, on a vécu dans le ventre de la même mère ... ;o)

Grosso modo, "Noir Sanctuaire" débute sur le deuil porté par Constance Greene et tous les fidèles d'Aloysius, tragiquement disparu dans des circonstances épouvantables. le cadavre n'a pas été retrouvé - ce qui met déjà la puce à l'oreille du lecteur, surtout pour le fanatique des aventures de Pendergast, qui connaît bien la musique depuis le temps. Constance décide de s'installer dans les vastes souterrains, luxueusement aménagés, qui s'étendent sous la maison de son parrain. Proctor, homme de confiance du disparu, s'incline et réitère son serment de la servir et de veiller sur elle. La soirée s'achève et ...

... et Diogène enlève Constance ! Comme ça ! Sous le nez d'un Proctor qu'il prend le soin de neutraliser mais non de tuer. Alors commence une incroyable poursuite, dans des avions divers, du kidnappeur et de sa victime. On passe même par l'Afrique, vous vous rendez compte ? Tout cela pour évincer ce terrible chien de garde qu'est Proctor !

Et ça marche, dites donc ! (Comment avez-vous deviné ? Il faudra me confier votre secret ... )

En parallèle, voilà qu'Aloysius revient à la surface. (Ça aussi, vous l'aviez deviné ? Incroyable !!! ) Après une perte de temps provoquée par des pirates (non-somaliens, je précise tout de suite parce que je ne veux pas m'attirer les foudres de Mme Obono ... et surtout parce que c'est la vérité), Pendergast Aîné regagne l'abri du FBI. Il a énormément maigri mais sa petite matière grise, celle dont parlait le cher Poirot chez Agatha Christie, n'a pas perdu un seul gramme. Et pour cogiter, il cogite dur. La vie de Constance est en jeu ! Notez que, comme la dame a déjà vécu plus d'un siècle - mais attention, ce n'est pas une vampire, hein ! ), ça ne nous paraît pas si grave que ça. Mais enfin, très à cheval sur son devoir, Aloysius estime que, étant le parrain (vaguement amoureux ?) de Constance, il se doit de protéger ses cent-soixante années d'existence - je vous rassure, elle ne fait pas son âge.

La preuve, Diogène, dont elle a eu un fils (mais là, j'avoue avoir perdu le fil et ne plus savoir exactement dans quel roman ça s'est passé , un fils qui est appelé à devenir Dalaï-Lama ou quelque chose dans le même genre), est lui aussi désormais amoureux fou de Constance. C'est d'ailleurs pour cela, et non pour la tuer après l'avoir horriblement torturée, qu'il l'a enlevée et emmenée ... Nan, je ne vous dirai pas où. Et vlan à nouveau dans la mâchoire d'Aloysius ! Il n'y a pas de raison que Constance l'aime, lui, l'Aîné qui a tout eu, et le haïsse, lui, Diogène, le cadet que, par ce stupide accident dans leur enfance, il a mené et abandonné, lui, Aloysius le Saint, dans un monde à l'image de l'univers de Jérôme Bosch !

Là-dessus, je m'arrête parce que je ne peux tout de même pas tout vous raconter. Ça gâcherait votre plaisir, c'est certain. Pire ! Et si, du coup, ça vous causait un traumatisme qui ferait de vous un Diogène bis, hein ?

Tout ce que je puis ajouter, c'est que, à la fin du volume, tout le monde repart vers de nouvelles aventures et, en apparence, dans des directions différentes. Voilà.

Là-dessus, je m'en vais faire brûler un ou deux bâtons d'encens devant l'autel consacré chez moi aux mânes de l'impérissable "Relic." Si ça ne fait pas de bien à Preston & Child, ça ne peut pas leur faire de mal ... ;o)
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