Tous les doutes qu'on a élevés sur le grand poème de l'antiquité, on les a élevés pareillement sur le plus grand monument, peut-être, de la philosophie ancienne; la Métaphysique a eu le sort de l'Iliade. La Métaphysique a-t-elle pour auteur Aristote, ou du moins est-elle de lui tout entière? N'est-ce qu'un assemblage de traités différents réunis, à tort ou à raison, sous un titre commun? Est-il vrai enfin, si c'est un seul et même livre, et un livre authentique dans toutes ses parties, que diverses circonstances, du vivant d' Aristote ou après lui, soient venues en altérer le plan originel, et qu'on y puisse rétablir un ordre plus conforme au dessein de l'auteur? Les critiques se sont posé tous ces problèmes, et ne les ont pas encore complètement résolus : nous devons en chercher à notre tour la solution
A quelle époque la Métaphysique fut-elle connue pour la première fois? Il résulterait des lettres d'Aristote et d'Alexandre dont nous avons déjà eu occasion de parler, que le premier aurait de son vivant livré à la publicité au moins une partie des ouvrages que l'on a désignés dans l'antiquité sous le nom d'acroamatiques. Or, Plutarque prétend que par cette expression il faut entendre ici la Métaphysique.
La question de l'authenticité et de l'ordre de la Métaphysique est liée à celle de l'histoire, encore très obscure, des ouvrages d'Aristote.