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Ecrit par le grand spécialiste de la guerre d'Espagne, cet ouvrage est vraiment la référence de cette période sanguinaire.

Ne connaissant pas du tout les tenants et aboutissants de cette guerre, je me suis plongée dans cette lecture d'abord avec intérêt purement intellectuel, puis ma frayeur a grandi au fur et à mesure que je tournais les pages et plongeais au coeur de cette tourmente découvrant toutes les atrocités commises de part et d'autre.

Cet ouvrage s'adresse pour ainsi dire à tout lecteur passionné d'histoire mais aussi à un public habituellement peu intéressé par les ouvrages historiques, car l'on ne peut pas rester indifférent ni insensible à la lecture de ces lignes, sorte de journal télévisé diffusant des nouvelles qui se doivent d'être apprises, méditées, comprises.

Bref, un ouvrage magistral.
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Ce livre est un travail érudit et très bien documenté. Cependant, il faut s'accrocher ! Plus de 700 pages rédigées de façon claire mais pas forcément concise. Personnellement j'ai décroché.

Dommage car la thèse centrale est intéressante. L'ouvrage m'a permis de découvrir le profond antisémitisme des franquistes : ils croyaient sérieusement au protocole des sages de Sion, que les Juifs (qui n'étaient que quelques milliers en Espagne...) dirigeaient en sous-main les syndicalistes, les communistes et les socialistes, qu'ils étaient responsables de la première guerre mondiale etc... Cela contraste avec la thèse officielle d'un Franco qui se faisait passer pour un sauveur des Juifs après 1945.

De même, on comprend à travers cet ouvrage les conditions extrêmement difficiles des journaliers agricoles, traités comme des demi-etrangers en Andalousie, et peu aidés par les républicains à cause de l'opposition systématique du patronat espagnol à toute loi sociale.

Bref, Une guerre d'extermination est très intéressant, mais on peut vite se lasser à cause de sa longueur.
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La guerre d'Espagne fut une guerre civile particulièrement meurtrière. Des exactions furent pratiquées par tous les intervenants. Ce livre primordial de Paul Preston montre pourtant des différences essentielles entre les attitudes des républicains d'un côté et celle des franquistes d'autre part.
Le clan républicain était composé de nombreux courants, parfois contradictoires, réunis dans le but de lutter contre le fascisme d'abord : les radicaux, les socialistes, les communistes (donc staliniens), le POUM composé de communistes non staliniens, les anarchistes sans oublier les brigades internationales composées principalement de communistes venus de toutes l'Europe. Dans les territoires républicains, les autorités attachées à la démocratie et au pouvoir avant 1936 n'eurent de cesse de limiter, voire d'interdire les exactions envers les religieux, les propriétaires terriens et les bourgeois. Ils tentèrent d'organiser des procès équitables et d'éviter les massacres de populations civiles. C'est pourquoi le nombre d'exécutions sommaires fut moindre dans ce camp.
Par contre, côté franquiste, composé de royalistes (carlistes), de fascistes (phalangistes) et d'une grande partie de l'armée, la politique de la terreur était totalement assumée : il fallait éliminer les "rouges". C'est pourquoi, dès qu'un village ou un territoire était conquis, l'armée au service de Franco (et notamment les troupes marocaines) pratique allègrement tortures, exécutions sommaires (sur simple dénonciation), viols, expropriations et déportations dans des camps… le tout avec la bénédiction d'une grande part du clergé !
Paul Preston, dans ce livre imposant, détaille avec précision de nombreuses exactions au fur et à mesure du conflit et selon les différentes régions. Ce qui peut s'apparenter à un musée des horreurs mais reste indispensable à la compréhension d'un conflit majeur du XXe siècle et dont les conséquences furent importantes pour la suite de l'Histoire, tant dans le reste de l'Europe (essor du fascisme et du nazisme) qu'en Espagne (40 ans d'une dictature terrible).
Un conflit qui laisse des traces encore aujourd'hui dans la société espagnole car la dictature franquiste est loin d'avoir livré tous ses secrets et aucun jugement, ni "droit d'inventaire" n'a permis à celle-ci de pouvoir vraiment tourner la page.

