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Vanesa Del Rey (Illustrateur)Zoe Thorogood (Illustrateur)Roger Langridge (Illustrateur)Patrick Horvath (Illustrateur)Gabriel Hernández Walta (Illustrateur)
EAN : 9781534319141
176 pages
Image Comics (05/10/2021)
5/5   1 notes
Résumé :
ICE CREAM MAN writer W. MAXWELL PRINCE brings his signature style of one-shot storytelling to the world of clowns―and he’s invited SOME OF COMIC’S BEST ARTISTS to join him for the ride.

HAHA is a genre-jumping, throat-lumping look at the sad, scary, hilarious life of those who get paid to play the fool―but these ain’t your typical jokers.

With chapters drawn by VANESA DEL REY (REDLANDS), GABRIEL WALTA (VISION), ROGER LANGRID... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il n'y a pas de quoi rire.
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Ce tome constitue une anthologie avec un fil directeur très discret. Il regroupe les 6 épisodes initialement parus en 2021, tous écrits par W. Maxwell Prince. L'épisode 1 a été dessiné et encré par Vanesa del Rey, le 2 par Zoe Thorogood, le 3 par Roger Langridge, le 4 par Patrick Horvath, le 5 par Gabriel Hernández Walta, et le 6 par Martín Morazzo. La mise en couleur a été réalisée par Chris O'Halloran pour les épisodes 1, 2 et 6, par Langridge pour le 3, Horvath pour le 4, et par Walta pour le 5. Chaque artiste a réalisé la couverture de son épisode. le recueil comprend également les couvertures alternatives réalisées par Nimit Malavia, Martin Simmonds, Paul Rentler, Mike Shea, Sam Wolfe Connelly, Martín Morazzo, Brian Level.

Bartelby rejette la prémisse. Dans une banlieue dortoir, Bartelby arrive dans le salon avec son costume de clown, car il part travailler ensuite. Son épouse Brenda le regarde avec un air navré, estimant qu'il n'a pas à être grimé avant d'être au boulot, pendant que les deux enfants continuent de jouer à un jeu de société. Il se rend au parc d'attraction Funville et passe voir Donny, le patron. Celui-ci lui indique que la fermeture du parc est inéluctable e très proche et il lui remet son dernier chèque, qu'il lui conseille de planquer dans sa chaussette. Il sort et va d'ambuler une dernière fois dans les allées du parc entre les stands et est interpellé par Phil, un autre clown.

Une anthologie de 6 histoires de clown triste, toutes écrites par le même scénariste avec un artiste différent à chaque fois. C'est parti. Ça commence mal pour Bartelby et ça continue mal : il a vraiment toutes les raisons du monde d'être triste. Il se fait vider son portefeuille par son collègue de travail. Il se fait braquer à la banque quand il va déposer son dernier chèque. Les dessins sont dans un registre descriptif et réaliste, avec des traits griffés pour les contours. Cela apporte parfois une sensation d'imprécision comme si le regard n'a pas eu le temps de tout bien regarder. Ça ajoute également à l'âpreté des environnements représentés, et à la dureté ou au fatalisme des personnages. S'il connaît déjà cette artiste, le lecteur la retrouve avec plaisir pour son sens du dosage entre ce qu'elle représente, et ce qu'elle évoque par des traits moins précis. Il apprécie également la variété de ses découpages de planches, en fonction de la nature de la séquence : nombre variable de cases par page, case de la largeur de la page, ou de la hauteur de la page. Il reste sous le coup de ces deux pages en vis-à-vis dans lesquelles il suit la balle traverser le crâne et le cerveau du clown. le scénariste conte une farce macabre, avec un dénouement qui met en scène toute la différence en subir et accepter, entre se lamenter sur le sort du monde et apprécier ce que l'on a.

