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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Tant de chiens » commence quand le partenaire de Santiago meurt au milieu d'une opération contre les narcos. S'ensuit pour le flic une sale période, faite de rencontres improbables et de révélations sur son ancien collègue. Sans compter qu'il va vouloir mener sa propre enquête sur cette mort qui le touche de près.

Dans un Chili mal mené par la corruption et qui a du mal à sortir des années Pinochet, Boris Quercia nous propose un roman noir sans concession pour les représentants des institutions chiliennes qu'elles soient politiques, judiciaires ou policières.

Le personnage de Santiago est particulièrement bien campé. L'auteur réussi à le rendre profondément humain malgré ses failles.


J'ai eu un gros coup de coeur pour ce livre, j'y ai retrouvé tout ce que j'aime dans un polar, la qualité d'écriture, l'intrigue bien menée avec un suspens savamment distillée, l'impression d'étouffer dans une atmosphère lourde et glauque, des personnages paumés et attachants.





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Les prix littéraires valent ce qu'ils valent et sont souvent sujets à caution mais peuvent parfois s'avérer positivement surprenant surtout lorsque le Grand Prix de la Littérature Policière - Etrangère est décerné à Boris Quercia pour son roman, Tant de Chiens qui met en scène, pour la seconde fois, l'inspecteur Santiago Quiñones que l'on avait découvert dans Les Rues de Santiago, récit décoiffant s'il en est, vous arrachant les tripes avec le punch d'un texte mordant. Si le prix consacre l'auteur, il récompense également la maison d'éditions Asphalte qui met régulièrement en avant de véritables joyaux du roman noir, issus de la littérature hispanique.

Fusillade et chiens féroces. Les narcotrafiquants sont déchaînés et accueillent la police sous un déluge de feu. Chiens de l'enfer ! Il faut dire qu'il la sentait mal cette descente l'inspecteur Santiago Quiñones et il n'a pas été déçu car son partenaire Jiménez et tombé sous le feu. Chiens fidèles ! Une mort d'autant plus troublante que Santiago découvre que son collègue faisait l'objet d'une enquête auprès des affaires internes suite à la mise à jour d'obscurs réseaux pédophiles. Chiens de misère ! Clairement dépassé, Santiago Quiñones tente de démêler les tenants et aboutissants de cette affaire complexe et croise ainsi le chemin de Yesenia, une amie d'enfance qui a connu la douleur de la séquestration, du viol et de la prostitution forcée. Chiens battus ! Assoiffée de vengeance, la jeune femme demande à Santiago d'abattre son bourreau de beau-père. Chiens de miséricorde !

Pas de préambule avec Boris Quercia. Sur deux pages à peine, Tant de Chiens débute avec une scène de fusillade complètement barrée, dans un concentré de fureur et d'action, marque de fabrique de l'auteur qui ne s'embarrasse pas de longs descriptifs lénifiants pour installer son intrigue. Pourtant on ne saurait résumer ce roman brillant à un simple condensé d'actions et de rage car on perçoit tout au long du récit ce bel équilibre entre l'introspection d'un flic atypique et les actes qui le conduisent parfois, à son corps défendant, sur la voie obscure d'investigations bancales et maladroites. Santiago Quiñones est un flic qui sort complètement des schémas et des clichés. Il n'est ni le preux chevalier sauvant la veuve et l'orphelin, ni l'infâme flic complètement corrompu. Dans le contexte d'un pays gangrené par la corruption et la violence, il ne fait que survivre en tentant de louvoyer entre règlements et débrouillardise lui permettant de mener sa barque, sans se faire remarquer. Pourtant, il relève parfois la tête et s'immisce dans des affaires qui le dépasse rapidement et le conduise sur la voie des excès qu'il ne parvient pas à maîtriser à l'instar de sa consommation de cocaïne et de son penchant pour les femmes.

