Un des protagonistes de la nouvelle "Ronde de nuit à Koenigstein" se nomme "Dunkelwitz", qui signifie en allemand "plaisanterie sombre". On pourrait ainsi qualifier les contes de
Jean Ray, en raison de l'humour noir qui les sous-tend. Un démon n'apprécie pas la compagnie et joue des tours aux locataires d'un château de la forêt noire, la mort personnifiée se cache sous les traits affables d'un oncle qui se montre plutôt bon vivant, l'auteur lui-même se met en scène pour raconter sa "vraie" rencontre avec un fantôme récurrent.
Jean Ray expérimente sans cesse, s'adresse au lecteur, n'hésite pas à interrompre ses récits en plein milieu et à résumer la fin. Même le spectre du "Cousin passeroux" est littéralement coupé en deux. Des disruptions qui suscitent l'épouvante et/ou le rire jaune. La nouvelle "Rues" quant à elle semble cataloguer ces voies anodines qui sont en réalité des portes sur le monde des ténèbres, prolongeant ainsi l'exploration de la célèbre "ruelle ténébreuse".