Rudolph en fugue vers Funville. Dans un bar de bord de route, une femme au nom de scène de Fiona est en train de se produire sur la scène pour un spectacle burlesque : elle est en collant et bustier, et elle montre ses ongles d'un mètre de long. Elle finit son numéro et retourne dans les loges où Rudy est en train de se préparer avec un visage très fermé, avant son numéro sous le nom de scène de Rudolph. Elle repense à son enfance, en particulier à une nuit. Son père était en bas dans le salon avec un ami en train de discuter de sa mère, de sa maladie mentale, du fait qu'elle avait arrêté ses médicaments et qu'elle se promenait habillée en clown. le soir, Rudy a fait son petit sac à dos, et sort de sa chambre en descendant par les draps qu'elle a noués pour faire un cordage. Elle rejoint sa mère à quelques maisons de là. À la demande de sa mère, elle met son nez rouge, et elles partent en voiture pour rallier Funville.

Le ton de la narration graphique change, avec des dessins aux contours plus fins et très propres. Les environnements en deviennent plus précis, tout en restant détaillés. Il est difficile de résister au regard d'enfant de Rudy avec sa franchise et ses émotions sans filtre. C'est encore plus manifeste en les comparant aux expressions de visage de sa mère, plus complexes, plus marquées par les difficultés de la vie, et une forme chronique d'exaltation due à son affliction psychologique. Rien qu'en regardant les cases, le lecteur les voit avaler des kilomètres, perçoit les sacrifices que la mère doit faire pour pouvoir continuer à progresser vers sa destination, constate que sa fille ressent sa détresse et sa souffrance. Ainsi donc, elles veulent rallier Funville, le parc d'attractions foraines où travaillait Bartelby dans la première histoire. Là aussi, l'histoire se focalise sur un clown triste, en butte aux épreuves d'une vie qui ne lui est pas favorable, la mère payant de sa personne. Cependant la nature du récit n'est pas la même que pour le premier. Il s'agit d'une femme clown, mais surtout de sa relation avec sa fille, et également de la manière dont cette dernière perçoit les événements, de l'empreinte qu'ils laissent durablement sur elle, une belle histoire psychologique.

Remi dit… Remi est un mime de rue dans la plus pure tradition : visage grimé en blanc, béret rouge sur la tête, sweatshirt moulant blanc horizontalement rayé de rouge, collant noir tout aussi moulant. Il est en train de faire un de ses numéros devant les passants qui se sont arrêtés. Une fois terminé, il prend son béret et le tend pour récupérer quelques pièces : tous les passant lui tournent le dos et s'en vont sans rien donner. Il ne lui reste plus qu'à rentrer chez lui. Dans le couloir, il ne parvient pas à éviter le propriétaire qui lui réclame le loyer : Remi ne peut que montrer ses pochez vides. Il allume la télévision : un présentateur en costume cravate annonce que les riches continuent de s'enrichir. Remi coupe le son et regarde les images.

Pour une histoire de mime, les auteurs la racontent sans paroles, ni pensées, ni mots, à l'exception de quelques-uns sur un écran de télévision. Les dessins de Langidge sont tout aussi descriptifs et précis que ceux de Zoe Thorogood, avec plus de rondeur, plus de sourire, avec une apparence plus enfantine. C'est un donc un épisode qui se lit très rapidement, avec un autre clown qui refuse lui aussi de se plier à ce que lui dicte la société, aux décisions qui semblent s'imposer à lui. le récit est à nouveau tragique d'une certaine manière, et plein d'espoir de l'autre. L'empathie fonctionne d'autant mieux que le lecteur sent bien que la qualité de la narration de cette histoire sans parole l'incite tout naturellement à formuler dans son esprit les motivations et les pensées de Remi, sur la base de ses états d'esprit manifestes sur son visage si expressif.

Gustav dans le monde des objets flottants. Un clown doué de sagesse a dit que tout flotte. Et c'est vrai, pour chaque chose que vous pouvez imaginer, pour tout. Un ballon gonflable rouge flotte dans les airs. Gustav, un clown, éprouve la sensation de flotter dans une sorte de néant rougeoyant, avec de nombreux objets hétéroclites, aux aussi flottants, et même un chien et un chat. Dans son jardin, après la fin de la réception d'anniversaire de son fils Chris, la mère se plaint de l'absence du clown pour lequel elle avait payé deux cents dollars. Son fils d'une dizaine d'années évoque le ballon rouge qui est devenu de plus en plus petit jusqu'à disparaître.

