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3,67

sur 241 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un roman surprenant car l'on commence dans une ambiance de japon médiéval pour évoluer finalement dans un space opéra, avec une technologie très évoluée. J'ai adoré l'ambiance du début : cette jeune Kaori qui grandit auprès de sa grand mère dans un endroit reculé des monts d'automne et qui rêve à un destin glorieux. Puis sa vie à Kulunsk , alors qu'elle découvre la vie en ville et détient ce mystérieux rouleaux hérité de sa grand mère, un écrit , ce qui est totalement interdit dans ce monde où tout passe par l'oral, le Dit.
Ensuite, alors qu'elle rejoint la ville principale, les évènements se précipitent pour elle et la voilà protégée, bringuebalée et une nouvelle aventure commence dans l'espace. Elle apprend en même temps que nous , découvre, grandit, passe des caps , tout en poésie et flirts.
Clairement c'est un roman de SF immersif, surprenant (encore une fois ^^), bien construit, dont la lecture est fluide . Il ne laisse pas indifférent, c'est clair ! Quelques petites longueurs au milieu du roman mais qui seront balayées par des révélations . Une belle découverte.
Challenge Mauvais genres 2020
Challenge auteure SFFF
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C'est grâce aux conseils avisés de mon libraire que je me suis lancée dans la lecture de ce livre, encore merci à lui ! Il faut dire que c'est un spécialiste de la littérature de l'imaginaire et qu'il connait bien mes gouts….
Rien que le titre de ce livre fait rêver : Quitter les Monts d'Automne…Avouez qu'il stimule l'imagination et la jolie illustration de couverture en rajoute une couche, il faut le dire…

Pour commencer, je ne peux que saluer le talent d'Emile Querbalec : son écriture est d'une limpidité et d'une poésie… On se laisse vraiment transporter par son récit qui nous fait suivre les aventures de la jeune Kaori. Et il est vrai que Kaori va nous emmener loin, très loin des Monts d'Automne qui ont été son seul horizon pendant son enfance et sa jeunesse.

Cette jeune orpheline, est élevée par sa grand-mère dans un monde rural sur la planète Tasai. Si elle descend d'une lignée de célèbres conteuses, ( les écrits sont interdits dans cette culture ), elle n'est cependant pas dotée du même talent…. A la mort de sa grand-mère, la jeune fille va quitter son petit monde et se lancer dans un voyage qui va l'emmener bien plus loin que prévu….
Si l'histoire débute dans une sorte de Japon médiéval, on va par la suite réaliser que nous sommes bien dans un roman de science-fiction et partir dans l'espace avec Kaori…
La place qu'occupe l'écriture dans cette histoire est originale et est aussi le fil conducteur de ce livre….
Le seul petit bémol, pour ma part, c'est qu'autant j'ai lu avec beaucoup d'enthousiasme les deux premiers tiers du livre, autant la dernière partie souffre selon mes critères très personnels de quelques longueurs, j'avais envie que les choses bougent un peu plus vite…Mais en même temps, au vu du contexte et de la durée des voyages dans l'espace, cela peut se comprendre, je pense…
Une jolie découverte…

Challenge Mauvais Genres 2020
Challenge ABC 2020/2021
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C'est un très beau texte et une très belle histoire que Emilie Querbalec, autrice française née au Japon nous fait découvrir ici.
C'est l'histoire de cette jeune fille, Kaori, conteuse au pays des Monts d'Automne qui va s'en échapper pour percer le secret d'un rouleau de calligraphie que sa grand-mère en mourant lui a confié.
La première partie se déroule dans son monde, sorte de Japon médiéval.
La 2ème dans la capitale Pavané qu'elle ne connaissait pas du tout.
De la 3ème à la 5ème partie, l'action s'accélère, et elle se retrouve dans l'espace, sur d'autres planètes, et dans un vaisseau spatial, face et avec d'étranges personnages, tout en "sautant" des milliers d'années.
Elle vivra moultes péripéties avec de nombreux rebondissements.
Face aux événements, elle est tantôt fataliste, tantôt fonceuse et déterminée malgré tout ce qu'elle traverse.
Je ne résumerais pas ici (car beaucoup d'autres l'ont déjà fait) ce roman passionnant et merveilleux tant l'histoire nous fait tourner la tête et se lit de façon fluide malgré l'immensité des découvertes sur le secret de ce rouleau que tout le monde voudrait bien avoir. Mais le déchiffrement n'appartient qu'à elle, qu'à Kaori, et le dénouement ne peut être que poétique.
Kaori a une personnalité forte, Emilie Querbalec une plume magnifique.

