Il est souvent compliqué de naviguer entre une oeuvre originelle et son adaptation sur un autre support. Pour moi,
le Parrain, c'est d'abord la trilogie cinématographique que j'ai vu et revu pas mal de fois, avec toujours ce même appétit et cette même déférence pour la réalisation de Francis Ford Coppola et la direction d'acteur aux petits oignons. Forcément, au moment d'ouvrir le livre de
Mario Puzo, cela influe déjà sur mon jugement à venir.
Mais en fermant le livre, je n'ai fait qu'acquérir encore un peu plus de respect pour la transposition cinématographique, quasiment littérale, réalisée par Francis Ford Coppola. Pour deux médiums si différents, réaliser un tel tour de force est inouï. Cela est du en grande partie au talent du réalisateur et de son équipe, mais également à ce fait étonnant : le livre de
Mario Puzo est en lui-même proche du langage cinématographique qu'utilisera Coppola.
Inutile ici de s'attarder sur le scénario d'une fresque, d'une saga que vous avez déjà vu et/ou lu ou que vous devriez filer lire et voir avant toute chose si ce n'est pas le cas. Pour celles et ceux qui se sont uniquement attardés sur les adaptations cinématographiques, sachez que la construction est un peu différente, que la transposition est sidérante de fidélité : je pense notamment à la scène du mariage. On s'attarde sur des personnages peu en vue dans les films : Johnny Fontane et surtout son acolyte Nino Valenti. Quelques "pions" du film on droit à quelques pages pour les présenter. Tom Hagen, pièce maîtresse du dispositif
De La Famille et bien représenté à l'écran est ici - pour mon plus grand plaisir - encore plus présent.
Dans le roman, la violence est plus sourde, plus crue, plus machiste aussi. Ce qui transpirait déjà dans les films est plus clair ici. Ce n'est ni mieux, ni moins bien. C'est simplement que la littérature est plus à même de retranscrire crument ce genre de choses que le format cinématographique.
En fin de compte, je voulais juste écrire mon ressenti sur ce double tour de force : que deux oeuvres, dont une issue d'un moule originel, soient aussi puissantes et aussi bien façonnées est une chose extrêmement rare. Réussir son coup une fois est déjà incroyable en soi, alors deux ! ... on ne se rend que difficilement compte de l'incroyable défi que cela représente, tant le livre (et le ou les films, vous l'aurez compris) sont des monuments dans leur genre. En résumé, je vous conseille vigoureusement la lecture du Parrain de
Mario Puzo. Si vous ne les avez pas encore vus, le premier film de Coppola et le deuxième sont également des "must-see", considérés comme des grands classiques du cinéma du Nouveau Hollywood. le troisième moins, mais ce serait dommage de s'arrêter en si bon chemin, non ?