PHOENIX
Seigneur, vous entendez. Gardez de négliger
Une amante en fureur, qui cherche à se venger.
Elle n'est en ces lieux que trop bien appuyée :
La querelle des Grecs à la sienne est liée;
Oreste l'aime encore. Et peut-être à ce prix...
PYRRHUS
Andromaque m'attend. Phoenix, garde son fils.
J'attendais en secret le retour d'un parjure;
J'ai cru que tôt ou tard à ton devoir rendu,
Tu me rapporterais un cœur qui m'étais dû.
Je t'aimais inconstant, qu' aurais-je fait fidèle?
Et même en ce moment où ta bouche cruelle
Vient si tranquillement m'annoncer le trépas,
Ingrat, je doute encore si je ne t'aime pas.
Acte IV scène 5 tirade d'Hermione
ORESTE
Et vous le haïssez ? Avouez-le, Madame,
L'amour n'est pas un feu qu'on renferme en une âme :
Tout nous trahit, la voix, le silence, les yeux ;
Et les feux mal couverts n'en éclatent que mieux.
L'amour n'est pas un feu qu'on renferme en son âme./ Tout nous trahit, la voix, le silence, les yeux ;/ Et les feux mal couverts n'en éclatent que mieux.
J'aime : je viens chercher Hermione en ces lieux,
La fléchir, l'enlever, ou mourir à ses yeux.
Toi qui connais Pyrrhus, que penses-tu qu'il fasse ?
Dans sa cour, dans son cœur, dis-moi ce qui se passe.
HERMIONE
Mais que puis-je, Seigneur ? On a promis ma foi.
Lui ravirai-je un bien qu'il ne tient pas de moi ?
L'amour ne règle pas le sort d'une princesse :
La gloire d'obéir est tout ce qu'on nous laisse.
(Acte III, scène 2)
Je me livre en aveugle au destin qui m'entraîne.
Le croirai-je, Seigneur, qu'un reste de tendresse
Vous fasse ici chercher une triste princesse?
Ou ne dois-je imputer qu'à votre seul devoir
L'heureux empressement qui vous porte à me voir?
Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?
Acte V, Scène 4
Que vois-je? Est-ce Hermione? Et que viens-je d'entendre?
Pour qui coule le sang que je viens de répandre?
Je suis, si je l'en crois, un traître, un assassin.
Est-ce Pyrrhus qui meurt? Et suis-je Oreste enfin?
Quoi? J'étouffe en mon coeur la raison qui m'éclaire,
J'assassine à regret un roi que je révère,
Je viole en un jour les droits des souverains,
Ceux des ambassadeurs, et tous ceux des humains,
Ceux même des autels où ma fureur l'assiège:
Je deviens parricide, assassin, sacrilège.
Pour qui? Pour une ingrate à qui je le promets,
Qui même, s'il ne meurt, ne me verra jamais,
Dont j'épouse la rage! Et quand je l'ai servie,
Elle me redemande et son sang et sa vie!
Elle l'aime! Et je suis un monstre furieux!
Je la vois pour jamais s'éloigner de mes yeux!
Et l'ingrate en fuyant me laisse pour salaire
Tous les noms odieux que j'ai pris pour lui plaire!