Même si ce livre peut parfois paraître austère, il n'en est pas moins un travail et un document historique de tout premier plan.
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Une guerre d'extermination - Espagne 1936-1945 - Paul Preston

Je n'avais que quelques notions de la guerre civile espagnole, j'avais vu quelques documentaires à la télé, lu aussi quelques articles dans des revues d'histoire et bien sûr lu : «Pour qui sonne le glas » d'Hemingway.

Ce livre de l'historien anglais Paul Preston nous plonge vraiment dans l'horreur de cette guerre.
Cette guerre n'était pas une guerre de conquête, mais un coup d'état militaire contre une jeune République qui cherchait à instaurer plus de justice sociale et d'égalité dans un pays qui en était totalement dépourvu.
On découvre les exactions des rebelles contre les républicains mais aussi contre les civils, les pauvres, ouvriers ou paysans qui sont considérés comme des sous-hommes mais aussi contre tous ceux qui déplaisent aux rebelles. Les Républicains n'étaient pas des anges eux aussi ont assassiné.

Ce livre très dense puisqu'il comporte plus de 800 pages nous décrit une guerre un peu oubliée et dont on ne parle pas beaucoup. Il raconte la barbarie dont peut faire preuve l'être humain quand il se laisse dominé par la haine, la bêtise et la violence.

Ce livre n'est pas facile à lire, parce qu'il fait référence à des événements peu connus et dramatiques et très durs. Des photos illustrant l'ouvrage montrent, des pillages des colonnes de la mort, des cadavres de républicains, des réfugiés épuisés. En toute fin d'ouvrage les notes, les cartes, des graphiques, une chronologie sommaire et un glossaire permettent de se retrouver dans cette somme d'informations.

Même si ce livre n'a pas toujours été facile à lire pour moi, je ne regrette pas de m'y être plongée et je remercie Babelio et masse critique ainsi que les Éditions Belin de me l'avoir fait découvrir.
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Livre reçu grâce à Babelio.

En apparence, c'est un pavé dont la lecture semblerait bien indigeste. Plus de 800 pages traitant d'un sujet particulièrement lourd : la guerre d'Espagne et, surtout, un examen des violences que la guerre a permises, non seulement dans le temps de la guerre mais dans celui de la paix retrouvée, et très chèrement acquise, au prix de trois années de guerres sanglantes et fratricides.

La guerre d'Espagne est sans conteste un événement majeur du 20ème siècle. Elle est un prélude à la Seconde guerre mondiale où viennent parfaire leurs gammes les stratèges nazis et soviétiques et elle est une guerre idéologique où s'affrontent deux visions du monde : d'un côté les Républicains que viennent épauler les communistes de l'Europe entière ; de l'autre les nationalistes qui, sous la houlette de Franco, revenu du Rif marocain, prendront finalement le dessus dans le conflit. Mais la guerre d'Espagne a aussi laissé des traces dans les mémoires espagnoles. Par sa violence, par les exactions qui y sont commises, par les tortures et les haines auxquelles on laisse libre cours durant la guerre, et encore après, pour punir ceux que leurs idées excluaient d'une Espagne nationaliste, catholique et autoritaire. La guerre a laissé ses traces dans les vides : les vides laissés par les morts, les vides laissés par ceux qui ont fui. La France a notamment accueilli - même si ce mot est un peu fort, puisque nombre des rescapés de cette guerre ont été parqués, ainsi qu'on le fera quelques années plus tard et à d'autres visées - dans des camps de fortune, dont celui de Rivesaltes.

