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sur 2590 notes
(CETTE CRITIQUE CONCERNE RACINE, merci de ne pas la fusionner avec celle d'Euripide comme cela s'est déjà produit deux fois !)
Ô magie du verbe et de la belle langue,
Qu'il est bon, qu'il est suave par moments de
S'adonner à ton jus, doux comme la mangue,
Et un tel délice qu'on en redemande.
Contre les maux, il n'est point de médecine
Meilleure, et donc, merci Monsieur Racine.
L'Andromaque de Jean Racine est bien différente de celle d'Euripide. En effet, il battit une composition parfaitement symétrique : quatre personnages, quatre conseillers ; quatre hommes, quatre femmes ; deux amants refoulés, deux femmes qui brûlent d'amour.
Ah ! c'est là que la symétrie se rompt, car l'une de ces amantes, Hermione, est la légitime, elle est amoureuse de celui qui devrait être son époux et qui, sous ses yeux la place en position d'amante refoulée, elle aussi, ce qu'Andromaque n'est pas, puisque son amour à elle, a connu le trépas sous l'épée d'Achille, le père de Pyrrhus (il est aussi appelé Néoptolème, notamment chez Euripide).
Évidemment, une fois encore, c'est un peu mieux si l'on connaît au préalable un peu L'Iliade d'Homère ou du moins les principaux traits de la Guerre de Troie et de ses suites, dont Andromaque est un « butin » de vainqueur pour Pyrrhus, lui qui a mis à mort le vieux roi de Troie Priam, père d'Hector, le premier mari d'Andromaque.
L'angle d'attaque que choisit Racine, je le rappelle : Oreste aime Hermione qui ne l'aime pas, Hermione aime Pyrrhus qui ne l'aime pas et Pyrrhus aime Andromaque qui ne l'aime pas, place le couple Hermione-Pyrrhus au centre d'un balancement digne d'une grande marée d'équinoxe entre deux points qui eux ne varient guère, Oreste d'une part et Andromaque de l'autre. Ici, c'est donc l'amour et la fulgurance des sentiments qui constituent le fer de lance du drame tandis qu'Euripide mettait le doigt sur le risque de conflit entre les nations que cette histoire d'amour mésamour entraînait.
Andromaque joue un petit rôle, quantitativement, et ce n'est pas sur elle que l'objectif, que l'analyseur de sentiments est braqué.
Pourquoi la pièce s'appelle-t-elle Andromaque, alors ? Parce que c'est elle qui tient tout le jeu dans sa main. de son acceptation ou de son refus de l'amour de Pyrrhus découlera une cascade de conséquences, entraînant le mouvement de va-et-vient de Pyrrhus et d'Hermione, scellant ainsi le destin d'Oreste.
Ce faisant, l'élément de construction de la tragédie qui touche au génie est bien évidemment l'entremise du fils d'Andromaque. C'est sur ce maillon que vont s'exercer toutes les pressions. Tout d'abord c'est lui qui relie Oreste et Andromaque puisqu'au début du drame, Oreste vient réclamer, au nom des tous les Grecs, la vie du fils d'Hector, dernier rameau de la terrible Troie.
Ainsi, ce fils se transforme en moyen de pression fabuleux pour Pyrrhus dans son difficile travail de persuasion d'Andromaque. Faudra-t-il pour elle sauver son fils en aimant Pyrrhus et ainsi trahir son époux défunt Hector ou au contraire rester fidèle à ce héros, quitte à sacrifier son fils ?
Je vous avouerais que ces questions ne sont pas de celles qui me passionnent le plus. Pour moi, l'intérêt d'Andromaque ou de n'importe quelle autre pièce de Racine, l'immencissime intérêt, dis-je, c'est la langue, LA langue, le maniement du français comme on le rêve et qui sonne à merveille et qui touche à la magie. Mais, une fois encore, tout ceci n'est que mon avis, c'est à dire, pas grand-chose.
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Autant Andromaque est droite dans ses bottes, autant les autres protagonistes de ce drame racinien pourraient mentionner:"C'est compliqué"sur leur statut FB!
Qu'il est doux de lire des vers quand tout s'agite autour de vous...
Andromaque veuve inconsolable d'Hector est aimée de son geôlier Pyrrhus, roi d'Epire. Pyrrhus se damnerait pour obtenir le coeur d' Andromaque alors que sa promise, Hermione lui est tout acquise. Oreste, dépêché en Epire par l'armée grecque arrive comme un chien dans un jeu de quille, amoureux éperdu d'Hermione, il espère ramener sa belle et ne verrait pas d'un mauvais oeil un rapprochement entre Andromaque et Pyrrhus.
Mais bien entendu tout cela va tourner vinaigre, foin de tragédie.
La seule à manifester avec constance son amour pour son défunt époux Hector est Andromaque. Pyrrhus, pris entre son devoir de prince et ses élans amoureux tergiverse en permanence.
Les vers de Racine sont un pur régal, je crois encore entendre la voix de mon professeur de français, Mme Meunier nous faisant la lecture, comme à de jeunes enfants, bonheur à l'état pur...
L'opuscule s'accompagne de précisions fort intéressante sur la genèse de l'oeuvre. Petite anecdote, le dernier acte a été modifié, Racine ayant supprimé l'intervention d'Andromaque qui ne rajoutait aucun effet dramatique.
Une héroïne très discrète puisqu'elle dit fort peu de vers, au service d'une oeuvre intemporelle sur le tourbillon des sentiments!
Chacun pour soi est reparti dans le tourbillon de la vie.... Enfin presque...
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Je ne vais pas prétendre proposer un avis analytique et érudit du chef d'oeuvre de Racine, je ne le peux pas, je me contenterai de livrer quelques impressions de lecture.

