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3,37

sur 215 notes
Voici sûrement le plus accessible des romans du plus inatteignable génie de la littérature contemporaine.
On pourrait tranquillement le lire comme introduction à son oeuvre.
Cela semblerait en constituer la légitime porte d'entrée, l'évidente introduction, si seulement nous restions ici dans l'ordinaire, la marche à suivre, la voie toute tracée, l'article du Reader's Digest au bon goût de guide Baedeker ( ou Michelin, pour les plus franchouillards d'entre nous ), solution de facilité, vague insulte de par sa relative médiocrité…

Non, il faudrait sûrement lire ce petit roman, chef-d'oeuvre d'art parodico-paranoïque — démontrant l'existence même du complotisme comme résultat d'un complot plus vaste encore — qu'après avoir gravi avec un certain succès quelques unes des faces plus ardues proposées par ce titan.
Ceci permettant d'en savourer cette fois-ci la concision, l'équilibre, et son autant que possible clarté au milieu de toute cette fumée…

On y appréciera son art toujours renouvelé du « naming » de ses personnages, ainsi que l'érudition la plus détendue au monde…

On pourra alors, lors d'un prochain voyage, repartir pour un programme plus copieux sans appréhension, avec cette littérature qui se nourrit de ses excès pour en faire quelque chose de plus grand ; de donner l'impression de faire parti d'un club, voire d'une société secrète, un léger sourire avec le regard vague, au loin…
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Cela pourrait être un jeu. Comment faire tenir dans un roman de 200 pages:
- le testament d'un magnat californien
- un animateur de radio
- un philatéliste expert
- un avocat ancien enfant acteur
- un psychanalyste devenu fou
- un jeune groupe pop intitulé les Paranoids
- une parodie de théâtre élisabéthain (plus précisément de Jacobean Revenge Play, Pièce de revanche de l'époque de Jacques Ier qui succéda à la reine Elisabeth)
- un EHPAD sordide
- un trafic de corps datant de la seconde guerre mondiale
- la proclamation de la République par les calvinistes à Bruxelles en 1577
- le monopole postal de de la famille de Tour et Tassis,
et j'en passe...
D'une certaine façon, c'est bien un jeu. Mais le jeu c'est sérieux. Il demande au lecteur de participer avec l'auteur, avec la certitude que l'un comme l'autre seront gagnants. Cela ne veut pas dire que la solution sera donnée. Mais dans cette traversée (Pynchon a été marin), le lecteur s'enrichira à coup sûr, s'il joue le jeu. Et l'auteur y gagnera son estime.
Au milieu de tout cela, le récit est assez linéaire. Deux trames se croisent: la désignation d'Oedipa Maas comme exécutrice testamentaire du milliardaire Pierce Inverarity (rien que les noms sont déjà des poèmes); et la recherche de sociétés secrètes contestant le monopole postal d'Etat. Les deux trames s'entrelacent.
Il y a là quelque chose de la quête sans fin que l'on trouvait déjà dans V., publié peu avant (en 1963), et aussi du beaucoup plus récent Inherent Vice (Vice caché, 2009), sur les dessous de la société californienne. Mais ici les thèmes sont moins développés, plus esquissés.
Malgré cela quel bonheur de fantaisie, d'intelligence, d'imagination, de sensibilité. Et ce style!
Une dernière précision: il faut attendre les dix dernières pages pour avoir l'explication du titre. Cela aussi fait partie du jeu.
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« Un après-midi d'été, Mrs. Oedipa Maas rentra d'une réunion Tupperware où l'hôtesse avait peut-être mis trop de kirsch dans sa fondue pour découvrir qu'elle, Oedipa, venait d'être nommée exécuteur testamentaire, ou plutôt exécutrice, se dit-elle, d'un certain Pierce Inverarity, magnat californien de l'immobilier qui avait jadis perdu entre autres et d'un coup deux millions de dollars, mais qui laissait une succession suffisamment vaste et embrouillée pour que la mission de trier tout cela n'eût rien d'honoraire. Oedipa resta plantée au milieu du living-room, sous l'oeil verdâtre et froid de la télévision, elle invoqua en vain le nom du Seigneur, et essaya de se sentir aussi soûle que possible. »

Ce sont les toutes premières lignes de ce roman. Je découvre Thomas Pynchon avec ce livre plutôt court, son second roman publié, car j'avais dans l'idée que c'était un auteur très obscur et très sérieux. Pour le côté obscur, c'est certain qu'il faut s'accrocher pour suivre Oedipa Maas dans ses pérégrinations tordues.

