AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Portrait du baron d'Handrax (31)

Le Baron se tut, puis ajouta, péremptoire: " Si la nature avait voulu que nous parlions et mangions tout à la fois, elle nous aurait donné deux bouches."
Sur quoi, il attaqua son steak.
(page 113)
Commenter  J’apprécie          380
Le Baron avait toujours mille idées de livres à écrire, mais n’écrivait jamais rien. « Je suis très fort pour inventer des sujets, dit-il, activité facile qui ne requiert qu’une illumination. Comme ces illuminations me viennent toutes seules, mon mérite est nul. Hélas, je suis incapable ensuite de me mettre au travail. Je manque d’esprit de suite. À moins que je ne sois trop exigeant : j’ai peur que le résultat soit différent du projet et je préfère renoncer. »
(page 77)
Commenter  J’apprécie          280
Souvent le Baron m’énervait. Il avait tant de tics, de manies, de lubies. Il me faisait tant de mystères, prenait un tel plaisir à me faire mariner et tourner en bourrique, se comportait si souvent avec moi comme un maître avec un élève, ou Socrate avec un disciple, ou encore un prestidigitateur avec un spectateur ! Or je ne voulais ni être son élève, ni son disciple, ni son spectateur.
(page 107)
Commenter  J’apprécie          260
J’ai lu les socialistes, les libéraux, les conservateurs et les réactionnaires. Je veux dire, lu à fond, en remontant aux principes et en suivant les raisonnements jusqu’au bout. Eh bien ! Les socialistes, je trouve qu’ils ont raison. Les libéraux aussi. Les conservateurs également, et les réactionnaires. Tout le monde. Si je laisse mes intuitions de côté et que j’examine loyalement leur point de vue, je tombe toujours sur ce qu’il y a chez eux de logique et d’exact, et je m’y range. Du coup, je tiens des propos inconciliables entre eux, suivant l’auteur que j’ai lu récemment.
(page 63)
Commenter  J’apprécie          241
Sans le sommeil, nous deviendrions fous ; je ne parle pas des conséquences physiques de la privation, mais de psychologie pure. Eh bien ! L’insomnie, c’est le bouleversement de cet équilibre ; la rupture de la trêve ; l’invasion de la vie dans la zone où elle n’a pas droit de cité. Notre existence terrestre est une lutte quotidienne entre le sommeil et la vie.
(page 123)
Commenter  J’apprécie          230
Le Baron s’astreignait parfois, toute une journée durant, à ne s’exprimer que par questions. Il appelait cela les « journées interrogatives ». Comme il ne prévenait pas ses interlocuteurs, ces derniers pouvaient trouver la chose surprenante ou penser qu’il se payait leur tête. Mais ils étaient en même temps charmés parce que le Baron, avec ses questions, donnait l’impression qu’il s’intéressait à eux, et qu’il les mettait en valeur.
(page 67)
Commenter  J’apprécie          230
C’était un homme d’âge indéfinissable entre cinquante et soixante ans, bien habillé, un peu replet, très gentleman farmer, avec une épaisse barbe grise. Ses cheveux ébouriffés n’avaient pas dû voir un peigne depuis longtemps. Il marchait avec une canne, une belle canne en bois noir, avec un pommeau d’argent.
Il était très grand ; debout, il avait quelque chose d’un ogre.
(page 11)
Commenter  J’apprécie          210
Les employés à le voir s’ennuyer dans son bureau, une cigarette entre les doigts, avaient été saisis d’une sorte d’épouvante ; ils avaient spontanément attribué à son inactivité une signification paradoxale : celle qu’il était en vérité très actif. Moins il en faisait, plus ils se convainquaient qu’il préparait en fait un énorme coup, qui ridiculiserait leurs propres efforts. Ils redoublaient donc d’ardeur à la tâche, et leur productivité bondissait.
(page 90)
Commenter  J’apprécie          180
Prenez un sadique, qui cingle un masochiste. Le masochiste aime être cinglé. Où est alors le plaisir du sadique, s'il donne à sa victime ce qu'elle demande ? S'il y a pour l'un joie de recevoir, il ne peux plus y avoir pour l'autre plaisir d'infliger.
Commenter  J’apprécie          150
PREMIÈRE VISITE AU CHÂTEAU
Le manoir, sur les hauteurs d’Handrax, était une élégante bâtisse du XVIIIe siècle, flanquée d’écuries (pas de chevaux – le Baron les détestait), avec un parc. Sitôt que je la découvris, je fus séduit ; le Baron avait de la chance d’habiter un si bel endroit et d’avoir les moyens de l’entretenir.
Il m’accueillit en personne et me conduisit dans son bureau, où il avait installé ses Mouquin, descendus spécialement du grenier où ils sommeillaient depuis des années. Je reconnus la patte de mon peintre dans ces petits formats représentant des paysages de l’Allier ; au regard des thèmes et de la manière, je les datai des années 1920 et 1930. Je fis quelques commentaires ; mon hôte m’écouta avec attention, en hochant la tête. Je demandai ensuite la permission de copier les toiles ; il accepta, et promit même de mettre à ma disposition une pièce du château.
Il m’invita ensuite à goûter au salon. Nous traversâmes d’innombrables pièces et couloirs – le manoir était vaste –, tous meublés fastueusement. « Je ne suis pour rien dans cette décoration, expliqua-t-il ; j’ai tout reçu de mon père, qui lui-même l’avait reçu du sien, etc. »
Il avait tout de même transformé certaines pièces en fonction de ses besoins (et de ceux de sa famille – il avait une femme et quatre enfants, dont je parlerai). »
Commenter  J’apprécie          100






    Lecteurs (140) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Compléter les titres

    Orgueil et ..., de Jane Austen ?

    Modestie
    Vantardise
    Innocence
    Préjugé

    10 questions
    20202 lecteurs ont répondu
    Thèmes : humourCréer un quiz sur ce livre

    {* *}