La guerre d'Espagne est aussi une lutte des classes. C'est pour contrer les idées progressistes de la deuxième République espagnole, soucieuse de moderniser un pays qui a depuis longtemps perdu son leadership sur l'Europe, que Franco et ses troupes font le coup de force. L'Espagne est encore, dans les années 1930, une terre où les grands propriétaires terriens concentrent l'essentiel des biens fonciers, avec la bénédiction de l'Eglise (laquelle aura à souffrir particulièrement dans les territoires républicains). On voit aussi que cette guerre oppose deux Espagnes géographiques : l'une du sud et du sud-est, acquise aux nationalistes (il n'y a qu'à voir le peu de cas que l'on fait alors de la mort de Federico Garcia Lorca, dont le meurtrier se vente sitôt son forfait commis), l'autre au nord et au nord-ouest (notamment en Catalogne et en Galice), volontiers républicains, largement pénétrés depuis le 19ème siècle par les idées libérales.

Le mot "extermination" qui figure dans le titre n'est pas innocent. le titre original du livre, lui, fait référence à l'holocauste. Autrement dit, Preston place sur un plan d'égalité, dans ce qui devient une rationalisation de la mise à mort, la guerre d'Espagne et la Shoah. Evidemment, on objectera que, dans un cas, il y a deux camps armés qui s'affrontent alors que, dans l'autre, le groupe exterminé est sans défense. On dira aussi que la violence est inhérente à l'état de guerre. Certes. Mais un tel degré de virulence dans les actions, de haine dégagée, de souci d'éradication a rarement été atteint dans L Histoire. Car, ce qu'a permis la guerre, c'est le déchaînement d'une violence enfin légitimée : contre les bourgeois, les propriétaires terriens et les clercs dans l'Espagne républicaine, contre les communistes et les marginaux (dont les minorités sexuelles, comme le montre l'exemple de Garcia Lorca) dans l'Espagne nationaliste.

La mort, nous confirme Preston, peut se donner de plusieurs manières. Il y a les bombardements de positions ennemies ou de villes entières (on se souvient de Guernica), il y a la mort que l'on donne au combat à un ennemi, il y a celle que l'on donne à ceux qui ne peuvent pas ou plus se défendre : prisonniers de guerre ("esclaves de guerre", dira le gendre et ministre de Mussolini, Galeazzo Ciano, à l'occasion d'une visite en Espagne) et civils, dans lesquels on trouve beaucoup d'enseignants, de fonctionnaires et d'artistes. La mort est simple à donner : d'une balle dans la tête dans un cimetière ou bien dans une voiture. Mais elle peut être aussi longue à venir, particulièrement sous la torture. La mort n'est pas, évidemment, la seule violence. Torture physique, viol aussi, utilisé contre les femmes : l'horreur possède un champ d'application presque illimité.

Si les centaines de milliers de morts sont une statistique, Paul Preston s'attache à redonner une dignité, une humanité finalement, aux morts de cette guerre. L'horreur grandit, au fil des pages, sans cesse nourrie, et galvanisée par l'idée qu'encore aujourd'hui, en de nombreuses contrées du monde, elle s'épanouit encore. Loin d'être une somme abrutissante, le livre de Paul Preston est, au contraire, un formidable outil de pédagogie et de précision historique. de nombreuses cartes et photographies illustrent et, par là-même, aident à comprendre ce que fut la guerre : au plus près du terrain et au plus près des hommes.
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En prologue, l'auteur explicite le titre et la thèse centrale de l'ouvrage : les militaires à l'origine du coup d'Etat du 18 juillet 1936 contre la Seconde République ont mis en oeuvre une stratégie d'extermination de leurs ennemis et supposés tels. Selon Preston, les meurtres commis par ce camp ont souvent été planifiés et institutionnalisés.

