Belle découverte que ce premier roman très réussi d'
Eric Puchner qui nous emmène avec autant de causticité que de tendresse derrière le décor des "so called" rêves stéréotypés de la middle class américaine.
Le pitch : Mr Ziller plaque tout pour entrainer sa famille en Californie pour faire du gros argent sur un projet immobilier qui tournera court, le laissant avec des dettes colossales qu'il n'ose pas avouer aux siens.
Pas si stéréotypés, ces rêves en fait : derrière les murs de la clinquante maison d'une de ces résidences californiennes dont le prestige social tient pour beaucoup à la barrière qui en filtre les entrées, la famille Ziller nous donne à voir une réalité qui tord méchamment le cou aux standards supposés du bonheur familial américain.
D'abord, parce ce qu'au fond il n'y a que le père, celui qui a entrainé sa famille dans ce désastre à venir (désastre d'abord financier, je vous laisse découvrir la suite pour ne pas spolier), qui a rêvé cette vie lisse : on apprend que les autres membres de sa famille étaient très bien dans leur vie d'avant dans le Midwest.
Ensuite parce que derrière la façade socialement présentable de famille heureuse et unie, tout le monde se traine ses névroses et ses angoisses, qui au volant de sa belle voiture, qui sur sa planche de surf.
Tout cela fait déjà une bonne histoire. Ce roman a pour moi un plus, non, deux, non trois, qui le mettent au-dessus :
Déjà, la toile de fond: ça m'interpelle et m'inquiète ces "condos" sécurisés, sortes de guettos de riches qui fleurissent un peu partout dans les grandes villes aux US, Afrique du Sud, Chine... la ségrégation sociale fait inexorablement son chemin.
C'est habile de la part d'
Eric Puchner d'avoir amené une autre menace dans la vie des Ziller, autrement plus dangereuse que l'écroulement financier prévisible (plaie d'argent n'étant pas mortelle, on sent que la famille aurait pu s'en remettre) et de l'avoir positionnée sur cette barrière de la résidence, symbole de protection sociale des nantis, dont la porosité s'avèrera létale pour la cellule familiale.
Et puis il y a le soin, l'intérêt que l'auteur apporte à chacun des personnages qui les rend crédibles. La tendresse aussi.
C'est ce qui fait que ce récit tour à tour drôle, douloureux, toujours efficace, fonctionne vraiment bien.
4 étoiles!