Lien : https://laniakea-sf.fr/
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Ancrant le début de son récit dans une société proche du Japon médiéval, Émilie Querbalec nous convie ensuite à un voyage fascinant à travers les étoiles et nos origines. Dans un texte d'une grande sensibilité et d'une remarquable richesse, elle nous entraine à la suite de Kaori, une jeune fille dont le destin semblait tout tracé. Mais rien ne va se dérouler comme prévu. Et les surprises vont aller croissant.

Kaori est une jeune fille espiègle dont le destin est de devenir conteuse comme sa grand-mère. Elle attend, espère, le moment où elle obtiendra son Don : le Ravissement marque le passage d'une aspirante conteuse à une conteuse. Quand le Flux, cette entité qui régit l'ordre du monde, passe par ces femmes capables, alors, de raconter des histoires fascinantes, tirées non de leur esprit, mais d'une sorte de mémoire commune. le phénomène est peu compris, mais il est reconnu pour sa valeur. Les conteuses sont très recherchées et les nobles et riches marchands se les arrachent pour animer leurs soirées et s'attirer ainsi l'admiration. Mais pour Kaori, dont la mère est morte voilà des années dans des circonstances mystérieuses, pas de Ravissement. Elle ne sera pas touchée par le Don. Elle se trouve donc obligée de changer de carrière. Dans la troupe avec laquelle elle vit, pas vraiment le choix. Elle sera danseuse. Elle a un certain talent pour cela. Mais pas assez de rigueur, selon sa professeure.

Ce démarrage, aussi plaisant soit-il, et malgré certaines finesses et l'apparition de certains éléments de SF (le Flux et ses gardiens, les moines, aidés de machines inquiétantes et modernes, bien plus que le monde dans lequel vit Kaori), m'a semblé classique. Un peu trop pour m'accrocher aussitôt. Mais rapidement, les évènements s'accélèrent. Nous sommes en 13111 du calendrier A.S. Dans le futur donc, ce que nous découvrirons progressivement. Comme l'intégralité de l'univers créé par Émilie Querbalec. Un univers qui m'a surpris, après le départ situé dans un monde japonisant, donc. Mais qui m'a ravi. Car l'autrice n'hésite pas à secouer son fil chronologique (et son lecteur par la même occasion), sans que cela nuise à la narration. Les sauts dans le temps sont justifiés et passent très bien. le Flux et les autres inventions sont réussies, car bien associées et forment un tout cohérent, qui explique pas mal de choses aperçues au début et justifient la conduite de Kaori.

En parlant de Kaori, Émilie Querbalec n'y va pas avec le dos de la cuillère. Elle fait subir à son héroïne un nombre de retournements de situation, un nombre de bouleversements et même un nombre de mauvais traitements assez impressionnant. Même si, dans le cours de l'histoire, ils sont justifiés, la liste est grande et ce qu'elle subit sur sa planète (attention, pour ceux qui n'ont rien lu à propos de ce roman – ce qui m'étonnerait, car il a été maintes fois lu et chroniqué – la suite est un spoil : elle va être violée dans la grande ville qu'elle découvre) est extrêmement rude et traumatisant. Elle est touchée dans sa chair et dans son esprit, et bien plus, dans son intégrité. le parcours qui est le sien est un parcours total où elle se met en jeu entièrement, par choix ou non, selon les étapes, afin d'être reconstruite et prête pour la découverte finale. Elle est souvent manipulée, souvent l'objet de convoitises et de craintes, d'attentes et d'espoirs. Elle est souvent passive devant ce que lui réserve le destin (ou ceux qui savent, ceux qui possèdent, ceux qui dirigent). Mais aux moments clefs, aux moments où on lui en laisse l'occasion, aux moments où elle a un peu de pouvoir, elle sait affirmer son point de vue et ses décisions. Même si cela a des conséquences énormes sur elle et sur bien d'autres. Kaori devient ainsi un personnage fort et central, qui m'a agréablement changé de certaines héroïnes de littérature de SF young adult (ou non) stéréotypées, aux états d'âme bourrés de clichés et aux préoccupations trop prévisibles. Non, rien de cela ici. Rien qu'une jeune femme perdue souvent, mais lucide et pleine de courage et d'énergie, battante, utilisant ce qu'elle peut comme arme, pour comprendre et survivre.