Ainsi pour résoudre cette sombre affaire de pédophilie, Santiago Quiñones devra s'adjoindre les compétences de son collègue mapuche prénommé Marcelo, qui se révélera être un partenaire salutaire pour le tirer des mauvaises situations dans lesquels il se fourre régulièrement et lui permettre d'avancer de manière significative dans ses investigations. Abandonné dans une caisse de pommes déposée à l'entrée d'un commissariat, Marcelo incarne toute la douleur de ces enfants délaissés et maltraités. Autres incarnations de cette jeunesse brisée, il y a Yesenia, amie d'enfance de Santiago, qui a subi les brimades abjectes d'un beau-père libidineux mais également Romina, toutes deux victimes des réseaux pédophiles que l'auteur évoque en filigrane tout au long d'une intrigue extrêmement âpre, cruelle et poignante.

Avec Tant de Chiens, on assiste également au lent délitement du couple que Santiago Quiñones formait avec Marina, belle infirmière sensuelle que l'on avait découverte dans Les Rues de Santiago. Désemparée, la jeune femme ne peut plus comprendre les tergiversations et les incartades d'un homme qui, constamment en proie au doute, refuse obstinément de s'engager dans une relation durable. Durant ces instants, Boris Quercia diffuse une atmosphère mélancolique qui déteint sur l'ensemble d'un récit qui oscille entre la férocité des scènes d'actions, la sensualité des relations amoureuses et la nostalgie des souvenirs d'enfance. Et puis, il y a également en toile de fond le décor trépident de cette capital chilienne que l'on découvre presque fortuitement par l'entremise de scènes de rues dans lesquelles notre inspecteur tourmenté déambule, en quête d'oubli et de vérité.

Roman fulgurant Tant de Chiens est une alliance amère de noirceur, adoucie par la sensibilité et la pertinence de personnages remarquables que l'auteur plonge dans l'abîme d'une intrigue puissante et nerveuse.



Boris Quercia : Tant de Chiens (Perro Muerto). Editions Asphalte 2015. Traduit de l'espagnol (Chili) par Isabel Siklodi.

A lire en écoutant : Matador de Los Fabulosos Cadillacs. Album : Obras Cumbres. Sony Music Entertainement (Argentina) SA 1998.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Elle me dit : « J'ai besoin de tuer quelqu'un. ».

Il y a un problème avec les bouquins de Boris Quercia.
Un sacré problème.
Ses bouquins sont plutôt petits, pas très épais.
Dès les premières pages, alors qu'on a déjà surligné de nombreux passages pour citer dans ce blog, l'angoisse monte et on se prend à ne plus regarder les numéros de pages ou le compteur de la liseuse, on sait que le plaisir de la lecture ne durera qu'un temps que d'avance, on sait déjà trop court.
D'un autre côté (on se console comme on peut) on se dit que cette brièveté fait corps avec le style de Quercia, n'est-ce pas ?
Des petites phrases courtes, sèches, shootées à l'humanité, filmées à hauteur d'homme.

[...] Je cherche mes cigarettes et lui en offre une. Il ne fume pas, c'est ce genre-là.

On vendrait ses gosses pour une phrase comme celle-ci.
Des chapitres courts, comme autant de petites nouvelles, avec un sens consommé de la chute, le petit truc anodin, sans rapport avec l'essentiel du récit, le petit truc qui vous grave au burin la scène en mémoire.
Avant que l'intrigue policière ne vienne prendre le dessus, on pense (et il n'est peut-être pas de plus beau compliment ici) on pense souvent à John Fante, un Fante où la noirceur chilienne aurait occulté la luminosité italienne.
C'est en début d'année que l'on avait découvert Les rues de Santiago (sans qu'on sache tout à fait s'il s'agissait de celles de ville ou de celles arpentées par le héros homonyme) et l'on avait voulu attendre avant d'épingler un coup de coeur.
Peine perdue, tous les ingrédients sont encore et toujours là, tous ceux de la recette classique du polar noir, hardboiled comme dit désormais chez nous.
On peut donc reprendre le billet précédent presque mot à mot : embrouilles tordues, balles perdues mais pas pour tout le monde, collègues flics pas très cleans, femme(s) fatale(s) (bon, cette fois on a mis un 's') ...
Boris Quercia met en scène un flic comme on les aime : ténébreux et solitaire, dur et maladroit en amours comme en affaires, Santiago Quiñones, un flic qui boit pas mal (sans surprise) et qui même ne dédaigne pas une ligne de coke de temps à autre.
En suivant les traces de Quiñones dans les rues de Santiago, on s'intéresse plus au personnage et à ceux qu'il va croiser au gré de ses déambulations, qu'au fil de l'intrigue.
Et puis il y a ces femmes fatales : au rayon polar c'est plus souvent pour le pire que pour le meilleur et l'on sait désormais que Santiago ne se donne même pas la peine de faire semblant de résister à leurs charmes.

