L'exil s'est imposé pour la famille de Jacob et de Serina. De Constantinople où la situation des Juifs devient inconfortable, la famille gagne la France, un pays de liberté et de tolérance .
Christelle Ravey installe son récit avec méthode et délicatesse. Les personnages prennent vie progressivement, un peu lentement, je m'impatientais, mais ce rythme a la qualité de maintenir une attente inquiète. L'auteure entre dans l'intimité des personnages, privilégiant celui de Fanny, la fille aînée de Sérina et de Jacob. J'ai vécu quelques jours avec cette famille où les naissances se succèdent rapidement. J'ai accompagné son parcours traversé par les bonheurs et les tracas quotidiens, comme dans la vie réelle. L'introduction de termes yiddish, surprenants de prime abord finalement prennent leur place.
Dès les premières pages, on pressent que la fin de l'histoire ne saurait être heureuse. Les dates qui s’intègrent aux titres de chapitres, nous rapprochant de la deuxième guerre mondiale, suggèrent inévitablement la précarité du sort des Juifs.
Christelle Ravey parvient mêler les causes de l'éclatement des traditions et de la vie familiale sur fond de l'Histoire trouble du XX° siècle.
J'ai apprécié la réflexion sur la place de la femme et sur la famille traditionnelle malmenée par l'évolution des mœurs et l' interrogation sur le sens qu'on peut donner à sa vie par l'amour malgré tot teinté d'amertume.
Dans chacun des romans de Chistelle Ravey que j'ai lus, j'ai été frappée par l'expression de ces sentiments d'amour, de générosité, de compassion. « De couleur mauve » et « L'amour en fuite » de façon très différente mettent en scène des solitudes qui tentent de se rencontrer pour se muer en affection.
« Le tapisseau byzantin » est une recherche sur un passé qu'il faut comprendre pour affirmer son identité.
Christelle Ravey ne fait pas de littérature de bons sentiments, mais elle raconte avec élégance, simplicité et poésie la vie de vrais gens proches de chacun .