En entamant la lecture de ce roman, on peut se demander ce que peut bien signifier ce titre et quel rapport il peut avoir avec le décor dans lequel l'auteur nous entraine. On se trouve en effet transporté en Vendée, à la Tranche-sur-Mer pour être plus précis, à la fin des années 1920. Là, dans une grande villa à deux pas de l'océan, une petite fille solitaire prénommée Sidonie vit la vie de toutes les petites filles sages de l'époque : pendant que ses deux grands frères vont courir sur la plage, pêcher des coquillages et que sais-je encore, elle reste à la maison à faire de la broderie. Et tous les après-midi, la petite Sidonie monte dans sa chambre pour faire la sieste. Mais elle ne dort pas. Elle regarde, par la fenêtre, la maison située de l'autre côté du chemin qui mène à la plage. Et dans cette autre maison, une femme apparait parfois derrière les voilages ; une femme que l'on ne voit jamais sortir, une femme si fine et pâle qu'elle paraît presque transparente ; une femme qui, un jour, semble faire un signe à Sidonie.
Mais l'auteur nous éloigne de ce décor d'enfance, avec ses joies simples, ses questions dont les adultes détournent les réponses, ses secrets, ses inquiétudes et ses malheurs. Et l'on constate alors que, quels que soient le lieu ou l'époque, elle sait dépeindre avec le même talent des scènes amusantes, tendres, douloureuses, poignantes, cruelles ou, au contraire, émouvantes d'humanité. C'est ainsi que nous rencontrons une jeune étudiante parisienne de notre époque, un soldat allemand engagé dans la campagne de Russie en 1944, désespéré et meurtri par le froid, puis un couple d'exilés russes qui débarque à Paris juste après la révolution d'octobre. La Russie se dessine, on commence à deviner le sens du titre. Mais il reste toujours le mystère : quel était donc le secret de la belle recluse de la maison en bord de mer ? A-t-elle vraiment fait un signe à la petite Sidonie ? Et que voulait-elle lui dire ? Et, maintenant, quel lien peut bien exister entre tous ces personnages ? Que cherchent-ils, les uns et les autres ? Plus on croit comprendre, plus les questions s'accumulent.
Je n'en dirai évidemment pas plus, pour garder le suspense, mais, après l'élégance de la couverture, la beauté du style, la force et l'émotion de certaines scènes, il me faut souligner cette aptitude de l'auteur à maintenir la tension au fil des pages. Et quand, quelques chapitres avant la fin, l'ensemble du puzzle commence à se mettre en place, on n'a qu'une envie : atteindre la dernière page pour savoir, parmi tous les secrets que l'on devine, quels seront ceux qui parviendront à vaincre le temps et apporter le soulagement aux personnages.
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