[...] Comme si c'était la chose la plus naturelle du monde, elle me dit : « J'ai besoin de tuer quelqu'un. »

Alors ce sont aussi les polars les plus sexys depuis longtemps où pour une fois, les scènes les plus chaudes ne semblent pas ‘téléphonées' et écrites pour racoler mais bien au contraire, s'intègrent parfaitement à l'ambiance et au(x) personnage(s).

[...] Ce n'était pas une situation facile, j'avais la maîtresse du mort au téléphone et sa veuve assise en face de moi.
[...] Tire-toi », je lui demande. Mais elle, loin de m'obéir, dégrafe sa robe et reste en face de moi, en petite culotte et talons hauts. « C'est gratuit », elle me dit, mais la vie m'a appris que rien n'est gratuit, et ça encore moins.

L'intrigue de ce second épisode est solidement construite autour d'un sujet difficile et pas cool : Quercia n'écrit pas des guides touristiques pour nous vanter les mérites chiliens et nous parle plutôt de ceux qui vivent sur le rebord glissant du broyeur à viande.
Et comme il semble être d'usage chez cet auteur, ça commence très fort avec une fusillade qui coûtera la vie à l'un de ses collègues, trop curieux ou trop ripoux, on ne sait pas encore.
un accident du travail, comme la silicose pour les mineurs de charbon.
Pas obligatoire de lire dans l'ordre, mais ce serait dommage de laisser passer quelques pages (les bouquins sont pas épais, on s'est déjà plaint) et le second est encore plus meilleur que le premier.
Ne manquez pas Boris Quercia, c'est très clairement la révélation polar de cette année 2015.
Pour celles et ceux qui aiment le pisco-sour.
Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/s..
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Comme Les rues de Santiago, premier roman de Boris Quercia, Tant de chiens s'ouvre sur une fusillade. Et encore comme dans Les rues de Santiago, quelqu'un va rester sur le carreau. C'est Jiménez, le coéquipier de Santiago Quiñones qui y passe cette fois. Et bien vite Quiñones va s'apercevoir que Jiménez était mêlé à de sales affaires. L'apparition par ailleurs de Yesenia, ancienne voisine dans le quartier où le policier a passé son enfance, vient par ailleurs pousser un Santiago dont le couple est à le dérive à s'enfoncer un peu plus dans un boulot qu'il décide de faire autant par opiniâtreté que pour se prouver qu'il est encore quelqu'un de bien et de droit. Quitte à entraîner dans sa descente dans les enfers que recèlent les dessous de la capitale chilienne ceux qui l'aiment ou qui voudraient l'aider.
On a déjà eu l'occasion de dire ici tout le bien que l'on pensait du premier roman de Quercia et du plaisir que l'on avait eu à lire cette variation autour du héros dur à cuire et bourré de failles. L'auteur franchit un nouveau palier avec Tant de chiens, plus âpre, plus violent et nettement moins indolent mais avec toujours, derrière, ces fêlures qui font de Quiñones un personnage qui tient la route et dont les défauts, pour aussi grands qu'ils puissent être, sont compensés par la force de son engagement, par la douleur qu'il charrie et par la cruelle lucidité du regard qu'il porte sur le monde dans lequel il vit et les milieux dans lesquels il fraie, y compris l'institution qu'il est censé servir.
Car l'autre personnage, c'est bien entendu ce marigot qu'est la capitale chilienne. Rongée par la corruption, pas encore complètement libérée des réflexes de la dictature, la ville n'en finit pas de distiller son poison.
Plongé là-dedans jusqu'au cou, Santiago Quiñones n'a d'autre choix que de mettre des coups de pied dans la fourmilière et de voir ce qui en sort. Une bonne méthode pour s'en prendre plein la tête. Ça ne manque pas, bien sûr et c'est avec une certaine sidération que l'on suit le flic de Quercia dans sa quête de vérité teintée de masochisme. L'auteur chilien ne prend pas de gants et fonce dans le tas sans pour autant que la violence à laquelle il expose ses personnages soit gratuite. Tant de chiens n'est pas un de ces romans qui abandonnent tout à l'action et aux rebondissements mais un roman noir pur jus qui n'exprime jamais que la violence des rapports sociaux, bien plus dure que celle, physique, que subissent Quiñones et ceux qui l'entourent. Autant dire que si vous aimez le noir intelligent et turbulent vous avez tout intérêt, si ce n'est déjà fait, à découvrir Boris Quercia.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Un polar qui démarre fort. du noir chilien corsé et amer. Assaisonné de substances et arrosé de pisco, pico sour et piscola. Des flics ripoux partout et un réseau pédophile bien sordide. On y tue des chiens, des policiers et les gêneurs. Deux cents pages enfiévrées qui éberluent le lecteur, avant une finale en feu d'artifice. du bon boulot avec un auteur solide comme un chêne qui dévoile l'envers du décor bâti par la junte et les Chicago boys.
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la Kronik d'Eppy Fanny
J'ai rencontré l'auteur lors de SMEP 2019, il m'avait promis un roman tout en noirceur. Promesse tenue.
