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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Merci à Maryna, qui m'a donné envie de relire ce roman; il avait eu le prix Renaudot en 1973. J'aime Suzanne Prou, je l'ai déjà dit, et je n'aime pas le fait qu'elle soit une auteure oubliée.

Ce livre illustre bien , à travers une écriture fine et acérée , son talent à rendre une ambiance, à analyser des comportements, à sonder les âmes...

Entrez dans cette petite ville provinciale du Midi, aux maisons ocres, aux après-midis engourdis de chaleur. Approchez-vous de la haute demeure un peu figée , que domine une terrasse. Glissez-vous derrière un arbre. Vous les voyez, ces très vieilles dames réunies, " corneilles babillardes"?

La narratrice a décidé de "les retenir, les ouvrir comme on ouvre un coffret, lire une espèce de message qui va se perdre pour jamais".

La maîtresse femme, c'est Laure Bernardini, la propriétaire des lieux. Et il y a sa dame de compagnie, Thérèse, qui semble déplacée dans cette maison bourgeoise. Quel secret les unit? La narratrice va entrelacer ce qu'elle imagine ou a appris du passé de ces deux femmes avec le présent à l'extrême bord de leur existence. J'ai beaucoup apprécié ce flou introspectif, cette proposition aux lecteurs d'interprétations multiples.

C'est le glissement soyeux de robes d'antan dans les couloirs sombres du temps, c'est une jeune et naïve Emma Bovary qui se languit et se rêve dans le luxe...C'est la réalité brute d'un mariage , les désillusions, les trahisons. C'est l'attachement à un statut, à une maison, en dépit de tout... C'est un huis-clos étouffant, un jeu cruel. C'est l'ambiguïté et la complexité d'une relation entre deux destins féminins que tout oppose. Et pourtant...

Un roman envoûtant, au charme étrange et vénéneux, oscillant entre souvenirs rêvés des personnages et présent ensablé, lent, où " volettent et se heurtent les fantômes enrubannés de leur jeunesse." À lire ou relire!