Autre point qui m'a paru intéressant dans ce roman : la place de l'oral et de l'écrit. En effet, dans la société dont est originaire Kaori, l'écrit est totalement interdit. Posséder un texte et, pire encore, en produire un est passible de la peine de mort. Offerte par les moines et leurs affreuses machines. Après de nombreux interrogatoires douloureux. Tout passe donc par la mémoire. D'où l'importance des conteuses. Cela rappelle de nombreuses sociétés passées. Comme l'Egypte des pharaons, qui fait rêver, mais qui faisait de l'écrit une chasse gardée des puissants, protégé par la caste des scribes. Ou comme la Gaule antique (vous savez bien, nos ancêtres les Gaulois, chevelus et barbus) où l'écrit était d'une grande rareté, car le savoir était transmis de druide en druide, à l'oral, pour éviter que le peuple ne se l'approprie par erreur.
Ici, la raison de ce tabou va être expliquée dans la suite du roman. Et cela se tient parfaitement. Et cela fournit un point de départ mystérieux et, donc, stimulant. D'autant plus stimulant que la langue choisie est le japonais. Et que, pour moi en tout cas, cette langue est entourée d'une aura, sans doute liée à la civilisation qui l'a vue naître et qui me touche (dans ses périodes anciennes comme dans son présent, dans sa société comme dans son imaginaire).

Tous ces éléments font de Quitter les monts d'Automne un roman d'une force et d'une portée qui m'ont surpris, agréablement. Sa lecture a été plaisante et pleine de surprises, dépaysante et vertigineuse. Un très bon moment, sans hésitation !
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Une jeune campagnarde s'en va découvrir la vi(ll)e.

Kaori est orpheline, issue d'une d'une famille d'artistes réputés, des conteurs AFP, Appellation Flux Contrôlé. Sauf Kaori la petite dernière, elle ne peut donc être barde et devra se contenter de la danse. Mais lorsque mamie meurt....

Des troupes d'artistes dans un paysage japonisant, très descriptif au début, j'ai eu un peu de mal à voir où tout cela aller m'emmenait mais cela reste très intriguant. Puis, lorsque la petite quitte enfin sa campagne, les fameux monts d'automne, quelques éléments m'intriguent plus encore et alors que nous étions dans une ambiance assez fantasy, la SF se fait jour, pleinement.
Pleinement, mais autrement à la fois, l'autrice se saisit des tropes science fictif pour en user à sa guise, l'attirail est identique et différent à la fois. Plus poétique, moins technologique. L'ambiance m'a beaucoup fait penser à Des milliards de tapis de cheveux pour vous donner une idée, un planet/space opera qui ne dit pas son nom.

Nous sommes aussi un peu en terre dystopique, avec ce monde où l'écrit est interdit, ou seul le Dit - la parole - a droit de vivre et encore... Et si la mémoire de ce qui a été disparait, il n'y a plus d'histoires, L Histoire s'arrête. Et sans passé, comment se forger une identité ? Ces questionnements irriguent le roman de belle manière.

Côté bémol, Kaori ne décide rien et les hasards heureux la mettent toujours sur la bonne voie. Alors qu'elle vivait dans un monde où la technologie est quasi absente, elle ne semble que peu stupéfaite des diverses choses qu'elle va découvrir pour la première fois. Elle se laisse balloter au fil de l'eau, du flux, sans se poser trop de questions.

Certaines parties de la fin m'ont aussi déplu, explorant des contrées plus oniriques, ce qui n'a jamais été ma tasse de thé, avec ou sans cérémonie. Mais la fin vous emmènera aussi très très loin...