L'histoire :
Celle de Santiago Quiñones, flic à Santiago du Chili.
Santiago est un flic sur la jante. Il ne crache ni sur les filles, ni sur l'alcool, ni sur la drogue. de toute façon tout le monde fait pareil. Alors pourquoi pas lui ?
Lors d'une fusillade avec des narcotrafiquants, son partenaire, Jimenez perd la vie.
Voilà Santiago avec les affaires internes sur le dos. Il semblerait que Jimenez trempait dans des magouilles et qu'il aurait volé de la drogue saisie. Et en tant que partenaire, il est suspect aussi.
Santiago est un flic désabusé dont le couple bat de l'aile. Ce n'est pas non plus l'optimisme qui le caractérise. Pour lui le verre est toujours à moitié vide. Voire vide et la bouteille avec.
Santiago ne peut se résoudre à croire en la culpabilité de Jimenez. Sur son chemin il va croiser Yesenia, une fillette devenue trop vite femme, qui était sa voisine lorsqu'il était jeune. Ils ont grandi dans le même quartier, la petite Plumette et lui, Santiago ne s'est jamais remis du départ de son père. Une plaie toujours à vif en lui. Yesenia aurait aimé ne pas en avoir. Car l'homme qui aurait dû jouer ce rôle, le compagnon de sa mère, lui a fait vivre un enfer. Elle a été encore et encore violée, par lui, par d'autres, et ne vit que pour se venger. Elle demande à Santiago de tuer son bourreau.
Extrait page 28 : « Tuer n'est pas facile, même si on est prêt à le faire, ni gratuit, même si on le croit. La douche du matin ne sera jamais suffisante pour nous sortir de la tête les fantômes qui ont grandi pendant la nuit dans nos cauchemars. Mais il y a des gens qui méritent la mort et il faut bien que quelqu'un s'en occupe, même si personne ne veut. »
Santiago n'est pas insensible au charme d'oiseau blessé de Yesenia. Il va le trouver LUI, LE responsable de tant de souffrance et il va LE tuer.
Santiago va se retrouver face au tortionnaire de Yesenia, LE petit salopard sera plus rapide que lui. Quiñones y perdra un bout d'intestin. Il y gagnera un séjour à l'hôpital et un ami indéfectible ; Marcelo, un flic, un pur, un perfectionniste.
Comme si ce n'était pas suffisamment compliqué, Quiñones se retrouve en possession d'une clé que lui a laissé en héritage Jimenez. Qu'ouvre-t-elle ?
Jimenez était sur une enquête à risques. Malgré les menaces il n'a pas lâché. Et voilà Santiago qui hérite de tout son travail. de la dynamite. Surtout un énorme paquet d'emmerdes qui risquent de raccourcir sérieusement son espérance de vie. Marcelo va l'aider.
Extrait partiel page 81 : « Il y a quelque chose de dégueulasse dans cette affaire et je commence à comprendre qu'ils cherchent à tout mettre sur le dos d'un mort histoire de blanchir un gros poisson bien vivant. … La mort de Jimenez ça tombe vraiment bien. »
L'histoire de Yesenia et l'enquête de Jimenez sont intimement mêlées. Qui manipule qui ?
La mort et le désespoir rodent.
Extrait page 178 : « Ce n'est plus sa peau, c'est du plastique, un sac, un objet. Une chose froide, les restes de ce que je n'ai pas pu sauver. Une petite vie jetée comme une ordure sur l'autoroute. « Tu sais comment elle est morte ? Je demande à Marcelo. – Par distraction » il me répond sérieusement. Et il explique : « Elle a perdu la tête. » Marcelo soulève le plastique et me laisse voir le corps décapité … »
Extrait page 198 : « … la douleur s'en va, même si je reste immobile, roulé en boule sur le paillasson, comme un chien blessé, comme un chien méchant, comme un chien de l'enfer, mais pas encore comme un chien crevé. »
Ce « Tant de chiens » est un récit sur les abus et disparitions de mineurs. Un roman où le sexe, la drogue et la violence bouillonnent. Une plongée dans un Chili très noir.
Entre les sujets abordés et le pessimisme du « héros », il y a des moments à la lecture, où le sentiment de s'engluer dans du mazout nous submerge. Ce livre est addictif à souhait.
Ce roman nous offre également un dépaysement en nous plongeant dans la vie du Chili, ses mets et ses boisons. Quelques exemples ci-après :
Un completo : sandwich avec de fins morceaux de viande grillés et un oeuf sur le plat
Un chemilico : hot-dog avec mayonnaise, avocat écrasé et tomates coupées en petits morceaux
Un combinado : mélange d'alcool fort avec un soda
C'est ça aussi le plaisir de lire des auteurs étrangers.
Alors, prêt à voyager dans le Chili de Boris Quercia ? Pour ma part, prête à y retourner sans hésiter.
Lien : https://collectifpolar.com/2..
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Un polar chilien déjà ce n'est pas banal, un polar chilien qui est le deuxième d'une série après « les rues de Santiago » au titre un peu passe-partout et qui semble avoir une côte élevée auprès des amateurs de polar, cela semble assez irréel et en même temps assez jouissif car il sort chez Asphalte et pour ce qui est des polars sud-américains intelligents, vous pouvez leur faire confiance. Et je ne peux que me joindre au choeur des louanges tant ce roman, garanti, c'est de la bonne came.