Ce que je ne soupçonnais pas c'est le côté déjanté, « too much » de cet auteur. Mais pas plus que Philip K. Dick par exemple. J'ai imaginé Oedipa Maas comme une sorte de Mary Quant américaine. Les années correspondent et l'anglomanie aussi : un groupe de pop anglais, The Paranoids, est souvent dans les parages et Pynchon a même imaginé les paroles de certaines de leurs chansons à la Beatles…

Ce côté mode 60, un peu vieilli, a été une surprise pour moi. J'ai aussi pensé à « La conjuration des imbéciles » et son Ignatius J. Reilly, pareillement embringué dans des aventures sans queue ni tête.

Je lirai probablement ensuite « L'arc-en-ciel de la gravité », pour me faire une idée plus complète de cet auteur, mais l'ampleur de ce roman me fait un peu peur pour l'instant. Il va donc continuer à jaunir doucement dans ma P.A.L. pléthorique !
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Mauvais trip
J'ai ce livre depuis très très longtemps dans ma bibli...
1966. Oedipa Maas rentre d'une réunion Tupperware pour découvrir qu'elle est nommée exécutrice testamentaire d'un de ses vieux amants, un magnat de l'industrie aérospatiale, Pierce Inverarity. Elle quitte son mari, Mucho, un disc-jockey dépressif, renvoie balader son psy qui veut l'intégrer dans son programme d'étude du L.S.D et part sur l'autoroute. Nous allons nous retrouver dans une enquête complètement déjantée, à la poursuite de comploteurs improbables.
Bon, ce livre n'a ni queue ni tête et il est vain d'y trouver un sens. Il y a sans doute des parodies, des pastiches, un humour américain qui m'aura échappé. Mais moi, à part comprendre que cette Californie clinquante est creuse et vaine ( vingt ans avant celle de Breat Eston Ellis ), je n'ai rien pigé d'autre et me suis redoutablement ennuyée.
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Je savais en m'attaquant à Pynchon que je m'attaquais à une forteresse. Déjà parce qu'il s'agit de trouver son avis propre quand on ne fait qu'entendre des louanges de l'auteur. Mais pour être tout à fait honnête ce n'est pas la raison principale. En réalité je ne cesse de revenir à Contre-jour et de buter contre, dans un mouvement qui ne me mène jamais plus loin que la page 40. Ce livre de mille pages prend la poussière et en attendant je ne sais toujours rien du fameux Pynchon, ce génie, en tout cas parait-il.

Me voilà donc pleine d'optimisme attaquer Vente à la criée du lot 49. Qui commence sur les chapeaux de roues puisque, une fois n'est pas coutume, le roman commence à l'endroit exact où se termine la quatrième de couverture.

Jusque là tout va bien. Sauf que rapidement je me trouve embarquée dans un récit que je ne parviens pas à suivre tant il bouleverse mes habitudes.

La narration, déjà, est atypique. Elle est convulsée, pleine de spasmes qui connaissent parfois un répit, pour nous livrer de gros morceaux soporifiques.

Le personnage principal est quant à lui indéfinissable. Quelques détails épars nous sont livrés mais à part l'envie de percer à jour le motif (opaque) de l'intrigue, cette brave Oedipa reste un mystère insoluble.

J'en viens donc au fait. Ce roman possède l'aspect (et utilise les caractéristiques) du rêve dont voici quelques éléments :

Une temporalité inexistante : l'action passe d'un lieu à un autre sans transition. Les décors se succèdent sans lien apparent et il est extrêmement difficile de retracer un parcours cohérent et structuré du personnage principal. A plusieurs reprises, au contraire, la narration se détend et s'accroche à une parcelle de temps sur laquelle toute l'attention est focalisée -avec force détails- durant de longues pages.

La variété des figures anonymes. Comme dans un rêve, les personnes semblent surgir de nulle part pour s'évanouir aussi rapidement après avoir tenu des discours des plus décousus.