L'argument est connu, « Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui aime Hector, qui est mort ». Ce qui m'a frappée en premier lieu à la lecture de la pièce c'est la peinture de la passion amoureuse. Les personnages livrent leur ressenti sans fard, sans pudeur et ce qui éclate à la face du lecteur c'est la violence des sentiments. Dans « Andromaque » l'amour, loin de rendre meilleur, rend celui qui l'éprouve cruel et égoïste, même vis-à-vis de l'être aimé. Ainsi peu importe à Pyrrhus qu'Andromaque ne cède à ses désirs que pour sauver son fils. Tout comme les sentiments d'Hermione à l'égard de Pyrrhus oscillent entre amour et haine.

Quand je lis une pièce, j'aime essayer de l'imaginer sur scène. Pour « Andromaque » j'ai imaginé une mise en scène épurée, dépouillée à l'extrême, pas ou peu de décor, pour laisser toute la place au texte. Parce que, bien sûr, il est là le véritable point fort de la pièce. le texte est simplement sublime. Les vers sont d'une beauté étourdissante tout en étant d'une totale fluidité. J'ai été surprise en découvrant combien ça se lisait facilement.

Récemment, j'avais voulu me frotter à du théâtre contemporain et j'avais lu une pièce de Reza. Je n'avais pas aimé ma lecture. J'avais tout particulièrement été gênée par la médiocrité des dialogues. Certes ils sonnaient vrais mais qu'ils étaient déplaisants à lire. Aucune poésie, aucun jeu avec la langue. C'était moche. Je m'étais alors dit que le théâtre contemporain n'était pas pour moi (même si je veux bien croire que certains auteurs proposent des choses intéressantes) et que le théâtre classique correspondait plus à mes attentes. « Andromaque » confirme cette impression. Avec cette langue si belle, j'ai retrouvé ce que j'aime quand je lis du théâtre.

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Cette troisième pièce de Racine est le véritable point de départ de sa carrière.
Cette tragédie en vers de cinq actes crée au Théâtre de Bourgogne en 1667 introduit dans le drame une violence alors inconnue dans un Théâtre mené auparavant surtout par Corneille.
Oreste, envoyé des grecs à Buthrote, réclame à Pyrrhus, roi d' Épire, que lui soit livré Astyanax, le fils de la troyenne Andromaque.
Pyrrhus, délaissant Hermione sa fiancée, aime passionnément Andromaque.
Il impose à celle-ci le mariage comme prix de sa liberté.
Oreste déclare alors sa flamme à Hermione qui le repousse, avant de se raviser car Pyrrhus vient, une nouvelle fois, de l'humilier.
Oreste pense à enlever Hermione, avec la complicité de son ami Pylade.
Andromaque, pour sauver son fils, accepte d'épouser Pyrrhus mais se suicide après la cérémonie. Hermione demande à Oreste comme preuve de son amour qu'il tue Pyrrhus et se donne la mort.
Oreste, perdant la raison laisse la conduite du royaume à Andromaque, sa nouvelle reine.
C'est un drame violent et sombre de la passion et de la folie qui se joue sur le tombeau d'Hector. le style de Jean Racine, toujours flamboyant et élégant, fait de cette pièce un morceau classique éternel.
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Vous qui croyez que la raison l'emporte sur la passion, venez ici lire combien vous vous trompez !