J'ai beaucoup aimé l'écriture et le style de l'autrice, qui démontre si cela était encore nécessaire que l'on peut faire des romans de SF au-delà des caricatures du genre. Allez Émilie, un peu plus de rythme la prochaine fois, un personnage moins chamalow et tu pourras faire jeu égal avec Ursula !

Quand bien même ces quelques défauts, l'autrice tire son épingle du jeu en nous déployant un univers atypique. Un roman pour celles et ceux allergiques au verbiage techno-scientifique mais qui veulent tout de même se prendre le vertige du Sense or Wonder.
Une certitude, je lirai avec plaisir prochain roman (si c'est de la SF va sans dire) et cela reste le second roman de l'autrice, une femme, française de surcroit, on lui pardonnera donc ces quelques hiatus.

Avec ses deux derniers romans publiés en date (La marche du Levant pour le second), la collection Albin Michel Imaginaire nous démontre que l'appellation Imaginaire n'est pas usurpée, les genres sont floues et se brouillent pour nous offrir toujours plus d'imaginaire et se déjouer des stéréotypes S, F ou F ou encore F.

Seule question qui demeure, qui a pondu ce magnifique titre ?
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Pourquoi lire ce bouquin ?
Parce qu'Émilie Querbalec possède une talent de conteuse incontestable.
On pourra trouver que ce récit est parfois lent voire trop long, pour autant, le style est poétique, fluide et agréable.
Sous couvert de suivre le périple d'une jeune danseuse, histoire qui débute sur une planète inconnue (mais manifestement d'origine Terrienne), dans un modeste village de style japonais d'époque Edo et qui se retrouve assez rapidement dans l'espace, il s'agit de parler de la mémoire , de la transmission, de l'oubli.
Mémoire humaine ou artificielle, faillible, incertaine, manipulée et manipulable, transmise, supprimée ou perdue, et de transmission orale ou écrite.
Kaori, la jeune danseuse, vit dans un monde où la transmission n'est qu'orale, l'écrit étant tabou, et qui possède bien malgré elle quelque chose qui la rend unique et attise par là même la convoitise.
Son histoire n'est pas forcément des plus intéressantes mais on se laisse facilement emporter dans le monde décrit habilement par l'autrice, notamment l'univers japonisant du début.
De bonnes idées également côté SF et cela reste un récit réellement abordable et accessible à tous.
...et pour finir, une belle illustration de Manchu en couverture.
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Ce roman m'a envoûtée dès ses premières lignes. Une prose poétique tout en simplicité mais efficace, qui nous plonge dans un Japon mi réel mi imaginaire. Nous suivons les pas de Kaori, jeune fille qui apprend et découvre la vie. Un roman d'initiation qui a un petit air de Geisha d'Arthur Golden, avec un récit de mémoire, de souvenirs : c'est un passé lointain qui se dévoile…


C'est aussi un roman qui nous emmène en voyage. Fuir le Flux en portant dans ses mains un objet interdit : de l'écrit. D'abord en ville, puis vers les étoiles et les galaxies. Alors le roman devient un space opera d'une incroyable envergure, s'étalant sur plusieurs siècles !


J'avoue m'être un peu endormie pendant ce long voyage. Un peu moins fan du space opera et des univers plus technologiques. Je regrettais tant cette douce enfance au pied des Monts d'Automne…


Et puis j'ai été surprise, bousculée. Pourquoi tout ceci ? Où va donc Kaori ? Pourquoi ce si long voyage ? Pourquoi ce déracinement déchirant ?
Tant de questions dont les réponses arrivent dans le dernier tiers. le roman propose alors une réflexion passionnante sur la portée de l'écrit, de la mémoire pour une civilisation, sur le langage et son origine. J'ai adoré ce dernier tiers du roman, qui fait la jonction parfaite entre les différentes étapes du récit, qui semblent, d'un premier abord, décousues. Tout s'éclaire alors.


Passer d'une narration contemplative à un space opera dynamique et assez neutre en termes de décors est osé ! Oui j'ai eu un peu de mal à m'y faire, car ce n'est pas commun, mais j'ai adoré la manière dont la plume de l'autrice s'est adaptée à cette mue.


