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Citations sur Sire (8)

Pas une porte ne s'ouvrirait pour vous. On ne vous offrirait pas même un verre d'eau. Tandis que moi, de cent façons, j'entre partout, je suis partout. Ils mangent et boivent ce que je leur vends. Ils achètent ce que je leur construis, utilisent ce que je fabrique exactement à leur usage. Je dirais presque : à leur image. Ils s'endettent à mon profit par le truchement de mes propres banques. Ils lisent ce que j'imprime pour eux. Ils écoutent et ils regardent ce que je commande qu'on leur dise, qu'on leur montre, et ceux qui leur parlent en mon nom se croient libres par quelque gymnastique commode de conscience. Au nom de ce principe-là, j'autorise même des ignominies fructueuses qu'au demeurant nul ne me reproche. Il est un peu plus de minuit, Monseigneur. A cette heure où les enfants sont couchés et cessent de veiller sur les adultes, dans un million deux cent mille de ces logements - je le sais parce qu'on m'en fait le rapport triomphant chaque matin -, des gens se salissent l'âme devant leur poste de télévision. Ils se souillent d'images qui les déshonorent et qui ont été commandées, exécutées, interprétées, filmées, programmées, annoncées, diffusées par des misérables à mon service.
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Et ces gens-là ne prient-ils jamais ?
- Jamais, répondit M. Ixe. Cette fonction-là s'est perdue.
-Mais qu'espèrent-ils ?
-Durer sans être malheureux. Pour les meilleurs, sans s'ennuyer.
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- Qui sont ces gens ? demanda-t-il, tout pâle.
- La haine, répondit M. Ixe. La haine et la contagion de la haine.
- Sont-ils nombreux ?
- Des centaines de milliers, sans doute. En réalité, nul ne le sait. Ils sont l'écume de la multitude. Ils en procèdent naturellement.
- Sont-ils français ?
-Cela n'a pour eux aucune signification.
-Chrétiens ?
Le vieux monsieur hocha la tête.
-Ils ne sont rien. Ces mots-là n'éveillent rien en eux. Ils n'en connaissent même pas le sens.
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(...) mais je vous préviens, il est difficile de me mentir, et le frère Eudes, qui nous entend, est encore plus avare de sa confiance que moi.
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À dire vrai, je ne sais pas très bien qui je prie et pourquoi. Je ne prie pas avec des mots. Je ne sais pas les prières que l'on récite habituellement. Je les ai oubliées depuis longtemps et quand j'ai voulu les réapprendre, je me suis aperçu qu'elles me gênaient. Tandis que silencieusement, sans prononcer la moindre parole, simplement comme ça, en marchant dans la forêt, l'hiver, j'ai l'impression d'être moi-même une prière où se mélangent des sentiments qui d'ordinaire ne m'effleurent pas et que je ne saurais même pas exprimer. J'en suis le premier surpris. Des choses qui en toute autre circonstance me sembleraient bêtes et convenues, comme l'appartenance à une famille, à une religion, à un pays, à une race, le respect de la parole donnée, l'exaltation d'un engagement, l'amour d'une mère pour son enfant, la pitié envers les morts, l'honneur de soi, la fidélité à un maître…
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À dire vrai, je ne sais pas très bien qui je prie et pourquoi. Je ne prie pas avec des mots. Je ne sais pas les prières que l'on récite habituellement. Je les ai oubliées depuis longtemps et quand j'ai voulu les réapprendre, je me suis aperçu qu'elles me gênaient. Tandis que silencieusement, sans prononcer la moindre parole, simplement comme ça, en marchant dans la forêt, l'hiver, j'ai l'impression d'être moi-même une prière où se mélangent des sentiments qui d'ordinaire ne m'effleurent pas et que je ne saurais même pas exprimer. J'en suis le premier surpris. Des choses qui en toute autre circonstance me sembleraient bêtes et convenues, comme l'appartenance à une famille, à une religion, à un pays, à une race, le respect de la parole donnée, l'exaltation d'un engagement, l'amour d'une mère pour son enfant, la pitié envers les morts, l'honneur de soi, la fidélité à un maître...
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Dans la chambre voisine, Marie ne dormait pas non plus. Le privilège des vrais jumeaux. Leur force. Devant Dieu, ils se relaient. Quand l'un souffre, quand l'un flanche, quand l'un doute, l'autre prie. Marie priait.
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_ Le regard. Chez les adolescents d'aujourd'hui, on ne trouve plus de regard comme cela, heureusement.
_ Précisez, je vous prie.
[...]
_ Je n'aime pas ce mot mais je n'en trouve pas d'autre, Monsieur le ministre, dit Racado. La pureté. Ces trois-là ressemblent à l'autre. Une limpidité de regard à vous dégoûter à jamais d'être né.
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