Le début du livre m'a beaucoup intéressé : il montre bien le contexte socio-politique qui a précédé le coup d'Etat et la guerre civile. Dans les années 1930, la société espagnole était très divisée, et les tensions étaient exacerbées par la grande pauvreté et par une nécessaire modernisation de la société et des mentalités. Avant le déclenchement de la guerre civile, l'antisémitisme était l'un des fondements idéologiques d'une grande partie de la droite espagnole, qui prônait des valeurs dites traditionnelles, notamment catholiques. Des échecs militaires dans des territoires coloniaux ont frustré des officiers qui sont revenus en Espagne avec l'expérience de la répression et des fantasmes de grandeur nationale.
Cet exposé sur le contexte d'avant guerre civile explique celle-ci d'une manière que je n'avais pas perçue lors des cours d'histoire et de langue espagnole suivis au lycée.

La suite de l'ouvrage décrit le conflit, listant des lieux d'affrontements et d'exactions, de manière très documentée (à ce qu'il m'a semblé) mais sans éléments d'explication nouveaux pour moi. Les historiens et spécialistes y trouveront certainement plus d'intérêt que moi qui ai parfois dû survoler des passages.

Mon avis sur ce livre est donc contrasté : malgré les qualités explicatives de ses premières pages, il me semble plutôt destiné à un public de spécialistes ou souhaitant le devenir.

Je remercie Babelio et les éditions Belin pour ce partenariat.
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Contribution faite dans le cadre de masse critique, je remercie les éditions Breval et babelio.

Ce livre de Preston a pour sujet la « Guerre d'Espagne ». Sur ce conflit qui ensanglanta entre 1936 et 1939 l'Espagne, il existe un formidable (au sens étymologique, formidare : craindre, qui fait peur) paradoxe.
En effet, ces événements ont fait l'objet d'une masse considérable d'études historiques, quelques-uns des plus grands esprits contemporains ont écrit sur cette tragédie, étant témoins directs, voire acteurs (Simone Weil, Malraux, Hemingway, Bernanos, Semprun…)
En dépit de l'importance, de la gravité de ce conflit il demeure tabou, non traité dans l'histoire officielle. C'est tout simplement un manque de respect, une offense envers toutes les victimes et les martyrs de la barbarie. Cette guerre ne serait qu'une simple « répétition » de la seconde guerre mondiale. « Répétition » qu'est-ce à dire, ce n'est pas la « vraie » pièce, le « vrai » drame, il ne s'agit que d'une sorte de guerre locale, « tribale » où les acteurs ne feraient que « répéter » ??
A l'occasion d'autres critiques sur le sujet où des éventements contemporains, j'ai déjà eu occasion d'exprimer l'avis que la guerre d'Espagne était indissociable du conflit « commencé » en 1939, lequel conflit n'était qu'une seule guerre mondiale de 30 ans commencée en ...1914.
Car comment peut-on soutenir par exemple qu'il n'y aucun lien entre l'invasion de la Chine par le Japon en deux étapes, en 1931 et en 1937, et Pearl Harbour ? Que les bombardements de terreur de la légion nazie Condor à Guernica et ailleurs en Espagne n'ont aucun lien avec ceux commis en 1939 en Pologne, en 1940 à Rotterdam, à Londres etc.. ? La même stratégie fasciste impérialiste de conquête de l'espace vital, de terroriser, d'anéantir les « sous hommes » et le complot mondial « judéo-bolchévique-maçonnique ».

Ce livre expose dans le détail cette descente aux enfers du génocide de ceux, sans distinction d'âge de sexe, de religion qui étaient considérés par Franco et ses partisans, dont l'Église catholique comme des sous hommes par nature, qu'ils aient été ou non des défenseurs actifs de la République, membres ou non d'un syndicat ou d'un parti hostile au fascisme.

Ce livre ne traite « que » cet aspect de la Guerre d'Espagne. Autrement dit, le lecteur ne trouvera pas l'exposé des opérations militaires et des enjeux internationaux, en dépit du fait qu'ils sont omni présents. Les brigades internationales sont par exemple à peine mentionnées.
C'est fort regrettable car cette guerre est « illisible » sans points de repère autour de la révolution russe, l'extermination des anarchistes par les communistes (Makhno, Cronstadt..), du stalinisme, des intentions belliqueuses de l'Allemagne nazie, etc.

