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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cet ouvrage est superbe, c'est un livre d'art très richement illustré, dont la présentation est très soignée. Un beau livre qui trouve sa place sur les rayonnages d'une bibliothèque luxueuse... mais la bibliothèque d'un érudit spécialisé dans l'histoire des civilisations gréco-romaines.
Malgré toutes ces qualités, j'abandonne ma lecture, pour deux raisons :
- texte bien trop pointu qui s'adresse à des spécialistes, ayant une bonne connaissance des moeurs de ces peuples de l'Antiquité, de ses auteurs, de ses personnages historiques... et de la sexualité de ces sociétés.
- le texte est imprimé en blanc sur des pages noires, la lecture est donc fatigante pour les yeux.
J'abandonne cette lecture avec regrets, à mi-parcours. Je dois avouer que j'ai un peu de mal avec les essais de l'auteur, mais que j'apprécie beaucoup ses romans.
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L'esthète dans toute sa splendeur ! Quand Quignard vous pond -c'est Pâques, pardon, mais je n'avais pas d'autre verbe en bouche, oeufs en chocolat obligent, mais avec délice, vous l'aurez compris- quand il vous pond, dis-je, un ouvrage sur le sexe dans l'iconographie et les textes antiques (grecs et romains s'il vous plaît), ça donne un feu d'artifice de références les plus passionnantes qui soient. Choisir l'édition de luxe, accompagnée des images, parce que celle en poche vous prive de l'essentiel ! Il m'épate toujours un peu plus avec le temps, Quignard. Si profondément nourri d'histoire, si familier des textes sources qu'il vous donnerait envie d'y plonger vous-même! le fascinus : that is the question ! C'est plus joli que"pénis", vous en conviendrez, même si ce dernier résonne lui aussi très latin! N'empêche que si notre société a toujours tourné autour de cette même chose-là, c'est bien à cause des romains! On tourne autour, on regarde en biais, jamais bien en face... Tiens ça me rappelle ce visiteur d'Orsay croisé il y a quelques années devant L'origine du Monde, dont les yeux ont été renvoyés comme un ressort à l'extérieur du tableau, comme si ça lui avait brûlé la pupille! Il était un spectacle à lui tout seul à vouloir regarder sans regarder! Incroyable tout de même que cette chose qui nous engendre, le sexe, soit ainsi voilée, périphrasée, métaphorisée ! Les grecs, eux, n'y allaient pas par quatre chemins! Et on a mis la pruderie occidentale sur le dos de la religion, pas du tout ! Quignard l'explique parfaitement, et c'est si incroyable de richesses à la fois littéraires, linguistiques et iconographiques qu'il faut prévoir un peu de temps pour le lire, lentement, doctement, histoire de faire honneur à tout ce travail et à cet écrivain vraiment épatant.
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Après la lecture de Veyne, je reprends Quignard pour les splendides illustrations du Sexe et l'effroi. Dans son dernier chapitre, « La Villa des Mystères », il écrit une phrase obscure qui résume son approche « Les yeux qui ont peur éloignent qui les voient ». Quand Veyne est familier jusqu'à l'humour, Quignard est fasciné par le caché, la réclusion, l'interdit, la chasse, la prédation, la violence, la peur et l'omniprésence du sexe. Lucrèce violée assume de façon exemplaire sa responsabilité civique par le suicide, elle n'a pas d'autre choix pour la violence faite à l'honneur de sa gens et au bien de son époux, toute responsabilité morale est hors champ, on achève bien le cheval blessé. « La fougueuse violence des duri venatores du clan primitif, l'élan d'impétuosité violente de l'origine, la menace immédiate de la mort qui fait le héros » (p 194). « L'idée de la mort exaspère la frénésie de vivre » (p 206). Quignard détaille les horreurs pédophiles prêtées par Tacite à Tibère. Il écrit — et je regrette qu'il ne référence pas précisément ce concept : « Épicure fut au IIIe siècle avant l'ère ce que Freud fut au XXe siècle et le rôle social que leurs doctrines assumèrent fut d'une contagion comparable. Leur thèse initiale est la même : un homme qui ne jouit pas fabrique la maladie qui le consume. L'angoisse, ajoutent-ils tous deux, n'est que de la libido sexuelle qui flotte, se retourne contre elle-même et intoxique » (p 150).
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Dans cet essai aussi érudit que fascinant, l'auteur dresse un portrait de la sexualité pendant l'Antiquité, à travers la peinture notamment. Il montre l'évolution de la sexualité, vécue comme un érotisme joyeux par les Grecs (phallos), qui deviendra une "mélancolie effrayée" chez les Romains ("fascinus" : scène primitive que l'on regarde en biais, qui a donné le mot fascisme). En effet ce sont les Romains, et non le christianisme comme on l'affirme souvent, qui sont responsables du puritanisme et du sentimentalisme qui sont devenus la norme à partir de leur soumission à l'empereur Auguste, qui succéda à César. Toutes les peintures antiques s'appliquent d'ailleurs à représenter l'instant qui précède la mort.
Si le livre est sans conteste difficile, l'écriture est fluide, et c'est loin d'être barbant même si ce n'est pas une lecture de plage (ou de métro)! Les fois où je décrochais un peu, Quignard parvenait à me rattraper in extremis avec une référence ou un propos concret, loin de ses exégèses en grec parfois imbitables...
Racontée à la toute fin, j'ai adoré l'histoire de Tibère, malade à force de contempler des peintures pornographiques (réalisées par le peintre Pornographe, qui peignait dans les bordels), qui aurait mandé le "médecin" capable de guérisons miraculeuses. Évidemment il s'agit de Jésus, mais il vient d'être crucifié, condamné par Ponce Pilate. le messager rencontre alors sainte Véronique, qui possède un linge avec le visage imprimé de Jésus dessus (pendant qu'il portait sa croix) et l'on dit que regarder ce linge serait aussi efficace que la parole du Messie... Il fut guéri instantanément. Puis Pilate se tua avant que Tibère le fasse exécuter.
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