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Citations sur Jean-Luc persécuté (16)

Le vent s'était levé, un grand vent de montagne qui vient avec comme deux mains, et renverse les gens sur les routes.
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Il demeurait abattu et fermé, le soir vint, ils mangèrent encore, vint tout à fait la nuit ; quand ce fut l’heure d’aller se coucher, elle lui dit : « Viens-tu ? ». Il lui dit : « Va la première ! ». Il attendit un moment. Ensuite, poussant la porte, il s’assura d’abord que Christine était endormie, et seulement alors se glissa dans le lit. Il fit tout doucement, en sorte qu’elle ne se réveillât pas ; il s’étendit près d’elle, mais ne put s’endormir.

La chandelle brûlait sur la table avec sa petite flamme pointue, un peu fumeuse dans le bout. Et il la voyait là tout près, celle qu’il avait tant aimée ; ses tresses dénouées pendaient sur l’oreiller ; de dedans sortait sa petite oreille et, tiré en arrière, son front était lisse et luisant ; ah ! il aurait voulu mettre un baiser dessus, cependant il se contenait ; et puis, à cause qu’en rêvant elle avait sorti son bras nu, il ne put s’empêcher, il étendit la main, mais presque aussitôt il la retira, comme brûlé par ce toucher ; il se mit à trembler, il souffla la chandelle.
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" Il y avait un air épais autour de la lampe qui pendait au plafond ; où ils étaient sept ou huit hommes, dont Jean-Luc. Jean-Luc avait fait venir un premier litre, qui était bu ; il en fait venir un deuxième, qui fut bientôt vide, lui aussi ; alors il cria : " Encore un ! " qu'on lui apporta. Il le souleva, ayant sorti sa bourse qu'il soupesait de l'autre main ; il reprit : " C'est encore elle qui est la plus lourde."
" C'est que je suis riche ! " continua-t-il. "

[C.F. RAMUZ, "Jean-Luc persécuté", 1908, Chapitre septième]
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Le soleil baissa et toucha le bout du grand Bourni pointu qui devint tout noir sur le ciel en lumière ; dans la boule brillante, il entra comme un coin, par lequel elle fut fendue, s'écartant dans le bas, puis mordue plus profond et séparée en deux. Alors, comme d'un tison qui s'écroule, monta haut dans le ciel une poussière d'étincelles. Et, à gauche et à droite, l'horizon tout doré s'ouvrait, et les larges espaces avec leurs milliers de montagnes, et de dedans les creux une vapeur montait, tandis que l'étang à présent descendait peu à peu dans l'ombre, et que, comme élevées au contraire au-dessus des choses par les suites d'étages de bois et de rochers, d'où fuyait lentement le bel éclat du jour, les neiges rondes des sommets étaient peintes et fleuries de rose.
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Mais Jean-Luc continua de veiller, car ses pensées étaient à présent nettes en lui et nette sa résolution. Il se dit : " Elle m'a trompé déjà une fois, aujourd'hui c'est la seconde. J'ai été lâche, est-ce que je serai lâche à nouveau ? Il se répondit : " NON ! " et un pli se creusait entre ses deux yeux, car il avait honte de lui.
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Il le fit asseoir près de lui et tout de suite le fit boire.
« À ta santé, reprit-il ; quand on est heureux on boit bien, quand on boit bien on est heureux. »
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Le printemps était là, mélangé comme il est de bleu et de noir, avec des jours de beau soleil, puis des averses et du vent. Mais qu'est-ce que cela lui faisait ? il trouvait plaisir à la pluie, il trouvait plaisir au soleil. Il y avait eu les anémones violettes, les crocus qui aiment l'eau, les hépatiques des haies, les primevères comme des assiettes. Alors viennent les gentianes. Il semble qu'on voit le blé pousser : tout d'un coup, il a un pied de haut. Et, le soir, l'air qui passe a un goût de pain frais. Jean-Luc ouvrait la bouche, il disait : « C'est bon ! »
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Comme il avait été convenu qu'il irait ,ce dimanche là, voir une chèvre à Sasseneire, Jean-Luc Robille, après avoir mangé prit son chapeau et son bâton. Il alla ensuite embrasser sa femme (car il l'aimait bien et il n'y avait que deux ans qu'ils étaient mariés ).Elle lui demanda:
--Quand seras-tu rentré ?
Il répondit :
--Vers les six heures.
Il reprit:
--Il faut que je me dépêche parce que Simon doit m'attendre,et il n'aime pas qu'on le fasse attendre .
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Ce fut un clair matin. Il avait dormi tard, un beau soleil entrait par la fenêtre, l'herbe avait déjà reverdi et voilà que Christine vint, apportant le petit Henri, lequel commençait à parler et à avoir sa connaissance ; elle lui dit : "C'est ton gros papa qui est là." Il répétait : "Papa ! papa !". Jean-Luc lui tendit les bras.

[C.F. RAMUZ, "Jean-Luc persécuté", 1908/1909, Chapitre troisième — page 317 de l'édition "La Pléiade", "C.F. RAMUZ : Romans", Tome I, 2005 ]
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Quelque fois, quand le soir ramenait la fraîcheur, il s'en allait sur le chemin de Fringes, qui file à plat contre la pente, et est tout bordé d'églantiers et de buissons à grappes blanches. Il allait là, portant l'enfant, et lui parlait.
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