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EAN : 9782253062332
281 pages
Le Livre de Poche (29/06/2001)
3.88/5   129 notes
Résumé :


Une nuit de février 1999, Philippe Pharamond de Bourbon, descendant des Capétiens, est sacré roi de France dans la cathédrale de Reims.

Mais la France endormie n'a rien su de l'équipée qui, depuis l'Atlantique, l'a mené à cheval à Saint-Benoît-sur-Loire, puis Saint-Denis, échappant au limier des Renseignements généraux que le ministre de l'Intérieur a mis à ses trousses.

Roman monarchiste ? Non, roman tout court. Mêlant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Avec "Sire", Jean Raspail livre un roman d'anticipation puisque son propos se déroule en 1999 - un 1999 imaginé en 1991, avec un Président de la république sans visage auquel est subordonné un Premier ministre qui va connaître une intéressante évolution. Laquelle? de républicain convaincu, il va être progressivement convaincu de l'évidence de la monarchie en France... et ce, à partir du 21 janvier 1999. Soit très exactement 206 ans après que Louis XVI a été décapité.

Quel est le propos de Jean Raspail dans ce roman? L'auteur imagine un certain Philippe Pharamond, et le peint en héritier du trône. Et le fait parcourir tout un jeu de piste qui le conduira à devenir roi. Roi de France, roi de son jardin, peu importe, l'essentiel étant qu'il soit dûment investi de la mission qui, organiquement, intimement lui revient. Au fond, c'est une affaire entre Dieu et le monarque consacré, ou du moins Jean Raspail la présente-t-il comme telle, certain que seule la monarchie de droit divin est digne de ce nom, tout le reste n'étant que dictature et despotisme.

Jean Raspail recrée ainsi tout un jeu de piste, à telle enseigne que l'on pense parfois au "Da Vinci Code" de Dan Brown. Mais si ce dernier livre un roman efficace reposant sur une énorme documentation, Raspail amène ici un roman certes plus exigeant, mais aussi empreint d'une culture historique immense qui colle à la peau de l'auteur comme une seconde nature, et surtout d'une immense sincérité. le jeu de piste conduira le lecteur à Reims, à Saint-Denis, à Paris, et le fera se souvenir de Pully, en Suisse; il partira à la poursuite de la Sainte Ampoule et de Joyeuse, l'épée de Charlemagne. Enfin, Jean Raspail fait un clin d'oeil à ses bons vieux Pikkendorff.

Certes, la magie des romans qui viendront plus tard (en particulier le formidable "Les Royaumes de Borée") n'intervient pas d'entrée de jeu, ce qui peut induire une certaine déception - je l'ai ressentie. Quelle magie peut-il y avoir, en effet, dans les dialogues entre un Premier ministre, Rotz, et son âme damnée, Racado, derrière les fenêtres de la Place Beauvau? Mais il faut faire confiance à Jean Raspail: il ne vous laissera pas en plan en matière de fantastique.

Qui est Pharamond, en effet? Il s'agit du premier roi de France, bien avant Clovis II, à la différence près que Pharamond est un personnage de légende. Dans le roman, son homonyme, âgé de 18 ans, apparaît comme un "pur". Pur, sans péché? Ce serait beaucoup dire: comme tous les jeunes gens brillants, il se joue des épreuves à l'école sans trop travailler, et fait figure de rebelle. Rien d'un Christ moderne! Il est en revanche certain que ce jeune homme dispose d'un charisme extrême. Sans cela, comment se ferait-il que toutes les portes, même les plus hermétiquement closes, s'ouvrent devant lui? Quelques signes ne trompent pas, à l'instar de cette couronne de fleurs de lys déposée sur la Place de la Concorde, sans qu'on sache qui a fait ce geste. Plus loin dans le récit, Jean Raspail use avec virtuosité de ficelles éprouvées du genre, par exemple en situant des événements dans un brouillard si dense et si localisé qu'on se demande s'ils sont réellement survenus, ou en faisant essentiellement progresser son action au plus profond de la nuit, quand tout le monde dort.