Qu'est-ce qu'on est loin de Corneille, je trouve ! Chez ce dernier on voit souvent le devoir et la raison combattre à armes égales avec les passions. C'est ce déchirement entre deux forces antagonistes de même niveau qui est intéressant. Ici, le devoir n'est au mieux qu'un prétexte que les acteurs utilisent afin d'assouvir leurs passions. Il compte pour presque rien, comme une sorte d'anti-code bushido.

Oreste, fils d'Agamemnon, est envoyé par les Grecs auprès de Pyrrhus (connu ailleurs sous le nom de Néoptolème, fils d'Achille) afin de l'avertir de ne pas leur faire affront en épousant sa prisonnière, la troyenne Andromaque, veuve d'Hector. Pyrrhus doit assassiner le fils d'Andromaque afin que celui-ci ne vienne pas se venger dans l'avenir. Mais dans le fond il espère que Pyrrhus passera outre, car Pyrrhus est déjà officiellement attaché à Hermione, fille d'Hélène et Ménélas, et Oreste est frapadingue d'Hermione depuis toujours.
Hermione, elle, espère qu'Oreste réussira dans sa mission car elle est frapadingue de Pyrrhus.
Pyrrhus, lui, est foldingue d'Andromaque qui, disons-le, n'en a rien à cirer. Elle essaie seulement de le ramener à son devoir de ne pas toucher à son fils.
Bref que des passions unilatérales. Les enfants des héros de la guerre de Troie ne valent pas mieux que leurs parents.

Racine fait monter tous ces sentiments en mayonnaise. J'ai souvent eu l'impression d'avoir affaire à des ados qui se prennent ces émotions puissantes dans la face pour la première fois. Car dès que l'amoureux (Oreste, Hermione ou Pyrrhus) comprend qu'il n'a aucune chance d'être payé de retour, il change son fusil d'épaule et fait acte de cruauté afin de se faire haïr de l'être aimé. Cela vaut cent fois mieux que l'indifférence, que l'absence de sentiments à son égard. Et puis la force de leur amour les noie à nouveau et ils essaient de défaire ce que leur colère a provoqué.
A ce jeu il faut des perdants et des gagnants… ou alors carrément que des perdants, et c'est là qu'on tombe dans la tragédie. Seuls les Grecs sont satisfaits à la fin, je suppose.

Racine change un peu le mythe d'Oreste. Dans ce dernier les Érinyes – aussi appelées Furies –, ces déesses qui persécutent les parricides, commencent à poursuivre Oreste quand celui-ci tue sa mère Clytemnestre. Ici, ce ne sont que visions de folie qui lui apparaissent lorsque la plupart des acteurs ont passé l'arme à gauche. C'est à cause d'elles qu'il déclame à la fin : « Hé bien, filles d'enfer, vos mains sont-elles prêtes ? Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? ».
De fait la dimension mythologique est complètement oubliée dans cette pièce. Les hommes n'ont pas besoin que des Dieux interviennent pour les faire agir de manière irraisonnée. Ils se suffisent bien à eux-mêmes pour cela.
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Cette tragédie est une vraie chaîne amoureuse à sens unique.

Oreste se confie à son ami Pylade qu'il est amoureux d'Hermione et qu'il souhaite la récupérer mais celle-ci aime et est promise à Pyrrhus par le roi de Sparte, Ménélas.
Pyrrhus quant à lui, déclare sa flamme à Andromaque mais celle-ci se refuse à lui car elle souhaite rester fidèle au souvenir de son mari Hector qui a été tué par Achille lors de la guerre de Troie. le fils d'Andromaque, Astyanax et retenu prisonnier et Andromaque va tout faire pour le libérer.