Dans tout ceci, une trame commune : le souvenir, la mémoire, thématique centrale du récit.
J'ai cru que ce roman me laisserait au bord de la route. Ça a été un peu le cas au milieu, et puis je me suis raccrochée aux branches. d'ailleurs, il a révélé toutes ses saveurs après ma lecture. Il me trottait dans la tête, je réfléchissais sans cesse à tous ces éléments imbriqués, au sens de tout ceci. Je me suis dit : c'est ça, que j'attends, de la littérature! Me distraire, oui, mais surtout me surprendre, m'interroger, me faire changer d'avis, me bousculer : là c'est exactement ce qui s'est passé.

Lien : https://zoeprendlaplume.fr/e..
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Ce roman d'Emilie Querbalec a attiré mon attention grâce à son contexte japonisant, en effet l'autrice a une mère nipponne. Je me demandais ce que cela pouvait donner en le mêlant de science-fiction. Quitter les monts d'automne nous entraîne dans un univers sensuel et cruel. J'avais aussi beaucoup apprécié un autre roman de l'autrice, Les oubliés d'Ushtar. Qu'ai-je pensé de ce roman ?

L'autrice nous propose un roman poétique qui nous plonge dans un univers japonisant. Ainsi, le début du livre reprend les codes des histoires traditionnelles nippones, notamment à travers le personnage de Kaori. Elle n'est pas une héroïne guerrière mais une danseuse un peu effacée qui ne semble pas avoir le contrôle de sa propre vie. Son histoire s'embraye quand elle hérite d'un dangereux objet à la mort de sa grand-mère Lasana, qui l'a élevée à la mort de ses parents. le récit tient donc de l'apprentissage, avec une jeune femme déterminée mais un peu naïve, peu au fait de la vie à l'extérieur. C'est aussi dû au fait qu'elle vive dans un monde maintenu dans une évolution pré-technologique. Dans la première partie du livre, on suit la vie sur la planète Tasai, un monde proche du japon médiéval, où l'écrit est interdit.

Mais le texte passe en cours du route au space opera, avec une odyssée impliquant des contrebandiers spatiaux. J'ai trouvé cette partie moins travaillée et moins convaincante que la première. En effet, la période sur tasai développe un texte plein de poésie et de sensualité, notamment l'importance de la danse et des spectacles, qui est moins présente dans la deuxième moitié du roman. Mais j'ai tout de même trouvé la partie interstellaire intéressante, notamment car Emilie Querbalec y décrit une technologie onirique peu vue ailleurs.

Le coeur de l'histoire se porte sur les souvenirs de la jeune Kaori. Cette dernière est en partie amnésique et ne se souvient pas de sa vie avant la mort de ses parents. La mort inattendue de sa grand-mère semble définitivement la couper de son histoire familiale. Mais c'est tout le sujet de sa quête, qui s'exprime également à travers la spécificité des conteurs, qui héritent de leur don et doivent en passer par le “ravissement” pour que leur don soit révélé. L'aspect de la filiation est donc important. de même, Kaori est hantée par des rêves qu'elle a du mal à comprendre. Plus tard dans le roman, l'aspect de l'héritage prend une dimension scientifique et génétique.

Cette partie sur l'héritage est bien sûr évoquée directement par ce que donne Lasana à sa petite fille. La symbolique est très forte, elle lui lègue un objet interdit et dangereux qui sera le point de départ de sa quête. C'est un acte un double-tranchant, à la fois libérateur mais aussi un fardeau. Par ailleurs, le fait que l'Écrit soit interdit et tabou dans la culture de Tasaï s'affirme également comme un moyen pour éviter la pérennisation de la mémoire. C'est dans ce cadre que les conteurs sont une caste au rôle fort : l'art permet de garder une trace des événements et des traditions, même si ce n'est dans l'oralité. On comprend donc pour quoi leurs liens avec les autorités du Flux, sorte d'énergie modélisant le monde et édictant ses règles.

