AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,6

sur 178 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Jessica a quinze ans. Provinciale, issue de la classe moyenne, enfant unique mal dans sa peau, elle a du mal à nouer des liens avec les autres. Suite à une énième humiliation, elle se réfugie dans des échanges sur Internet, et y trouve un soutien inespéré. Sa rencontre avec Dounia lui fait découvrir un autre monde et la plonge insidieusement vers le djihadisme: les messageries cryptées, la critique d'une société dont elle se sent elle-même étrangère, le sentiment de légitimer une vengeance,...
Dounia, " La lionçonne du Califat", souhaite épouser la cause au plus près en se mariant à un combattant, et en attendant, entraîne sa verve face à un groupe de "soeurs", pressées guerroyer à leur manière, dans des réunions au fast-food.
Parallèlement, nous entrons dans les arcanes de la politique française, avec Saint Maxens, président vieillissant, en fin de mandat, face à Benvento, son rival, prêt à prendre sa place, qui se lance en campagne.
Et les chemins de tous finiront par se croiser.. L'auteur nous dresse un portrait d'adolescente désabusée, isolée, victime toute choisie pour se faire retourner la tête. Les personnages des parents sont bien dessinés aussi, antagonistes dans leurs réactions quand ils découvrent que leur fille s'est convertie, et les questions que cela soulève.
J'avais découvert et adoré "Grand Frère" de Mahir Guven, sur un thème similaire, avec un style vibrant et rageur. La musicalité n'est ici pas la même, l'ambiance est plus désespérée, à l'image de ce que ressent Jessica, plus éteinte, comme la fin de carrière de Saint-Maxens, face à l'arrivisme de Benvento, très facile à identifier à un personnage politique réel. Abel Quentin décrit les errances de Jessica, petite gamine fan de Harry Potter, avide de reconnaissance, avec une parfaite sensibilité et une compréhension du mal-être des jeunes.
L'auteur est avocat, a défendu de jeunes djihadistes et parvient également aisément à nous expliquer le ressentiment de ceux qui embrassent cette cause, la montée et la fabrication de l'Islam radical.
Un premier roman percutant et intelligent, au vocabulaire précis.
Lien : https://instagram.com/danygi..
Commenter  J’apprécie          30
J'avoue que c'est un sujet assez sensible actuellement, alors ça a été assez difficile pour moi de lire un livre parlant du terrorisme.Mais....ce livre aborde plus particulièrement le sujet de l'endoctrinement. Les jeunes, mal dans leur peau, perdues, qui se laissent prendre, pensant à une vie meilleure! Jenny est à la base une adolescente de famille aisée, Parisienne. Mais ses parents, un brin réac' pour elle, sont plus préoccupés par leur travail, leur petite vie confortable....et ne prennent pas assez le temps de s'occuper d'elle. Et c'est ce qui aura causé la chute de Jenny. On suit la descente aux enfers de cette adolescente à qui la vie souriait. Une rencontre....celle de Chafia, qui rêve de devenir martyrs, qui connait les rouages de la police, qui ne craint finalement pas grand chose. Elles deviennent "soeurs", soeurs idéalistes...
Un roman qui bouscule les codes et se confronte à une actualité justement assez tendue sur le sujet. Mais le livre est réellement bien écrit, on essaye de se mettre à la place de ces jeunes filles, comprendre ce qu'elles peuvent avoir en tête. L'expérience d'avocat de l'auteur l'aura peut-être aidé pour écrire et se documenter. En tous cas, pour moi ce roman est réussi.
Commenter  J’apprécie          30
Pourquoi une ado un peu paumée se radicalise ?
Pourquoi le djihad est une réponse au mal-être de jeunes ?
Le roman est fortement documenté : recrutement en ligne, départ en Syrie, mariage djihadistes…
C'est par la crédibilité que le récit puise sa force.
Une immersion dans un monde obscur avec ses codes et son parlé.
Abel Quentin a l'art de mettre de l'humour dans ce récit alarmant.
Le roman est captivant.
Commenter  J’apprécie          20
Une jeune fille de 15 ans, fan de Harry Potter et en plein pic hormonal, souffrant de phobie scolaire, se radicalise obédience Etat Islamique. Elle se pose tout de même à raison la question canonique de savoir si les mecs qui se font exploser lors d'un attentat sont accueillis au paradis d'Allah par 70 vierges, promesse faite aux martyrs, qu'en est-il des femmes qui font la même chose ? 70 mâles vierges les attendraient-ils au Paradis ? Abel Quentin, sur ce sujet très contemporain, le nihilisme terroriste honnissant l'occident, de sa plume alerte donne toutefois un indice : chez Daech, les femmes sont surtout destinées à "la ponte en batterie". Une critique acide et bienvenue de nos sociétés matérialistes truffées d'ayant-droit insatisfaits et malheureux.
Commenter  J’apprécie          20