Une quatrième de couverture particulièrement réussie ne vous indiquant que le début des problèmes de Santiago Quiñones qui en verra des vertes et des pas mûres dans un court roman particulièrement explosif mais pas seulement parce que s'il a tout d'un hardboiled, il présente bien d'autres aspects positifs qui en font autre chose qu'un petit polar où ça défouraille à tout va.

Grâce au talent de Boris Quercia, on a ici un héros particulièrement intéressant car malgré les clichés habituels sur les policiers déglingués à moitié défoncés, on a néanmoins quelqu'un de terriblement humain, de lamentablement humain aussi. Santiago se défonce, a des jugements peu sûrs, perturbés par la coke qu'il s'enfile, ne sait plus vraiment où il en est dans sa vie amoureuse, n'hésite pas à baisouiller si l'occasion se présente quitte à le regretter après, pense de façon très émotive à ses parents, veut aider autrui mais doute aussi énormément et souffre de la mort de son partenaire dans une capitale chilienne qui ne semble pas être une destination de villégiature à privilégier. C'est ce côté faillible de Santiago qui crée une sorte de paranoïa tout au long de l'histoire. Santiago se montrant sympathique, on tremble pour lui qui donne l'impression de tomber de Charybde en Scylla et ceci, quoi qu'il fasse. Il m'a fait un peu penser à Milogradovitch dans « La Danse de l'Ours » de James Crumley qui connait lui aussi des moments de terreur incontrôlables dans des situations qui le dépassent.

