La pilule contraceptive n’est pas encore accessible. Il est toujours de coutume de souhaiter la virginité de la fiancée jusqu'à la nuit de noces. La pornographie, l’érotisme, la liberté sexuelle sont fortement proscrits par l'Église… et les églises sont encore pleines. Cela amène à beaucoup de frustrations, mais aussi au développement du vice. Les enfants sont des proies faciles pour la réalisation des fantasmes. Ils ne sont pas seulement victimes de pédophiles, mais aussi de pervers et de frustrés.
On ne parle pas de sexualité dans la plupart des ménages. Tout ce qui y touche met mal à l’aise et gêne. L’enfant ressent les interdits et ne sait pas les exprimer. L’adulte n’ose pas en parler. Les parents, eux-mêmes en difficulté d’expression, sont incapables d’aider leur enfant à se confier.
À l’école, il y a une grande fille qui a des crises d’épilepsie, c’est encore beaucoup plus impressionnant que les crises de ma tante : elle tombe à terre, les yeux révulsés, la bouche baveuse, le corps tremblant et le visage crispé dans une pâleur cadavérique. Cela me terrorise, je n’ai pas envie d’aller à l’école à cause d’elle, mais je sais bien que j’y suis obligée.
J’aime beaucoup chanter, quand ce n’est pas en latin. L’église est remplie, les trois prêtres surveillent les paroissiens : il ne s’agit pas de bavarder, même si on ne comprend rien de ce que les gens lisent dans leur missel. Il faut rester longtemps à genoux sur les chaises de paille, cela fait bien mal : les hommes ont de la chance d’être protégés par leur pantalon.