L'impression de saugrenu. le rêve a cela de particulier qu'il a les dehors de la réalité tout en gardant avec elle ce léger décalage qui suffit à nous alarmer sur la nature de ce que nous croyons vivre pour de vrai. Ce roman produit la même sensation. À ceci près que je la rapprocherais plus volontiers de la sensation produite par un cauchemar. On ne comprend rien de ce qui se passe sous nos yeux, on sait que cela aura fatalement une fin (on se réveille ou l'on ferme le livre, c'est égal), mais en attendant nous sommes prisonniers d'un engrenage contre lequel nous ne pouvons rien sinon être patient.

Voilà l'effet qu'a produit sur moi Vente à la criée du lot 49 qui me semble pour ma part plus relever de l'expérience (personnelle, pour l'auteur) littéraire -comment retranscrire le rêve en mots- plutôt que du roman.
Lien : http://erutarettil.com/?p=1206
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Commentaire qui fait suite à une relecture de l'ouvrage.

un très très grand livre. On dit que c'est la porte d'entrée dans l'oeuvre de Pynchon, personnellement je ne sais pas. En effet il est peu volumineux mais il est très complexe et il y a plusieurs niveaux de lecture.
On se confronte déjà au style labyrinthique et érudit de l'auteur, on est déjà confrontés à une certaine vision de l'Amérique et de son lien avec L Histoire. Et l'on retrouve aussi cette sorte d'existentialisme avec l'individu en lutte avec ses questions sur la réalité et la vérité.
Le roman fonctionne comme Perceval de Chrétien de Troyes. On a peu ou proue la même structure et le même personnage, un personnage dépassé par l'enjeu, parfois fade, qui n'a rien d'un héros ni d'une héroïne présentement mais quelqu'un de perdu qui change juste sa situation perdue pour une autre plus désespérée.
Perceval cherche le Graal, chez Pynchon c'est la recherche de la vérité. Perceval de la même façon n'osera pas poser la question décisive à l'instant T chez le Roi Pêcheur. Ici le personnage principal se retiendra toujours de poser les bonnes questions et regrettera de le faire puisque ce ne sera plus possible après. de la même manière la quête importe plus que l'objet de la quête et la solution n'est pas dans la réponse mais dans les questions sans cesse renouvelées.

La langue est brillante, riche mais directe, il y a une vraie autorité dans la narration et l'on obéit volontiers. le récit est complexe, jamais ardu ni rebutant, il faut aimer se perdre et être guidé vers de l'inconnu toujours plus mystérieux.

Moi j'ai adoré.

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"Un après-midi d'été, Mrs Oedipa Maas rentra d'une réunion Tupperware où l'hôtesse avait peut-être mis trop de kirsch dans sa fondue pour découvrir qu'elle, Oedipa, venait d'être nommée exécuteur testamentaire, ou plutôt exécutrice, se dit-elle, d'un certain Pierce Inverarity, magnat californien de l'immobilier " et accessoirement un de ses anciens amants connu avant son mariage avec Wendell "Mucho" Maas.

Prévenue par une lettre d'un certain Metzger, elle file à San Narciso, voit arriver Metzger dans sa chambre d'hôtel, alors que la télévision diffuse un vieux film où jouait Metzger qand il était gamin. Une histoire avec le gamin, donc, son père et un chien. Dans un sous-marin. S'ensuit une partie de strip-tease Botticelli (ne me demandez pas ce que c'est).

A ce moment là, c'est déjà bien secoué-givré comme histoire...



Plus tard Oedipa assiste à une pièce élisabéthaine intitulée The courier's Tragedy (la description détaillée des actes de la pièce est un sommet de dinguerie), elle découvre qu'il existe plusieurs versions, dont une qui évoque Trystero.

"Trystero s'était opposé en Europe au système postal de Thurn and Taxis; son symbole était un cor de poste avec une sourdine; à une certaine date avant 1853, il apparaît en Amérique et lutte contre le Pony Express et la Wells Fargo, soit sous l'aspect d'outlaws en noir, ou bien déguisés en indiens; il survit en Californie, comme un moyen de communication avec les minorités sexuelles, les inventeurs qui (...), et peut être bien son mari..."