En revanche, ce qui remarquablement développé dans cet ouvrage est la période antérieure au coup d'État de Franco, développement permettant de bien comprendre que, nonobstant le contexte de guerre mondiale, l'Espagne était gangrenée par des affrontements idéologiques d'une violence inouïe. Dans un pays à l'industrie encore embryonnaire, l'économie était encore très majoritairement agricole avec des relations sociales médiévales, une pauvreté qui acculait la masse de pauvres à un statut proche du servage. Ces pauvres gens demandaient juste un peu de dignité, du travail, ne pas être réduits à cueillir des glands et des olives pour survivre.
Dans ce contexte misérable, en 1934 la droite avait gagné les élections et une période de quasi guerre civile avait ensanglanté le pays, en particulier dans les Asturies où la répression par l'armée africaine dirigée avec barbarie par Franco anticipait de deux ans le calvaire de ceux qui ne prêtaient pas allégeance à la droite ultra.
Ces affrontements féroces entre 1934 et 1936 exacerbèrent à l'extrême les passions, les haines les désirs de revanche.

Par conséquent, à l'issue de la victoire électorale du Front Populaire en février 1936, il y avait un climat mortifère, les cavaliers de l'apocalypse déjà en selle… chaque camp s'apprêtait à en découdre ; les militaires préparaient leur coup d'état ouvertement et le gouvernement ne prit aucune mesure de précaution.

Il y a eu bien sur des massacres des deux côtés, en particulier dans le camp républicain, l'exécution en nombre de prisonniers « stratégiques » détenus à Madrid, évacués dans un transport sans retour alors que les forces franquistes se rapprochaient de la capitale, mais l'auteur argumente sans que cela puisse être vraiment contesté en l'état des connaissances et études faites à ce jour, que dans le camp républicain ce n'était pas un but de guerre mais plus le résultat de la désagrégation de l'Etat du fait précisément du coup d'Etat. Par ailleurs le bilan macabre est sans commune mesure entre les deux camps.

Et dans le camp républicain, il y eu aussi, la guerre dans la guerre, les exécutions, la torture par les communistes espagnols et du Komintern stalinien des anarcho-syndicalistes, de la gauche non communiste mais là aussi, pour effroyable que fut cet aspect il n'atteignit pas la dimension industrielle de la terreur franquiste.

On regrettera enfin que l'auteur qui a eu manifestement accès aux études les plus récentes n'ait pas consacré un chapitre à l'état du débat sur le sujet dans l'Espagne d'aujourd'hui, par exemple sur le travail de recherche d'identification des victimes.