Le fantastique et le surnaturel sont du reste indispensables à un récit mettant en scène la royauté française. Une histoire de roi, en acte ou en devenir, fait en effet nécessairement référence à des contes d'enfance. L'étrange survient également dans la relation des événements historiques qui ont mené à la situation actuelle. Qu'on pense au destin de la Sainte Ampoule, objet indispensable à tout sacre, brisée, récupérée, perdue, retrouvée comme par miracle, ou à la présence mystérieuse de témoins un peu plus concernés que d'autres lorsqu'un a vidé les tombeaux des rois pendant la Révolution française. Cela, naturellement, sans compter le coup de pouce de Dieu lui-même qui, avec la complicité de milliers d'anges gardiens, organise une panne de courant sur toute la région parisienne (Paris inclus) pour signaler l'imminence du couronnement à toutes les personnes concernées. le signe choisi? Seules les maisons qui resteront éclairées sont concernées. Au terme d'un cheminement personnel, même Rotz est acquis à la cause, et se retrouve nuitamment à la basilique Saint-Denis, livrée aux vandales... une basilique gardée par Rose, Antillaise de 120 kilos qui parle tous les jours à Louis XVI, par-delà la tombe. Face à la puissance de ces événements dont on ne saura jamais s'ils sont vrais, l'ultime résistant, Racado, semblera bien dérisoire; il finit par se jeter dans la Seine, de toutes façons...

Comment, enfin, Jean Raspail parvient-il à rendre la monarchie sympathique? Comment arrive-t-il à intéresser son lectorat à un bonhomme appelé à devenir, finalement, le roi de son jardin? La ficelle est fort classique, grosse même, mais elle fonctionne à 200% dans ce récit. L'équipe qui entoure le jeune roi Pharamond est en effet constituée de jeunes gens, à commencer par sa soeur jumelle. Leurs équipées nocturnes à cheval ont quelque chose d'héroïque. L'auteur parvient même à rendre le petit entourage de Pharamond représentatif de la société française, noblesse, clergé, tiers état. Tous ces jeunes gens sont portés par la certitude qu'il leur faut accomplir leur destin. Face à eux, se trouve le Premier ministre, forcément âgé, forcément un fusible - l'image même de la fonction éphémère, surtout dans le système français. Rotz finira du reste par être persuadé du côté dérisoire du système dont il est un rouage. Ces aînés sont des personnages arrivés, qui n'ont plus rien à prouver, ni même de marge de progression. Les hommes de main de Rotz et de Racado sont eux aussi interchangeables: qu'on pense aux inspecteurs A. et B. - alors que tous les personnages de l'entourage de Pharamond sont dûment nommés.

Avec tout ça, on deviendrait presque royaliste... j'exagère; mais Jean Raspail produit ici un ouvrage finalement convaincant, magnifique, empreint de nostalgie certes, mais aussi de tout l'esprit très beau qui empreint la monarchie telle que la France l'a connue.
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Et si au lieu d'élire tous les cinq ans un monarque impuissant tout juste bon à distribuer récompenses et prébendes à ses amis et obligés, les Français comme nombre de leurs voisins européens décidaient de remettre sur le trône de France le descendant des Bourbon? Idée farfelue, irréaliste...ils ne le décideront pas, les laïcs y veilleront; mais si l'héritier porté par de puissants personnages, à défaut de régner sur les Français, régnait sur la France éternelle à l'issue d'un couronnement aussi secret que conforme à la tradition du sacre de ses quarante prédécesseurs ?
Jean Raspail imagine cette fiction du couronnement d'un nouveau roi de France, ce qui permet au lecteur de découvrir ce qu'il est advenu des dépouilles royales profanées à la basilique Saint Denis en 1793; d'apprendre que l'épée de Charlemagne "Joyeuse" est visible de nos jours, que le "Saint Chrème" utilisé pour oindre le Roi au moment de son couronnement aurait pu finalement subsister alors qu'on le croyait détruit à la Révolution. Au minimum, ce roman donne envie d'aller visiter la basilique de Saint Denis où, dans un environnement hostile et dégradé, demeurent malgré tout les derniers restes de nos Rois et donc de notre Histoire.
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Je ne demande rien car je suis.