Oedipa poursuit l'enquête, trouve que tout est lié, trop peut être même... "Ou bien Trystero existait concrètement, ou bien c'était un fantasme d'Oedipa." Est-ce une machination de Pierce? de son mari? Elle qui devient parano? La réalité?

Elle espère en savoir plus lors de la mise aux enchères du fameux lot 49, lot de faux timbres avec en particulier le cor de chasse à sourdine.





Je me devais de découvrir Pynchon, mystérieux auteur qui refuse d'être connu (il existe une vieille photo floue) et a écrit peu de romans, et particulièrement ce titre dont s'est inspiré l'éditeur le cherche midi pour nommer sa collection où paraissent des auteurs parfois bien denses, c'est le moins que l'on puisse dire.





J'ignore si j'ai choisi le plus facile, en tout cas c'est le plus court, 200 pages de tourbillon burlesque et désorientant, où l'on suit sans difficulté insurmontable Oedipa dans ses pérégrinations et ses découvertes bourrées de coïncidences, ses rencontres déconcertantes. Ça part dans tous les sens, on croit tenir un bout logique, il s'évanouit, mais malgré tout on s'accroche. Comme en plus c'est souvent drôle, pourquoi pas? Tout est lié, on veut comprendre, quelle est cette mystérieuse organisation WASTE (We Await Silent tristero's Empire) ?



Ce qui est sûr, c'est que je vais me lancer dans un autre roman de l'auteur, au moins avec lui on n'est pas dans des sentiers battus bien pépères...



Un passage, pour une idée du style...



"Que restait-il à hériter? Cette Amérique qui se trouvait codée dans le testament d'Inverarity, à qui appartenait-elle? Elle pensa à des wagons de marchandises immobilisés, où les gosses assis par terre, heureux comme Baptiste, chantaient en coeur le refrain des chansons que leur mère écoutait sur son transistor; à d'autres squatters, dressant des tentes derrière les vastes réclames le long des autoroutes, ou bien endormis dans les cimetières de voitures, à l'abri dans des carcasses de vieilles Plymouth, ou même qui n'hésitaient pas à passer la nuit en haut d'un poteau télégraphique dans les tentes qu'y installent les poseurs de ligne, comme des chenilles dans leurs cocons, à se balancer dans une toile d'araignée de fils téléphoniques, au sein d'un écheveau de fils de cuivre, celui du miracle séculaire des communications, sans se soucier du voltage qui filait tout au long de ces kilomètres de métal, transportant des milliers de messages à travers la nuit. Elle se souvint de ces errants qu'elle avait écoutés, des Américains qui parlaient la langue avec beaucoup de soin, en érudits, comme des exilés venus d'un autre monde invisible mais qui aurait été le double fantomatique du pays béni où elle vivait. Et ces ombres qui sillonnent les routes, la nuit, et qui surgissent tout à coup dans la lumière des phares, mais ils ne lèvent pas les yeux, et ils sont trop loin d'une ville quelconque pour aller vraiment quelque part."


Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Franchement j'ai essayé, vraiment essayé mais je n'ai rien compris!
Je me sens presque nulle et exclue d'une communauté d'avant-gardistes qui ont su décrypter les messages puissants de Thomas Pynchon...
Comme Chuck Palahniuk, ce livre a été pour moi une série d'événements loufoques, incohérents incompréhensibles menés par une héroïne tordue au nom tordu et qui pourtant semblait accessible.
Je crois que ce n'est pas pour moi, et quel dommage! Mais vraiment je n'ai pas réussi.......
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Thomas Pynchon met le texte en abîme, parle des mots, de la métaphore de la réalité qui est peut être la seule vraie réalité. Avec le délire aussi qui guette tous ses personnages. Même (surtout) les psychiatres. Il faut accepter de décoller dans une autre dimension, s'arracher du plancher des vaches pour voler dans le nuage éthéré de la sur-réalité. C'est parfois poétique, parfois drôle. Mais il y a d'abord cette étrange soif de vie et d'amour qui nous relie tous, par-delà le néant. Un livre très positif et qui donne la pêche !
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C'est le plus court Pynchon, le plus drôle et le plus prenant. L'histoire c'est une femme qui hérite d'une collection de timbres qui révèle l'existence d'un réseau postal parallèle depuis la nuit des temps, c'est un livre paranoïaque et assez halluciné.
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