▶️Jenny, 15 ans, est une ado solitaire et renfrognée, qui traîne son désoeuvrement à Sucy-en-Loire, entre le pavillon de banlieue de ses parents et le lycée où elle rase les murs, ignorée de ses collègues de classe quand elle n'est pas carrément moquée et rejetée..
▶️Jenny s'isole dans sa chambre tapissée de posters d'Harry Potter ; rien ne la distrait de son mal-être, et surtout pas ses parents, aimants mais maladroits, qui ne la comprennent pas..d'ailleurs, personne ne la comprend....
▶️..alors, pour partager son désespoir, jenny cherche sur internet quelqu'un à qui parler, qui l'a comprenne, une main amie, une main tendue...
▶️..ce sera Dounia, la « Lionçionne de Califat », ado radicalisée, qui lui répond, lui dit la comprendre, pour mieux distiller sa haine de tout et de tous ... commence alors une entreprise d'endoctrinement, et Jenny devient Chafia, se sent enfin exister, trouve un exutoire à sa colère et un sens à la vacuité de sa vie ; embrigadée dans une dérive sectaire, Jenny-Chafia , téléguidée par Dounia et "les frères", se rêve en martyre, jusqu'à envisager un attentat qui vise le plus haut sommet de l'Etat..
▶️L'auteur, avocat pénaliste, a eu l'occasion de traiter des dossiers de jeunes radicalisés : il livre là, sur un sujet hautement sensible, un premier roman fouillé, complexe et percutant, dérangeant aussi, qui s'inscrit dans un contexte géopolitique actuel dramatique (conflits en Syrie, au Moyen-Orient...) - une écriture vive, âpre et nerveuse pour décrire une spirale mortifère vertigineuse - fascinant et glaçant !..
Commenter  J’apprécie          21
Comme beaucoup d'adolescentes, Jenny Marchand est mal dans sa peau. Pas d'amis, physique ingrat, caractère revêche, elle observe de loin ces adolescents populaires qui ne la remarquent même pas. Un jour d'audace folle, elle tente sa chance auprès d'un beau garçon dont elle est amoureuse. le rejet et la honte, puis le harcèlement sur les réseaux sociaux, exacerbent en elle la colère et la détresse. Perdue dans sa détresse et sa solitude, Jenny ne voit aucune issue. Mais un message change sa vie. Une inconnue lui tend la main, lui offre son amitié. Pour la première fois, Jenny a une amie, qui l'accepte, la comprend et la soutient. Alors, à corps perdu, Jenny se jette dans cette amitié empoisonnée. Quelques mois à peine suffiront à transformer l'adolescente complexée en apprentie terroriste.

Ainsi donc, comme Anaïs Llobet dans l'excellent Des hommescouleur de ciel, Abel Quentin s'empare du sujet brûlant de la radicalisation et du passage à l'acte terroriste d'adolescents en perdition. Radicalisation n'est d'ailleurs pas le bon terme, comme l'a expliqué l'auteur. Jenny ne connaît rien à l'Islam, Jenny ne comprend pas, Jenny ne réfléchit pas. Elle est abreuvée sans cesse de mots et d'images de haine, échos de sa colère et de sa souffrance. Ce n'est pas une conversion, c'est un lavage de cerveau. Cela paraît impossible et pourtant… combien de parents ont vu ainsi dériver l'enfant aimé… C'est troublant, terrifiant.