Les traits de contour redeviennent plus fin, et un peu plus lâches que ceux pour Rudolph, apportant une sensation de monde pouvant être fragile. L'artiste se montre précis et méticuleux pour les scènes de la vie normale, plus onirique pour celles avec Gustav dans le monde flottant, le contraste fonctionnant à plein. le lecteur est touché par ce jeune garçon qui après sa fête d'anniversaire doit se rendre chez son grand père, n'ayant pas très envie de devoir manger le gâteau un peu écoeurant qu'il aura acheté, ni de devoir écouter sa conversation un peu décousue. le scénariste surprend à nouveau son lecteur avec une histoire très différente des précédentes, un hommage très touchant au film d'animation Up (2009, Là-haut), et un clown bien parti.

Pound Foolish mijote un plat. Pound Foolish, une vieille clown à la retraite, fait ses courses à la supérette, en râlant sur le fait que les légumes soient prédécoupés, et sur le prix, un vol digne d'un bandit de grand chemin. Puis elle rentre chez elle pour préparer un bon petit plat à base de légumes dont du chou-fleur. Dans le même temps, un petit club de quatre enfants décident que le temps est venu de mériter leu nom et d'aller voler quelque chose dans des endroits bizarres. Billy doit aller dérober un objet dans la maison de la vieille clown.

L'histoire est plus classique, avec cette vieille femme désagréable et ronchon, ce petit garçon apeuré par cette adulte inquiétante, et cette épreuve de devoir manger du chou-fleur. Les dessins sont extraordinaires, transcrivant parfaitement cette petite ville, la maison pleine de souvenirs de Pound Foolish, son apparence bizarre, et en même temps elle se comporte réellement comme une femme de son âge.

Happy Hank, le clown vraiment très heureux. Hank le joyeux clown se fait sauter le caisson en se tirant une balle dans la tempe droite. Il s'écroule en tombant en arrière. Toute cette journée a été abominable. Ça a commencé avec son patron qui lui apprend qu'il a filé l'animation de l'anniversaire de Chris à Gustav, un autre clown. Puis il lui a conseillé de prendre des antidépresseurs comme tout le monde. Dans les vestiaires, un autre clown lui a conseillé de prendre un boulot à côté, comme de ramasser du cuivre à la décharge. Un autre lui a donné un revolver chargé au cas où.

Pour cette dernière histoire, le lecteur retrouve le tandem de créateurs de l'excellente série Ice Cream Man . Et d'ailleurs le pauvre Hank fait une embardée dans la forêt au beau milieu de la nuit du fait de la présence d'une camionnette de vendeur de glace en travers de la route. La vie réserve bien des épreuves au pauvre clown au point qu'il a l'impression d'avoir un perroquet dans le ventre. Les dessins au trait de contour très fin introduisent une forme d'étrangeté inquiétante et le scénario propose une intrigue encore différente des précédentes.

À nouveau, W. Maxwell prouve qu'il est un véritable auteur, maîtrisant à la perfection l'art de la nouvelle, celui moins commun de l'anthologie thématique, et celui du choix de ses collaborateurs. Évidemment s'il souffre de coulrophobie, le lecteur éprouvera des difficultés à prendre fait et cause pour les personnages principaux. Il risque toutefois d'être encore plus terrifié par les épreuves qu'ils traversent et les souffrances qu'ils endurent. le scénariste ne se repose pas sur la dynamique basique de l'opposition entre devoir faire rire et la souffrance de l'existence chez le clown. D'ailleurs, l'histoire n'en met que deux en scène en train de faire leur numéro : Rudy et Remi. le lecteur n'éprouve aucune difficulté à se projeter dans chacun de ces 6 individus. Il finit par s'identifier à eux : les épreuves de la vie, l'obligation de devoir faire bonne figure, jusqu'au moment où ce n'est peut-être plus possible.
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