Jean Raspail nous donne une leçon extraordinaire d'absolu en un siècle d'utilitarisme.

Un livre incontournable pour comprendre le Principe Royal, la notion de sacré dans le pouvoir de la manière la plus élevée quasi immatérielle.

Prenez le temps de sortir du temps, de chevaucher un rêve avec Pharamond.
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Ce roman de Jean Raspail raconte l'histoire d'un jeune prince capétien qui chevauche jusqu'à Reims avec ses compagnons pour être sacré Roi de France en secret. le récit de cette histoire est entrecoupé de descriptions des destructions ayant eu lieu sous la Révolution.

Concernant le récit, il y a plusieurs passages très beaux, lyriques et chargés de symbolisme.
Mais tous les personnages, chacun représentant un archétype (le prince, la princesse, le noble, le moine, le politicard véreux, le prêtre défroqué...), sont décrits de manière bien trop caricaturale, si bien qu'ils ressemblent à des automates froids. Les dialogues sont inhumains, comme livrés par des personnages sans âme (un comble pour une oeuvre qui parle justement des âmes pures).
Par exemple, les jeunes compagnons du prince sont absolument inutiles et les rares fois où ils réagirent furent pour étaler des platitudes dignes de mauvais contes pour enfant.
Sur la quête en elle-même, tout est cousu de fil blanc, il n'y a pas vraiment de risque pour les personnages principaux, mais cela renforce le symbolisme d'un sacre secret et ignoré de tous.