Quitter les monts d'automne est un joli récit qui repose sur un style poétique qui pose une ambiance unique et envoutante. le personnage de Kaori est attachant, avec caractère à la fois naïf mais déterminé, mais qui parvient à rester résilient dans les moments difficiles. Dommage que les autres personnages manquent un peu de corps. L'Alliage entre inspiration japonaise traditionnelle et science-fiction fonctionne à merveille pour créer un univers singulier. L'histoire traite beaucoup de la place de l'héritage, de la filiation et de la mémoire dans notre identité, mais aussi en tant que civilisation.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
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Deuxième titre de la rentrée littéraire que j'ai la chance de pouvoir lire grâce à l'aimable envoi d'Albin Michel Imaginaire, merci ! le titre est disponible dans les bonnes librairies depuis le 2 septembre.

Dès son annonce et l'aperçu de sa couverture poétique signée Manchu, moi la grande fan du Japon, j'ai eu envie de découvrir ce titre qui semblait promettre une intrigue spatiale dans un univers japonisant loin des ambiances sombres à la Blade Runner. Alors juste avec cette idée en tête et un résumé assez vague en tête, je l'ai demandé à Gilles Dumay. Merci d'avoir accepté ma demande.

Émilie Querbalec est une jeune autrice qui a déjà publié un précédent roman aux éditions Nats, Les Oubliés d'Ushtâr, qui a été finaliste au prix Rosny aîné. Mais surtout, l'autrice est née au Japon et s'est entourée de toute une équipe assez pointue pour l'épauler dans la rédaction de ce roman de science-fiction japonisant, elle a pu ainsi demander de l'aide à une connaisseuse du Dit de Genji, texte japonais fondateur, mais aussi à des scientifiques, chercheur en biologie, biophysicien et autre connaisseur en culture et langue japonaise. Et tout ce sérieux se ressent à la lecture d'un roman à la très belle plume mais également à l'intrigue solide.

Pour un deuxième roman, j'ai trouvé Quitter les Monts d'Automne extrêmement bien écrit. L'autrice m'a d'emblée plongée dans son univers étrange et décalé où passé et futur se mélangent, grâce à une écriture simple mais très imaginée, douce et jamais poussive, qui propose un très beau voyage. Pour les amateurs chevronnés de SF, l'aventure n'aura peut-être rien de dépaysant mais pour ma part, c'est plus le voyage que son résultat qui m'ont intéressée et quel voyage !

Tout commence sur la planète Tasai, où nous découvrons une civilisation très proche de celle du Japon traditionnel avec ces conteuses, chanteuses, danseuses, qui forcément font penser aux Geishas. Sauf que nous sommes censés être dans le futur, en 13 111. Comment une civilisation aussi proche de la nôtre où la technologie ne semble pas intervenir peut-elle exister se demande-t-on ? On a presque l'impression qu'elle est même un cran en retard par rapport à nous dans le présent, alors que c'est bien une civilisation humaine occupant une autre planète. Ce mystère sera au coeur du récit.

Celui-ci est mené par la jeune Kaoru, petite-fille d'une célèbre conteuse, chez qui le "Don" ne s'est pas manifesté comme on l'espérait. Elle est donc cantonnée à des tâches subalternes dans la vie de la troupe et se voit petit à petit dirigée vers une carrière de danseuse. Mais lorsque sa grand-père meurt, elle hérite de celle-ci un objet interdit chez eux : un rouleau rempli d'écrits mystérieux qu'elle serait bien en peine de lire puis qu'il est interdit de savoir lire et écrire dans leur monde. Kaoru va alors partir en quête de réponses. Que dit ce mystérieux rouleau ? Pourquoi sa grand-mère lui a remis ? Qui était vraiment cette dernière ? etc.

J'ai beaucoup aimé suivre la quête de la jeune fille que l'autrice découpe en plusieurs temps fort qui s'enchaînent bien les uns avec les autres et la font grandir petit à petit au fur et à mesure de ses découvertes et de ses aventures. L'ensemble est classique, déjà vu, mais l'ambiance particulière du titre en font quelque chose d'à part, entre récit de vie japonisant et quête de réponses science-fictives. J'ai beaucoup aimé l'ambiance. J'avais l'impression d'être dans un terrain familier et réconfortant, moi l'amatrice du Japon. Tout était fait pour m'y sentir à l'aise. J'étais totalement immergée dans cette culture que je connais si bien, ce qui a donné un côté très cocooning à ma lecture étrangement quand on voit ce qui arrive à l'héroïne.