Jean Racine nous livre une tragédie assez incroyable où chaque personnage en aime un autre et n'est jamais aimé en retour.
Chacun d'entre eux va quand même tout faire pour arriver à ses fins.
Oreste est prêt à tout pour plaire à Hermione même en commettant l'irréparable.
Hermione n'arrive pas vraiment à savoir ce qu'elle veut réellement concernant Pyrrhus mais va quand même prendre une décision le concernant.
Pyrrhus est prêt à tout pour obtenir le coeur d'Andromaque même d'aller livrer le fils de cette dernière aux Grecs.
Andromaque est prête à tout pour sauver son fils.

Au final personne n'est vraiment heureux et une succession d'événements tragiques vont intervenir dans le dernier acte.

J'ai apprécié cette tragédie même si elle était un peu loufoque. On peut quand même souligner qu'au 17ème siècle, les auteurs ne manquaient pas d'idées.
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Dans « Le Collectionneur de sons » du roumain Anton Holban la première nouvelle, hommage à la jeunesse et à Racine, intitulée « À l'ombre des jeunes filles en fleurs » (sic !) traite habillement d'une « Comparaison entre Andromaque et Hermione ».

Et vous, êtes-vous plutôt Andromaque ou Hermione ?

Pour répondre il faut avoir lu cette magnifique pièce de Racine, exemple classique de la fatalité de l'amour, avec le topo habituel : « Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque, qui aime Hector, qui est mort... » (qui est mort et donc n'aime plus personne, le top serait qu'en plus il aime Oreste…). La construction de cette tragédie est très classique : en cinq actes, trois unités, analepses dans les dialogues. Pour couronner le tout il y a la folie dans laquelle sombre Oreste à la fin de la pièce, comme un traumatisme suite au carnage… Il n'en demeure pas moins que les portraits des deux femmes sont très poignants.
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Comment arrive-t-on à un livre ? Parfois c'est un conseil, une couverture, une lubie.... Là rien à voir ! En fait j'ai commencé à lire une nouvelle dans le recueil "Le Collectionneur de sons" d'un auteur roumain. Nouvelle qui s'intitule "A l'ombre des jeunes filles en fleurs". Va-t-on parler de Proust dans cette nouvelle ? Que nenni ! A peine commencée la lecture de cette nouvelle, me voici coincée : des jeunes lycéennes (roumaines) étudiant "Andromaque" de notre Racine national.... oui mais voilà moi je ne l'ai jamais lue cette pièce.... Je l'avoue, j'ai eu honte et j'ai donc arrêté ma lecture à peine commencée pour me lancer dans "Andromaque".
.
Je craignais un peu cette lecture. le théâtre c'est quand même mieux en vrai, avec scène, acteurs.... Et puis le théâtre classique inspiré de l'Antiquité.... j'étais moyennement motivée....
Quelle erreur ! Je me suis régalée !
En résumé : 4 personnages, 2 hommes, 2 femmes, avec A qui aime B qui se languit de C qui ne pense qu'à D. Et d'(Andromaque) qui ne vit que du souvenir de son Hector assassiné.
Clairement j'ai préféré les deux figures féminines aux princes masculins. Elles sont prisonnières de la situation, de leur temps, mais essayent de trouver des solutions pour pouvoir vivre ce qu'elles veulent vivre, être ce qu'elles veulent être et surtout aimer qui elles veulent aimer. Des deux, Andromaque et Hermione, j'ai une préférence pour Hermione plus humaine (même dans ses travers), moins glacée que la princesse troyenne.
.
Je peux maintenant reprendre la lecture de ma nouvelle roumaine ! Bon si par contre il faut que je lise intégralement "A la recherche du temps perdu", je suis mal.....
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Voilà un classique du genre théâtral que beaucoup considère comme la meilleure oeuvre du célèbre Racine. le dramaturge du XVIIe siècle n'a pas son pareil pour mettre en scène les plus grandes figures féminines de l'histoire, de Bérénice à Iphigénie en passant par Athalie et bien sûr Andromaque, et comme souvent c'est dans l'Antiquité qu'il va chercher l'inspiration. Quatre protagonistes pour cette pièce : Oreste, fils d'Agamemnon et Clytemnestre, fou amoureux de sa cousine Hermione ; cette dernière, fille de Ménélas et de la belle Hélène, aime pour sa part Pyrrhus, fils d'Achille, qui se consume pour Andromaque, femme du défunt héros troyen Hector et désormais uniquement concernée par la sécurité de son fils, Astyanax (ça va vous suivez?).