Mais la force de ce récit, ce n'est pas la cavalcade fougueuse du prince vers Saint-Denis puis la Cathédrale de Reims, mais la narration magistrale des destructions des tombeaux royaux, de la vente du trésor des Rois, de la destruction de la Sainte-Ampoule. Tout est bien décrit, équilibré, entre la rage de la foule, ses ronronnements de plaisir devant la destruction terrible, les moments où elle arrête momentanément son oeuvre en entrevoyant ce qu'elle est en train de faire, le cynisme des Conventionnels...
Excellente description qui nous fait clairement voir ce qui a été, et qui nous fait ressentir une rage et un formidable dépit face aux destructions de ces chefs-d'oeuvre, de ces souvenirs et de ces symboles.
Il faut ici tirer notre chapeau à feu Jean Raspail pour avoir si bien réussi à nous faire ressentir une telle colère.
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Jean Raspail a eu une excellente idée d'imaginer un roman qui nous retrace l'histoire de la royauté, au travers des siècles et de la mort des rois, des saccages de leurs sépultures pendant les périodes révolutionnaires, le tout mêlé au couronnement d'un jeune roi imaginaire, organisé par le Saint Siège.
Ce jeune prince vit comme un chevalier sur une petite île avec sa soeur jumelle et queques amis où il est protégé de tout ce qui pourrait le corrompre.
J'aurais pu croire que j'étais plongée dans un roman sur la chevalerie au Moyen-Âge "où tout le monde est beau et gentil. "
Hélas, lorsque le récit nous fait entrer dans le 20ème siècle, tout n'est que laideur,
et violence, les autoroutes et les constructions hideuses, la ville de Saint-Denis un vrai coupe-gorge.
Ce livre veut-il nous faire découvrir que la royauté était un meilleur régime politique que la démocratie!
Malgré cette remarque, j'ai passé un agréable un moment en me remémorant certaines parties de notre histoire.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
_ Le regard. Chez les adolescents d'aujourd'hui, on ne trouve plus de regard comme cela, heureusement.
_ Précisez, je vous prie.
[...]
_ Je n'aime pas ce mot mais je n'en trouve pas d'autre, Monsieur le ministre, dit Racado. La pureté. Ces trois-là ressemblent à l'autre. Une limpidité de regard à vous dégoûter à jamais d'être né.
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Pas une porte ne s'ouvrirait pour vous. On ne vous offrirait pas même un verre d'eau. Tandis que moi, de cent façons, j'entre partout, je suis partout. Ils mangent et boivent ce que je leur vends. Ils achètent ce que je leur construis, utilisent ce que je fabrique exactement à leur usage. Je dirais presque : à leur image. Ils s'endettent à mon profit par le truchement de mes propres banques. Ils lisent ce que j'imprime pour eux. Ils écoutent et ils regardent ce que je commande qu'on leur dise, qu'on leur montre, et ceux qui leur parlent en mon nom se croient libres par quelque gymnastique commode de conscience. Au nom de ce principe-là, j'autorise même des ignominies fructueuses qu'au demeurant nul ne me reproche. Il est un peu plus de minuit, Monseigneur. A cette heure où les enfants sont couchés et cessent de veiller sur les adultes, dans un million deux cent mille de ces logements - je le sais parce qu'on m'en fait le rapport triomphant chaque matin -, des gens se salissent l'âme devant leur poste de télévision. Ils se souillent d'images qui les déshonorent et qui ont été commandées, exécutées, interprétées, filmées, programmées, annoncées, diffusées par des misérables à mon service.
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À dire vrai, je ne sais pas très bien qui je prie et pourquoi. Je ne prie pas avec des mots. Je ne sais pas les prières que l'on récite habituellement. Je les ai oubliées depuis longtemps et quand j'ai voulu les réapprendre, je me suis aperçu qu'elles me gênaient. Tandis que silencieusement, sans prononcer la moindre parole, simplement comme ça, en marchant dans la forêt, l'hiver, j'ai l'impression d'être moi-même une prière où se mélangent des sentiments qui d'ordinaire ne m'effleurent pas et que je ne saurais même pas exprimer. J'en suis le premier surpris. Des choses qui en toute autre circonstance me sembleraient bêtes et convenues, comme l'appartenance à une famille, à une religion, à un pays, à une race, le respect de la parole donnée, l'exaltation d'un engagement, l'amour d'une mère pour son enfant, la pitié envers les morts, l'honneur de soi, la fidélité à un maître...
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À dire vrai, je ne sais pas très bien qui je prie et pourquoi. Je ne prie pas avec des mots. Je ne sais pas les prières que l'on récite habituellement. Je les ai oubliées depuis longtemps et quand j'ai voulu les réapprendre, je me suis aperçu qu'elles me gênaient. Tandis que silencieusement, sans prononcer la moindre parole, simplement comme ça, en marchant dans la forêt, l'hiver, j'ai l'impression d'être moi-même une prière où se mélangent des sentiments qui d'ordinaire ne m'effleurent pas et que je ne saurais même pas exprimer. J'en suis le premier surpris. Des choses qui en toute autre circonstance me sembleraient bêtes et convenues, comme l'appartenance à une famille, à une religion, à un pays, à une race, le respect de la parole donnée, l'exaltation d'un engagement, l'amour d'une mère pour son enfant, la pitié envers les morts, l'honneur de soi, la fidélité à un maître…
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- Qui sont ces gens ? demanda-t-il, tout pâle.
- La haine, répondit M. Ixe. La haine et la contagion de la haine.
- Sont-ils nombreux ?
- Des centaines de milliers, sans doute. En réalité, nul ne le sait. Ils sont l'écume de la multitude. Ils en procèdent naturellement.
- Sont-ils français ?
-Cela n'a pour eux aucune signification.
-Chrétiens ?
Le vieux monsieur hocha la tête.
-Ils ne sont rien. Ces mots-là n'éveillent rien en eux. Ils n'en connaissent même pas le sens.
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Vidéo de Jean Raspail
Petits éloges de l'ailleurs : chroniques, articles et entretiens Jean Raspail Éditions Albin Michel
Recueil d'articles publiés dans la presse au cours des trois dernières décennies, consacrés à des sujets de société, à certains aspects de la langue française, au voyage, à l'histoire ou à des écrivains, parmi lesquels Jacques Perret, Jean Cau, Michel Mohrt et Sylvain Tesson. L'ouvrage offre un tour d'horizon des univers multiples dont s'est nourri le romancier. ©Electre
https://www.laprocure.com/product/325795/raspail-jean-petits-eloges-de-l-ailleurs-chroniques-articles-et-entretiens 9782226470478
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