Abel Quentin nous entraîne dans l'esprit de Jenny, certaines lectrices (et lecteurs) pourront se reconnaître un peu dans cette jeune fille perdue, proie idéale pour des fous en tous genres. Car elle n'est que ça finalement, une gamine paumée, qui se croit enfin acceptée, qui fait partie d'un groupe pour la première fois de sa vie, qui a l'impression d'avoir un but alors que son avenir lui semblait vide. Une gamine paumée chez qui les versets sanglants et les images de décapitation, cohabitent avec le monde de Harry Potter

Outre le récit de la descente aux enfers de Jenny, Abel Marchand nous raconte celle de ses parents. Un couple ordinaire, classe moyenne, pavillon en banlieue. Ils assistent, impuissants, à la transformation de leur fille. Ils cherchent de l'aide mais n'en trouvent aucune. La gendarmerie ne peut rien faire, les associations non plus, pas plus que le proviseur du lycée. Ils n'ont aucune prise sur leur fille, qui à 15 ans, comme on le croit souvent à cet âge, est persuadée qu'elle sait tout et que ses parents ne savent rien.

J'ai moins adhéré en revanche aux passages plus politiques consacrés au président Saint-Maxens et à son premier ministre, candidat aux présidentielles. Je n'ai jamais éprouvé grand intérêt pour la politique, les jeux de pouvoirs m'ennuient (sauf quand il est question de rois maudits ou d'un trône de fer…), les mesquineries, manipulations, petits et grands mensonges… Saint-Maxens, vieux roublard de la politique sur le déclin, et Benevento, arriviste aux dents longues, sont des personnages très réalistes, trop peut-être.

Malgré ce léger bémol, j'ai beaucoup aimé ce roman, bien écrit et percutant. Un premier roman réussi qui a figuré dans la première sélection du Goncourt.
Lien : https://tantquilyauradeslivr..
Commenter  J’apprécie          21
Soeur de terreur.
Un roman saisissant par la tension qu'il impose, aux dernières pages particulièrement bien maîtrisées, tenant en haleine le lecteur , formant en lui une boule au ventre, cette peur insidieuse qui s'invite et s'agrippe à nous jusqu'au tout dernier mot.

Jenny, 15 ans, fan d'Harry Potter, fuit le foyer familial, souffrant d'une forme de névrose face à sa condition et un mal être permanent. Une adolescente solitaire, paumée, ne se trouvant à sa place nulle part, envieuse de ce que sont les autres, toujours sombre, n'aimant pas son corps et encore moins celui de la femme qu'elle devient.
Jenny n'est pas Hermione Granger, elle est attirée par les Forces du Mal un jour où tout bascule- un instant d'humiliation impossible à panser- tout s'enchaine- elle s'enfonce et Dounia apparait... rassurante, convaincante. Jenny est fragile. Jenny est désespérée. Jenny est déterminée à se venger- "Un jour ils pleureront des larmes de sang" lui a promis Dounia- le compte à rebours est lancé. Jenny devient Chafia la radicalisée- de Harry Potter au califat, les frontières semblent franchissables. Jenny n'est plus une adolescente, elle est une soeur, "une louve solitaire", Chafia a-Faransi. Jenny a la foi en Dounia qui elle a la foi en Allah- elle est son guide, son inspiration, sa porte de sortie... "mourir pour ne plus souffrir", pour ne plus haïr le bonheur des autres... Chafia est prête.
Jenny ou Chafia: l'ambivalence identitaire est de plus en plus forte. Devenir kamikaze, se venger sauvagement de cette société qu'elle exècre... comme une évidence?
La tension monte, le lecteur est suspendu à la pensée de cette adolescente à la dérive , à chacun de ses gestes, à chacun de ses regards et à son interminable envie d'en découdre et de mourir. Jenny a besoin de se libérer et le lecteur aussi...
Vous l'aurez compris ce texte est sombre, très sombre, mais il vaut vraiment la peine d'être lu et surtout d'être vécu.
Abel Quentin signe ainsi son premier roman, fouillant au plus profond dans la psychologie de ses personnages. C'est haletant, déstabilisant, jusqu'à la scène finale.
Commenter  J’apprécie          20
J'avance sûrement dans mes chroniques et lectures pour les 68 premières fois. La session de janvier ne saurait tarder et je vous invite à vous inscrire à cette expérience si vous ne connaissez pas les bonnes fées des 68 premières fois !
Voici une de mes dernières lectures de cette expérience : il s'agit de Soeur d'Abel Quentin qui aborde un sujet fort, celui de la radicalisation chez les jeunes filles françaises.
Voici la présentation de l'éditeur – éditions de l'Observatoire :
Adolescente revêche et introvertie, Jenny Marchand traîne son ennui entre les allées blafardes de l'hypermarché de Sucy-en-Loire, sur les trottoirs fleuris des lotissements proprets, jusqu'aux couloirs du lycée Henri-Matisse. Dans le huis-clos du pavillon familial, entre les quatre murs de sa chambre saturés de posters d'Harry Potter, la vie se consume en silence et l'horizon ressemble à une impasse.
La fielleuse Chafia, elle, se rêve martyre et s'apprête à semer le chaos dans les rues de la capitale, tandis qu'à l'Élysée, le président Saint-Maxens vit ses dernières semaines au pouvoir, figure honnie d'un système politique épuisé.
Lorsque la haine de soi nourrit la haine des autres, les plus chétives existences peuvent déchaîner une violence insoupçonnée.