Un livre remarquable à lire mais à mon avis pour les lecteurs ayant une grosse appétence pour les « pavés » historiques et ayant déjà de solides points de repère sur ces années noires.
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Je connais très peu de choses sur la Guerre d'Espagne, sur cette période de la montée du Franquisme. Or c'est un pays voisin, en Europe. On apprend à l'école les civilisations anciennes, et c'est très bien, évidemment, les pays lointains des autres continents… mais au plus près de chez nous, pratiquement rien. Que ce soit par exemple, la Belgique, l'Italie, le Portugal ou l'Espagne, presque rien.
J'avais depuis un moment cette envie d'en savoir plus sur ces « événements » en Espagne. Alors quand Babélio m'a proposé ce livre de Paul Preston, j'ai sauté sur l'occasion comme on dit. Merci beaucoup aux éditions Belin et à Babélio pour cet envoi instructif.
Par contre, quelle n'a pas été ma surprise en recevant ce « pavé », cette somme de connaissances… 890 pages tout de même !
Ce n'était pas, loin s'en faut, l'ouvrage de « vulgarisation » que j'attendais, mais bien un ouvrage très détaillé d'historien pour des spécialistes. J'ai eu un peu de difficultés à m'immerger dans cet ouvrage, je l'avoue. Je n'avais pas de références pour suivre facilement ces écrits qui expliquent très en détail, région par région, village par village, cette Histoire terrible. Et elle est vraiment terrible. Encore plus, beaucoup plus que je ne l'imaginais. La violence, la brutalité, la haine, mais aussi la bêtise, l'obscurantisme s'écrivent sans fin au fil des pages… La lecture des listes des morts (femmes, enfants, vieillards compris), des viols, des tortures, des atrocités est souvent insoutenable même si Paul Preston est sobre, n'en rajoute pas dans les descriptions. Pas besoin, les faits sont là, glaçants. le titre est très bien choisi, c'est une vraie guerre d'extermination totale, pensée, planifiée, mise en place et réalisée sans aucune humanité, froidement. Une guerre sale, très sale, raciste, fratricide. Les communistes, les Juifs, les Francs-Maçons, les Républicains, les syndicalistes, les socialistes… sont les ennemis de la Nation. Ils sont considérés comme des étrangers et cela justifie l'injustifiable. On peut être impitoyable comme envers les Maures au Maroc. On voit également évidemment les liens des Franquistes avec l'Allemagne nazie. Les relations très troubles avec la France, puis la France occupée, puis la France de Vichy.
Cette lecture n'a pas été simple pour moi, mais elle m'a beaucoup appris, m'a ouvert les yeux sur une réalité abominable dont je ne soupçonnais pas l'ampleur. Et je trouve qu'il est bon, toujours, de savoir, d'apprendre et de découvrir. Je ne sais pas comment cette nation a pu se relever après un passé aussi noir et sanglant. Quand on pense que ce criminel bestial, Franco, est resté au pouvoir jusqu'en 1973, peu avant sa mort sans qu'il ne soit jamais arrêté, condamné pour ses crimes contre l'humanité. C'est juste incompréhensible, hallucinant, inadmissible… surtout en Europe, si près de chez nous.
Gros travail impressionnant de Paul Preston pour cet ouvrage très détaillé, parfois trop, destiné à des spécialistes et historiens.

Lien : https://mapassionleslivres.w..
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Je laisse la parole à mon mari car c'est lui qui l'a lu.

C'est le titre tout d'abord qui m'a interpellé, « guerre d'extermination ». Je pensais cette expression réservée au système nazi. Mais cet ouvrage volumineux (730 pages), fruit d'un remarquable travail de documentation, démontre de façon magistrale le bien fondé de son titre. D'ailleurs les dates, de 1936 à 1945, vont au-delà de la guerre civile proprement dite puisque celle ci s'est achevée par la victoire des rebelles franquistes en Février 1939.

Les enjeux sont clairement exposés : conflit entre les riches propriétaires terriens et les « journaliers » agricoles pour la possession et l'exploitation de la terre.

Conflit également entre l'Eglise et une partie de l'Armée et la République à propos de l'éducation et de la religion et enfin conflit classique entre la droite et la gauche.

Les militaires insurgés qui se sont rangés sous l'autorité de Franco vont appliquer une politique délibérée d'extermination telle qu'ils l'ont pratiquée au Maroc, d'où leur surnom « d'africanistes ».
Il s'agit pour eux non seulement de défendre la chrétienté mais également de rendre leurs terres aux « latifundistes »et surtout d'exterminer les artisans de ce qu'ils considèrent comme un vaste complot dirigé depuis l'URSS : les juifs, les francs-maçons et les bolcheviks. Ce complot ayant pour but de détruire la civilisation espagnole..

Preston, à la suite d'autres auteurs britanniques, nous livre donc une fresque particulièrement bien documentée et jette une lumière crue sur ce déchaînement de violences et insiste avec juste raison sur le déséquilibre des forces en présence.