En effet, les aventures de celles-ci n'ont rien de reposantes. On suit une Kaoru qui est sans cesse déracinée, ballottée, abîmée par la vie. Elle doit d'abord quitter ces chers Monts d'Automne à la mort de sa grand-mère pour aller dans une autre troupe, puis elle doit quitter celle-ci au fait de sa gloire pour aller dans une plus grande ville pour chercher de nouvelles réponses. Celles qu'elle y trouve seront dramatiques pour sa personne mais la pousseront vers une aventure encore plus grande et lointaine. Elle s'embarque alors dans un voyage lointain et sans retour vers l'ultime réponse, passant d'un récit très terre à terre à une aventure spatiale aux dimensions vertigineuses.

Les influences que l'ont ressent à la lecture sont multiples au fil des aventures vécues et des personnages croisés. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser par exemple aux grands classiques que sont 2001 l'Odyssée de l'Espace et Fondation d'Asimov dans la seconde partie du roman. Les thèmes soulevés sont également intéressants. On parle ici de mémoire, de souvenir, de transmission ainsi que de conservation, mais également de traumatisme et de développement personnel et civilisationnel. Tout cela est imbriqué subtilement dans la quête initiatique d'une héroïne en recherche d'elle-même aussi bien sur le plan de son identité familiale que de son identité sexuelle. Cela donne quelques pages pleines de poésie, de sensualité et de subtilité qui m'ont vraiment plu esthétiquement.

Cependant même si j'ai adoré le voyage que m'a offert ce récit, je ne peux en cacher les défauts. Tout d'abord, j'ai trouvé les personnages très faiblement construits en dehors de l'héroïne. Pendant longtemps, elle est la seule à exister entre ces pages, tandis que les autres ne servent que de décor provisoire. Il faut attendre longtemps pour que d'autres prennent vie également et ce n'est pas forcément ceux qu'on attend qui ont le plus de présence, l'héroïne étant quand même terriblement passive. Elle se laisse porter par tout ce qui lui arrive et au final cela donne un récit plus porté par son message que par ses personnages, ce qui est fort dommage. Ensuite, le final est clairement un peu abrupt et bref, pour ne pas dire utopique sur certains points, mais je ne veux pas vous spoiler.

Mais sur le fond Quitter les Monts d'Automne fut une excellente lecture pour moi. J'ai été plus que séduite par le style simple mais poétique et évocateur de l'autrice. J'ai aimé être surprise par l'aventure de l'héroïne qui m'a emmenée vers des recoins insoupçonnés au début. J'ai surtout été emportée par l'ambiance et le ton fortement japonisant et les thèmes autour de la mémoire m'ont plu. Pour ceux qui souhaitent lire de la SF agréable, avec des concepts solides mais facilement compréhensibles et qui n'empiètent pas sur l'histoire, foncez !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Un récit captivant qui débute dans l'atmosphère du Japon médiéval pour ensuite évoluer de manière surprenante vers un space opéra, introduisant une technologie extrêmement avancée. L'initiale immersion dans l'univers est charmante, suivant la croissance de la jeune Kaori aux côtés de sa grand-mère dans un lieu isolé des monts d'automne, rêvant d'un destin glorieux. Son passage à Kulunsk, où elle explore la vie urbaine tout en possédant un mystérieux manuscrit hérité de sa grand-mère, un acte totalement proscrit dans ce monde où tout est transmis oralement, le Dit.

À mesure qu'elle intègre la ville principale, les événements s'accélèrent pour elle, la propulsant dans une nouvelle aventure spatiale. Tout en suivant son parcours, nous découvrons, grandissons et traversons des étapes, le tout enveloppé de poésie et de subtils jeux de séduction.

Indéniablement, il s'agit d'un roman de science-fiction immersif, étonnant (une fois de plus ^^), solidement construit, offrant une lecture fluide. Il ne laisse personne indifférent, c'est évident ! Quelques moments plus calmes au coeur du récit sont rapidement balayés par des révélations captivantes. Une véritable trouvaille à savourer.
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