Avec
La Bataille,
Patrick Rambaud nous offre un roman historique d'un genre quelque peu particulier sur un épisode de la gestae napoléonienne :
la bataille de Essling. Il s'agit d'une histoire pour le moins originale dans le sens où le récit est composé sans concessions.
Le premier contact que nous avons avec la Grande Armée est franchement cru : comportement du vainqueur sur celui qui n'est pas encore (mais l'a déjà été) vaincu avec tout ce que cela sous-entend (vols, viols et autres comportement inhumains). Napoléon est ici devenu l'ogre, le tyran, entouré de courtisans qu'il rudoie au gré de ses humeurs. Certains passages sont à la limite du ridicule (ainsi son attachement aux plaisirs de la table en général et au parmesan en particulier, ou ses expressions en patois corso-italien).
La première partie est sans doute la plus intéressante. Elle nous dévoile même quelques surprises avec l'ombre d'Haydn, la présence de Henri Beyle, plus de vingt ans avant le Rouge et le noir qui côtoie un certain Frédéric Staps. Si l'on excepte quelques figures (Lejeune, Lannes et Masséna à sa manière), les personnages sont plutôt des anti-héros, notamment le soldat Fayolle qui reste odieux d'un bout à l'autre du roman.
Certains thèmes intéressants sont présentés d'une manière qui peut surprendre. Ainsi la résistance des combattants ou des appelés, le ras-le-bol général, le côté réaliste de la Grande Armée, les suicides. Mais ceux-ci sont contrebalancés par le fait que tous les personnages semblent déjà connaître la future destinée de l'Empire (alors même que celui-ci est à son apogée). Ces jugements de valeurs contemporains non assumés agacent.
Les passages les plus longs, ceux directement consacrés à
la bataille, sont à la limite du soutenable. L'intérêt accordé aux ambulances, aux blessés est louable mais il faut avoir de l'estomac pour suivre l'auteur. Une manière de rendre hommage aux combattants aujourd'hui tombés dans l'oubli. Bien que le tout soit très bien écrit, une forme de lassitude, de ras le bol, apparait très rapidement.
Pour être franc, cet ouvrage m'a beaucoup déçu. Sa renommée, les récompenses obtenues, son adaptation en bande dessinée ont sans doute étés à l'origine d'une sorte d'attente, hélas mal comblée par le récit. Il s'agit toutefois d'une référence qu'il faut avoir lu, ne serait-ce que pour rendre hommage aux combattants de cette époque déjà si loin de nous. Une bonne connaissance de l'époque napoléonienne est toutefois requise pour pleinement l'apprécier.