Mais les soirées sombres étaient une chance. Allumer la lumière, se pelotonner sur le canapé, trouver le calme dans un livre : l'obscurité ne l'avait jamais effrayée, au contraire. Les journées et les nuits ensoleillées étaient vécues comme une incitation à rester éveillée, présente, contente et sociable à toute heure, tandis que l'obscurité lui donnait la possibilité de se reposer en sa propre compagnie.
C'était fou comme on pouvait se tromper, comme on pouvait faire les choses de travers et se retrouver l'instant d'après balancée comme de l'eau sale dans le caniveau.
Tant de fois dans sa vie, elle s'était enfuie. Enfuie des hommes, des circonstances de la vie.
Il est certaines distinctions pour lesquelles il faut se donner plus de mal que d’autres. Et pour ce faire, il faut tenir jusqu’au bout et franchir la ligne d’arrivée.
Ne plus s'enfoncer davantage dans l'obscurité aujourd'hui, pensa-t-elle. Ne pas se laisser déprimer par tout ce qui ne dépendait pas d'elle...
La vie n’avait pas besoin d’être plus compliquée que ça.
"C'était comme si le nouveau mât l'attachait à cette terre, à cette ferme, aux générations avant elle qui toutes avaient regardé vers un avenir maintenant devenu le passé."
"Aussi loin au nord, la lumière du jour déclinait beaucoup plus rapidement. Mais les soirées sombres étaient une chance. Aller la Lum!re, se pelotonner sur le canapé, trouver le calme dans y-un livre; l'obscurité ne l'avait jamais effrayée, au contraire. Les journées et les nuits ensoleillées étaient vécues comme une incitation à rester éveillée, présente, contente er sociable à toute heure, tandis que l'obscurité lui donnait la possibilité de se reposer en sa propre compagnie."
"C'est alors qu'elle l'aperçut.
Une aurore boréale impressionnante ondulait dans les tons rose et vert clair au-dessus du massif de Fosen. Elle devait être apparue en l'espace de quelques secondes: elle qui gardait toujours les yeux levés et regardait droit devant elle en courant n'y avait pas prêté attention jusqu'à maintenant"
C’était facile de prendre un bout de pain azyme, fin et friable comme il l’était ; quant à préférer les fruits aux légumes, ça s’expliquait évidemment par la guerre : quand enfin on le pouvait, on se jetait sur la nourriture dont on avait été privé pendant des années.
Lui-même avait vécu toute sa vie sans pouvoir savourer quoi que ce soit, ni le salé ni le sucré : il fallait se remplir le ventre le plus vite possible avec ce qu’Anna posait sur la table avant de se retirer et se réfugier dans le fauteuil du salon.
Mais les soirées sombres étaient une chance. Allumer la lumière, se pelotonner sur le canapé, trouver le calme dans un livre; l'obscurité ne l'avait jamais effrayée, au contraire. Les journées et les nuits ensoleillées étaient vécues comme une incitation à rester éveillée, présente, contente et sociable à toute heure, tandis que l'obscurité lui donnait la possibilité de se reposer en sa propre compagnie.
Elle entendit sa mère inspirer par le nez, prenant en quelque sorte son élan pour ses épanchements suivants.
— Je change de nom de famille, dit Torunn très vite. Je veux m’appeler Neshov. J’ai vérifié. Il faut seulement régler ça chez le préfet. Voilà. Maintenant c’est dit.
Sa mère garda le silence un long moment, il n’y eut pas un son à l’autre bout du téléphone. Mais Torunn pouvait l’entendre respirer, donc la ligne n’était pas coupée.
— Tu es toujours là ? demanda Torunn malgré tout.
Seulement ?
— Que veux-tu dire ?
Alors il fallait seulement régler ça chez le préfet ?
— En fait, oui. Puisque je vis ici, que Tor Neshov était mon père et que je suis l’unique héritière, cela me paraît juste. C’est aussi simple que ça.