J’avais envie de pleurer. Je le suivais.
Ceux qui ne sont pas dignes de nous ne nous sont pas fidèles.
Au bout de quelques heures aux côtés de sa mère toute sa petite enfance revenait.
Toute la frustration, la dépendance, l'éducation, les obsessions maniaques, la détresse, la haine ré affleuraient.
Toute l'atmosphère se tendait de nouveau comme une corde de violon sur la touche.
Alors ses yeux bretons étaient devenus bleu intense.
Ceux qui ne sont pas dignes de nous ne nous sont pas fidèles.
Au bout de deux jours elle décida de faire une cure thermale complète. Pendant une semaine elle ne fut plus que son corps. Elle s'effondra dans son corps. Elle éprouva son corps jusqu'aux limites de son corps - qui ne sont que vingt doigts, un nez, un peu de sexe qui se met à vivre quand on dort.
-Eglise, vous y allez fort, murmura Georges.
- C'est une petite église mais c'est une église.
-Mon père, combien de temps les églises restent-elles ouvertes de nos jours ?
- Le temps des offices.
- Après, Dieu n'est plus là ?
- Après, monsieur, Dieu reste seul, répondit le père sportif.
Il ferma les yeux. Il tint ses paupières baissées. Il dit sur un ton dédaigneux à Georges :
- Dieu est toujours là mais seul.
- Georges, je veux plus que rompre avec Thomas : je veux couper tout contact. Pas avec toi, bien sûr. Sauf avec toi. J'ai besoin de toi.
- Que dois-je faire ?
- Je ne sais pas. Pour ce qui me concerne je veux éteindre la vie qui précède.
Puis elles étaient entrées à l'intérieur de la ferme et elles avaient bu un verre de vin cuit en y trempant des biscuits au sucre et en racontant leurs vies respectives, malheureuses, les hommes égoïstes, libidineux, autoritaires, peureux, misérables. Elles évoquaient les bonheurs qui vieillissaient comme les corps.
Il y a dans tout amour quelque chose qui fascine. Quelque chose de beaucoup plus ancien que ce qui peut être désigné par les mots que nous avons appris longtemps après que nous sommes nés.