L'auteur manie les mots comme personne et nous offre une oeuvre bouleversante dans laquelle l'intensité dramatique ne cesse de croitre au fil des pages jusqu'à son paroxysme. Les héroïnes de Racine sont magnifiques dans leur douleur, qu'il s'agisse d'Andromaque se refusant à faire le deuil de son époux, ou d'Hermione, rongée par la jalousie et son désir de vengeance et que même l'amour d'Oreste ne pourra sauver. Moi qui ne suis pas spécialement amatrice de ceux que l'on considèrent aujourd'hui comme des « auteurs classiques », c'est toujours avec bonheur que je me plonge dans les oeuvres de Racine dont Andromaque est à mon sens la plus aboutie.
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L'humain dont la passion a fait son sujet et son esclave se demande « l'amour peut-il si loin pousser sa barbarie ? » Andromaque, Acte III, scène VIII.
La tragédie Andromaque laisse le pouvoir destructeur à la raison de la passion dans une chaîne d'amour à sens unique où l'amour se transforme en haine, vengeance et sacrifice, un sans retour pour les personnages vécu comme un destin qui les entraîne et contre lequel ils essaient de lutter sans chance de gagner.
Andromaque, veuve de Hector, héros troyen tué par Achille, ne garde de Troye que son fils Astyanax. et porte un amour fidèle à son mari défunt. Pyrrhus, fils d'Achille, roi d'Epire est amoureux d'Andromache, Hermione, aimée par Oreste, est promise à Pyrrhus qui ne l'aime pas. le cercle se ferme et couve la vengeance, la pitié n'a pour elle que les larmes.
Oreste, Hermione et Pyrrhus se livrent à leur passion mais dans la chaîne il y a Andromaque et tous les quatre sont liés les uns aux autres dans un jeu de cartes lourd dangereux et funeste.
Ambassadeur des grecs, Oreste doit réclamer le fils d'Andromaque craignant que Astyanax pourrait, plus tard, venger la mort de son père. le point faible se dessine et l'erreur s'engendre : Oreste vit avec sa passion mais ignore que les autres font pareil, et qu'ils ne peuvent pas avoir un jugement cohérent, ils s'égarent, hésitent, reviennent sur leur décision et tombent dans le piège de la maille faible. La force de la passion cède, et l'inévitable ou le destin se joue de tous, conséquence naturelle.
Pylade plaint cette faiblesse  et dit à son ami Oreste :
«Ainsi n'attendez pas que l'on puisse aujourd'hui
Vous répondre d'un coeur si peu maître de lui :
Il peut, Seigneur, il peut, dans ce désordre extrême,
Épouser ce qu'il hait, et punir ce qu'il aime. » Acte I, scène I

Chaque changement d'attitude d'un personnage entraîne fatalement des réactions en chaîne des autres pris dans ce jeu de domino. Logique absurde et naturelle à la fois de la chaîne tragique ! L'amour-passion-destruction, on n'y peut rien. Chaque action de chacun des 4 personnage ne peut que faire le malheur de l'autre.
La passion s'attaque à des forces aussi puissantes qu'elle et le résultat est malheureux. La profondeur psychologique de l'analyse racinienne nous parle du doute des personnages, dans leurs interrogations :
« L'amour n'est pas un feu qu'on renferme en une âme ;
Tout nous trahit, la voix, le silence, les yeux,
Et les feux mal couverts n'en éclatent que mieux. »  Oreste Acte II, scène II

« Que sais-je ? de moi-même étais-je alors le maître ?
La fureur m'emportait, et je venais peut-être
Menacer l'ingrate et son amant. » Oreste, Acte III, scène I

La construction rigoureuse, le crescendo de la passion folle et funeste qui sert l'unité de temps et augmente son côté dramatique sont d'une efficacité digne d'un grand maître.
Les vers alexandrins de Racine sont à lire à haute voix pour écouter leur grande musicalité et pour les sentir pénétrer, fluides, dans les consciences torturées des personnages, les mots se répondent, les rythmes s'harmonisent, beauté qui enchante et profondeur qui bouleverse.
Les personnages vivent intensément, mordent dans leur chair et combattent au-delà de leur vie croyant à chaque instant en la réussite de leur action. Aveuglés par le déchaînement de leur passions ils se jettent à corps perdu dans cette folie qui les engloutit sans espoir.
On se demande, comme Pyrrhus : « Peut-on haïr sans cesse ? et punit-on toujours ? » Acte I, scène IV.
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