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La terrasse « longue et étroite » d'une grande bastide cossue en province, dans le Midi très certainement ( on imagine aisément une petite localité proche d'Aix-en-Provence), accueille les soirs d'été la propriétaire Laure Bernardini, une vieille dame, veuve de Paul , le fils Bernardini , Thérèse Reboul, sa dame de compagnie. Se joignent à elles d'autres femmes : les soeurs Cygnes, Madame Constantin, Mademoiselle du Fleuriel, des commères à la fois rivales et complices . Tout en partageant une infusion, soir après soir, la terrasse, sous la voûte étoilée, devient témoin de leurs conciliabules, des papotages qui sous l'apparence de propos bénins sont autant de flèches vitriolées échangées par ces "vieilles corneilles babillardes" . Et le temps passe, inexorablement, et chacune d'entre elles se rapproche, chaque jour un peu plus de la mort programmée « elles ont été, elles ne sont plus gère, demain elles ne seront plus ».
Un narrateur omniscient (la fille d'une des convives qui observe, assemble les bribes recueillies, comble les vides , « classe, imagine, reconstitue ») raconte leur passé, leur présent, le ressenti de chaque personnage, peu à peu il nous dévoile leurs ténébreux secrets . Des mamies respectables en apparence, dignes, en apparence seulement, perverses, chafouines, dangereuses ,
en réalité !
L'atmosphère de ce huis-clos est parfaitement décrit par un vocabulaire précis, sans fioriture.
Lors de son édition, j'avais commencé à lire ce roman abandonné très vite parce que je n'y trouvais aucun intérêt. le temps a passé, j'ai aimé sa compagnie !
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4ème livre de Suzanne Prou pour moi, sans doute son plus connu puisqu'elle a obtenu le prix Renaudot en 1973 pour ce roman. On retrouve une nouvelle fois une ville de province qu'elle sait si bien décrire.
Suzanne Prou nous raconte l'histoire d'une femme, on alterne entre le passé et le présent, d'un chapitre sur l'autre. La jeune fille est devenue vieille dame, c'est très psychologique. Comme à son habitude, Suzanne Prou brosse à petits traits la nature humaine, la mesquinerie, l'hypocrisie. Des petits faits, des regards qui en disent tant.
Avec cette auteure, la simplicité l'emporte, sans artifices et cela fait du bien.
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Je viens de finir ce petit roman de Suzanne Prou, et je suis sous le charme.
Je ne connaissais pas cette écrivaine, j'ignore si ses autres livres sont semblables, mais celui-ci m'a frappée par son originalité.
L'histoire semble simple, puisqu'elle retrace la vie et l'ascension sociale d'une femme, Laure Bernardini, depuis son enfance jusqu'au crépuscule de sa vie. Mais Suzanne Prou, très habilement, nous propose, pour chaque étape importante dans sa vie, plusieurs interprétations, qui changent notre regard sur Laure, son mari Paul et Thérèse, le troisième personnage de cette histoire. Aucun dialogue, ils sont retranscrits un peu comme dans un rapport.
L'auteure décrit de façon incroyablement sensuelle et détaillée, à la limite parfois de la mignardise la beauté de Laure, l'opulence de la maison Bernardini, ses meubles, ses tentures et son train de maison. En même temps, l'atmosphère est souvent lourde, pleine de non-dits et de respect des apparences. Portrait émouvant et interessant d'une femme dans la première moitié du siècle dernier, et de la société dans laquelle elle évolue.
Une très belle découverte.
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Le roman débute sur une terrasse bourgeoise où se retrouvent quelques vieilles dames. Elles papotent de tout et de rien. Les chapitres sont alternés du présent et du passé, qui reconstituent le puzzle de leur passé.
On dit que Paul, le mari de Madame Bernardini s'était retiré de bonne heure, emportant son fusil dans sa chambre pour le nettoyer.
Bon descriptif de petites vieilles charmantes, en apparence.
Belle plume.
Dans le même genre Lady l'De Romain Gary.
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Une excellente plume. Un climat assez pesant dans ce livre. Un auteur que je découvrais, un livre que j'ai beaucoup apprécié. Bon roman.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
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Une grande maison bourgeoise surplombe la place de cette petite ville.
Mme Laure Bernardini y prend le thé avec Mme Thérèse, sa dame de compagnie et des amies de longue date. Les vieilles dames se prélassent au soleil en jasant et se remémorant leur jeunesse passée.
Mme Laure et Mme Thérèse semblent être très liées, et parfois on dirait qu'elles se détestent violemment, les meilleures amies du monde ou les pires rivales prêtes à toutes les bassesses.
Qui sont-elles vraiment ? Quelle est leur histoire ?
En alternant les époques nous découvrons le lien qui les unit, depuis leur adolescence jusqu'à leurs vieux jours.
C'est le roman de leurs vies, leur famille, les drames et les guerres traversés, une histoire de trahison et de pardon, de fidélité et de rêves brisés.
Très beau roman récompensé du Renaudot en 1973.
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Je donne à ce roman francais, quatre étoiles sur l'échelle canadienne. Si "La Terrasse de Bernardini" (1972) était un roman canadien elle serait de nos jours un chef-d'oeuvre que l'on ferait lire aux étudiants du premier cycle. Malheureusement pour lui, il est un roman francais qui tombe dans l'oubli. Cependant "La Terrasse de Bernardini" est vraiment bien fait. Il mérite possiblement un meilleur sort.

Un lecteur canadien verra tout de suite ses points en commun avec Kamouraska (1970) d'Anne Hébert. Les deux romans commence avec le portrait d'une vieille dame d'une classe supérieure qui semble avoir vécu un mariage modèle. On remonte la piste chronologiques pour découvrir d'abord des problèmes dans le foyer et finalement des abominations dignes d'une conte d'Edgar Allen Poe. Comme dans la plupart des oeuvres littéraire le lecteur doit suspendre volontairement son incrédulité. Pourtant, c'est très facile dans le cas de "La Terrasse de Bernardini", car la manière dont Prou mène la progression est magistrale.

On craint la pire au début car le roman commence avec une cliché des romans du dix-neuvième siècle. La fille trop romanesque du boucher du village veut se marier avec l'héritier d'une famille riche qui possède un grand domaine. Ensuite on passe à une cliché féministe des années soixante-dix; c'est-à-dire le mariage auquel l'héroïne a rêvé n'est pas une conte de fée mais une conte d'horreur. À ce stade, le roman sort de l'univers des clichés. L'héroïne perd ses illusions mais elle ne perd pas les ambitions qui lui son permises par les règles du jeu de l'époque. Son manque de scrupules l'aide beaucoup. Plus important elle sait faire des alliances. Sa belle-mère et la maîtresse de son mari deviennent ses alliés dans sa lutte avec son mari.

"La Terrasse de Bernardini" n'a plus de public. Néanmoins, ses qualités sont grandes. C'est toujours possible que ce roman connaisse une nouvelle époque de gloire.
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