En 200 pages bien souvent vitriolées (les lecteurs hommes vont sûrement se sentir visés, agressés), on a une histoire particulièrement bien montée, passionnante où n'est conté que l'essentiel pour offrir, comme dans le bouillant premier chapitre, certains tableaux apocalyptiques de première bourre mais aussi des passages plus intimistes très troublants, magnifiques malgré ou grâce à leur tristesse ou mélancolie. Beaucoup ont déjà dit avec justesse le bien qu'ils pensaient de ce roman et… je confirme, c'est très, très bien mais je m'en doutais un peu car j'avais déjà été bien époustouflé par « basse saison » de Saccommano chez Asphalte qui est une maison d'édition, on ne le dira jamais assez, offrant toute l'Amérique latine et hispanophone version macadam dangereux dans des histoires bien noires et très pointues pour qui s'intéresse à cette partie du monde et bien sûr, à ce genre de littérature. Franchement, je n'imagine pas un quelconque vrai amateur de polars ne pas trouver ici son bonheur tout en découvrant un Chili bien mal en point si on juge la corruption et la criminalité. Ceci dit, dans quel pays la corruption est-elle absente? Elle est visible et médiocre dans les pays pauvres, souvent invisible et particulièrement rémunératrice dans les pays riches.

Un grand polar. Faut pas le rater celui-là!
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Je découvre avec "Tant de chiens", la plume de Boris Quercia ainsi que son personnage Santiago Quiñones qui a fait ses premiers pas dans "les Rues de Santiago".
Dépaysement total, en route pour le Chili aux côtés de ce flic honnête et entier, mais pour qui les problèmes vont devenir envahissants. Son équipier se fait tuer lors d'une fusillade, les affaires internes vont le cuisiner et pourquoi pas lui coller d'obscures histoires sur le dos et pour finir il pourrait bien devenir un tueur afin de venger une amie de longue date qui vit un enfer depuis sa tendre enfance.
Un pur roman noir, servi par une très belle écriture, calibrée et délicate. C'est peut être là un paradoxe, un sujet très dur, une enquête terrassante mais l'auteur parvient parfaitement à nous émouvoir grâce à sa plume subtile et ce Santiago très attachant.
J'ai passé un excellent moment de lecture, merci aux éditions Asphalte pour l'envoi du livre et pour avoir répondu à mes questions ! Merci également à toute l'équipe de Babelio pour l'organisation de Masse Critique.
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J"avais aimé "Les rues de Santiago" . J'ai adoré "Tant de chiens" ce roman intense et rugueux . Noir et émouvant .Comme dans son précédent ouvrage Boris Quercia nous livre une description implacable de la société chilienne , où l'injustice est omniprésente et la vie un véritable parcourt du combattant pour les plus pauvres et les insoumis . Santiago est un de ceux-la , un flic un peu en marge , qui se retrouve à suivre un peu par hasard les traces de son défunt collègue Jiménez , mort devant ses yeux dans une fusillade . Ces pistes encore chaudes vont l'embarquer dans une sombre affaire de moeurs qui touche des gamines orphelines et des personnes de la nomenklatura chilienne . Un sacré bourbier dans lequel s'est mis Santiago et qui va lui attirer de sérieux ennuis ...
Du rythme , des personnages plus vrais que nature qui ne manquent pas de psychologie et qui nous régalent de traits d'humour savoureux , un récit saisissant et passionnant sans temps mort ; un délice de polar que l'on ne lâche plus dès que l'on a mis le nez dedans !
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Moi, Santiago Quinones, je "kiffe"!!
C'est un marathon à faire sur le mode "sprint", c'est du rally automobile mais avec le moteur surgonflé d'une formule 1, c'est un grand "8" à répétitions.
Ca décoiffe, dépote, et on n'en sort pas indemme.
Des chapitres courts, bruts, sans concession ni fioriture.
Âmes sensibles s'abstenir.
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