.Du coté des putschistes, des troupes disciplinées, bien équipées et soutenues par les forces de l ‘Axe et de l'autre un peuple courageux et déterminé mais abandonné par les démocraties occidentales.

Un bémol tout de même : j'ai pour ma part regretté l'aspect un peu répétitif et fastidieux des scènes de répression.

Merci à Babelio et aux éditions Belin pour ce livre;

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Il faut une certaine détermination pour parcourir les 850 pages de cet ouvrage avec quelque attention; le sujet est en effet d'une indéniable âpreté et la longue énumération des actes de cette terrifiante barbarie à l'oeuvre est un peu dure à digérer. J'ai donc pris mon temps pour cette lecture, l'entrecoupant d'autres lectures plus agréables et plus facilement digestibles par la grâce desquelles j'ai pu parvenir à sa fin.
L'honorable Paul Preston, docteur en histoire à l'université d'Oxford, s'est fixé la tâche méritoire de présenter le panorama le plus complet possible des innombrables exactions consécutives au coup d'état militaire perpétré par les phalangistes en 1936 qui aboutit à la dictature franquiste laquelle, rappelons-le, se maintiendra jusqu'en 1975.
Le titre présente en lui-même une certaine ambiguïté. Peut-on parler de « guerre d'extermination » quand il apparait, dans ce livre même, que l'extermination est la visée préalable d'un seul des camps concernés. L'extermination est le fait des logiques totalitaires. Ici le camp fasciste soutenu par la grande majorité du clergé catholique, les grands propriétaires terriens, la grande bourgeoisie ainsi que par l'armée qui est pour l'essentiel une armée coloniale qui s'est déjà illustrée par de nombreux massacres de masse au Maroc. Dès les débuts de la République en 1931, il apparait clairement que tous ces gens-là ne comptent nullement renoncer à aucun de leurs privilèges et sont prêts à tout pour saboter les processus démocratiques. Pour eux le peuple est fait pour servir, obéir, et ne doit disposer d'aucun droit. C'est sur cette base idéologique prétendant s'appuyer sur le catholicisme et se considérant donc comme sacré, et sur le fantasme récurrent d'une « pureté » nationale, que cette oligarchie va développer sa logique d'extermination de tout ce qui s'oppose à elle et à ses prétentions. Pour justifier cette politique d'annihilation, la junte va s'inventer une théorie du complot : complot « judéo-maçonnique-bolchevique » (contubernio) comme il se doit. La presse d'extrême droite lui en fournissant la matière en diffusant massivement des traductions espagnoles de l'absurde « Protocoles des Sages de Sion » dont tout le monde sait qu'il s'agit d'un faux qui fut fabriqué par l'Okhrana (la police secrète de l'Empire russe) en 1901. L'ouvrage inspira également le Mein Kampf de Hitler, la paranoïa se préoccupant peu de vérité.
L'extermination ne peut naître que d'un projet concerté qui cherche à se justifier idéologiquement dans son intention génocidaire : l'ennemi est conçu comme un bloc nuisible à l'intérieur duquel toute réalité individuelle est niée. On ne combat plus, on extermine des êtres à qui l'on refuse toute humanité et que l'on veut faire disparaître. Cela est le fait totalitaire et ne peut en aucun cas être mis sur le même plan que les exactions de petits groupes inorganisés cherchant le pillage ou la vengeance du coté républicain.
La seule autre volonté d'extermination dans cette guerre d'Espagne, en dehors de celle du camp fasciste, est celle que manifesta le parti dit communiste, sous contrôle stalinien, contre le mouvement révolutionnaire représenté principalement par les anarchistes et par le P.O.U.M (auquel appartiendra George Orwell), à partir de 1937. On ne sera pas surpris de rencontrer là une autre visée totalitaire mais l'on s'étonnera, par contre, du peu d'importance qui lui est donnée dans ce livre. Je conseille en passant, outre l'incontournable « Hommage à la Catalogne » du même Orwell, la référence historique indispensable que constitue «La Guerre d'Espagne, révolution et contre-révolution » de Burnett Bolloten.
On sera aussi un peu interloqué à la lecture de ce livre par le total désintérêt de l'honorable Paul Preston pour le fait révolutionnaire, pourtant si important pour la compréhension de cette guerre d'Espagne. Il est vrai que l'esprit révolutionnaire se pose toujours, lui, dans un Commun, une vision d'une société où chacun aurait sa place et sa chance ; c'est pourquoi toute idée d'extermination systématique lui est étrangère.
Pourtant, on sent bien que notre brillant universitaire éprouve peu de sympathie pour cette cause et ses partisans. Ainsi, on trouve au sujet de Barcelone cette formulation : « Les quartiers ouvriers et les banlieues industrielles sont aux mains des masses anarchistes » (p.561). Pourquoi ne pas dire plutôt que la grande majorité des ouvriers, du prolétariat, était anarchiste, tout simplement. Ces mêmes anarchistes qui fourniront, avec le P.O.U.M, une grande part de l'effort de guerre et se feront tuer par dizaine de milliers pour défendre une république qui leur en fut très peu reconnaissante durant toute son existence.