Le sujet choisi par l'auteur n'est pas aisé. La radicalisation est en effet un sujet d'actualité et si on sent le travail documenté de l'auteur, il n'en reste pas moins que Soeur est un roman. Certes réaliste mais un roman dont l'implicite est de délivrer un message à ses lecteurs. Et je pense qu'Abel Quentin réussit cet exercice de style. En nous expliquant le mécanisme de la radicalisation d'une adolescente que rien ne devrait mener sur le chemin du terrorisme, il rappelle à chacun que personne n'est à l'abri de cette infernale machine de haine et que les responsabilités sont bien souvent partagées.
Tableau glaçant de l'endoctrinement, ce roman est prenant. Malgré tout ce que l'on en a pu entendre sur le sujet, tous les reportages et émissions sur la radicalisation, j'ai lu ce livre avec intérêt car il porte un nouveau regard ou plutôt des regards multiples sur ce phénomène social.
En croisant les regards, ceux de Jenny, de ses parents et des hommes politiques, il analyse les mécanismes, le rôle que chacun joue à son niveau et comment tout se met en place pour aboutir à la haine, la violence et la terreur.
En résumé : un roman percutant et d'actualité.
Commenter  J’apprécie          20
Un premier roman proche de notre actualité, celle des risques de terrorisme, et en particulier, des jeunes gens qui prêtent allégeance à l'Etat Islamique et sont prêts à partir combattre en Syrie ou à effectuer des actes sur le territoire français contre les impurs. Jenny, est une adulescente "normale", un peu isolée, solitaire, avec un sentiment de rejet face aux autres ou qui n'arrive pas à trouver sa place, à se faire des amis. Elle a une scolarité un peu laborieuse, elle vivrait bien des aventures dignes du monde de Harry Potter. Alors, un jour, elle va rencontrer sur Internet Dounia, qui va l'entraîner, comme une soeur, dans la religion musulmane et elle va passer à l'acte. Pas facile de romancer un tel sujet, mais l'auteur arrive à nous toucher dans le portrait de cette jeune fille ordinaire, dans l'engrenage où elle va s'enfoncer, dans les relations qu'elle a avec les autres (un touchant portrait du père et de la mère qui vont essayer de comprendre, même s'ils sont vite perdus et ont l'impression d'être très seuls face à ces faits.. Plusieurs textes tentent de romancer et nous interpellent sur ces faits.
Sélection 68premiéresfois 2019.2
Commenter  J’apprécie          10
D'un sujet compliqué, Abel Quentin parvient à tirer un livre limpide dont on aimerait seulement qu'il soit lu par le plus grand nombre.
Commenter  J’apprécie          10



Autres livres de Abel Quentin (1) Voir plus

Lecteurs (391) Voir plus




{* *}