Ce que révèle ce livre et qui reste à ce jour encore peu connu, c'est que la destruction de toute forme d'opposition se prolongea bien après la fin de la guerre contre des civils désarmés. Exécutions sommaires, tortures, viols et pillages se prolongèrent avec une grande intensité jusqu'en 1945, c'est-à-dire jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale « Dans de nombreux cas, les arrestations et assassinats sont recommandés par le curé de la paroisse. » (p.625)
La dictature franquiste ayant perdu ses alliances étrangères avec la défaite des nazis, la fin de la dictature mussolinienne en Italie et celle du régime de Vichy en France (régime qui livra de nombreux opposants à l'Espagne tout en sachant qu'il les condamnait ainsi à une mort certaine), dut adopter un profil plus discret ; même si « La persécution systématique continuera dans presque tous les aspects du quotidien jusque dans les années 1950. » (p.702)

Si certains s'étonnent de l'extraordinaire tolérance dont bénéficia le boucher Franco et son régime d'assassins par les puissances dites démocratique dans cet après guerre, l'explication est à trouver probablement ici : « La rhétorique de Franco sur la nécessité pour les vaincus d'une rédemption par le sacrifice, offre un lien clair entre la répression et l'accumulation de capital qui rendra possible le boom économique des années 1960. La destruction des syndicats et la répression de la classe ouvrière entraînent des salaires de misère. Cela permet aux banques, à l'industrie et aux propriétaires terriens d'enregistrer de spectaculaires hausses de leurs profits. » (p.703)

L'auteur aborde pour finir le problème du déni historique qui fut inculqué à l'Espagne pendant plusieurs décennies par la dictature franquiste. Pendant toutes ces années, l'enseignement devint pure propagande mensongère, falsification systématique des faits. le régime fabriqua de toute pièce un récit historique attribuant aux vaincus ses propres crimes et sa barbarie extrême. C'est pourquoi il reste si difficile d'aborder le souvenir de cette guerre en Espagne où le refoulé et le sentiment de culpabilité concernant toute cette période reste extrêmement fort. La tentative de l'oubli est pourtant grandement illusoire puisqu'elle ne peut se réaliser que par l'amputation d'une part notable de sa propre réalité, condamnée alors à rester bancale et inaccomplie.

Un ouvrage d'un indéniable intérêt documentaire qu'il faudra toutefois compléter par d'autres lectures pour se saisir pleinement de ce moment d'histoire essentiel.

(Un détail encore, on trouve dès la page 18 une phrase d'un parfait non-sens, fruit probablement d'une traduction et d'une relecture hâtive, qu'il serait préférable de corriger en cas de réédition : « Il est peu probable qu'ils soient responsables d'au moins 150000 morts, et ils pourraient en avoir causé davantage. »)
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