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Citations sur Les deux étendards (29)

Pourquoi ai-je un tel haut-le-coeur devant ces farces ? Parce qu'elles puent la démocratie à cent pas.
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Pensez à votre grandeur, pensez-y sans cesse. Ce n'est pas de l'orgueil, c'est votre drapeau.
Anne-Marie
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Mais je ne suis plus très loin de penser que toute grandeur humaine se définit par les victoires sur notre faiblesse native. Le vrai grand homme est celui qui maintient sa pression.
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Si le bourgeois est d'abord le pourceau qui tue son âme et qui vivra l'éternité comme une larve de chenille, parce qu'il est trop stupide ou trop lâche pour en soutenir la pensée [...]
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Nous autres, ne pouvons avoir le choix qu'entre deux attitudes, nous déclarer pour l'anarchie ou pour l'aristocratie. Elles abhorrent l'une et l'autre la fiente égalitaire.
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Dans les heures où ils revenaient à la chère étude d'eux-mêmes, ils se félicitaient longuement de leur "fraternité complémentaire", ce roc où l'on reprenait souffle, d'où l'on pouvait faire face au monde entier, sans gloriole mais sans timidité, avec son petit baluchon, ramassé au temps naïf des collèges et des provinces, mais que l'on ne renierait jamais, qui enfermait quelques pièces d'or que l'on ferait toujours sonner assez fièrement.

P.55
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— Le mystique ne tient plus au dogme que par une radicelle infime, qui devient invisible. L’Église ne l’ignore pas, elle surveille de près ces aventuriers de la foi. Elle a condamné bien des mystiques d’un esprit autrement noble que les kyrielles de saints béats dont elle nous rabâche les miracles et les bonnes odeurs. Elle a longtemps tenu en suspicion Ruysbroeck et Suso. Elle a mis Jean de la Croix dans ses prisons, et sainte Thérèse écrivait qu’elle préférerait le savoir entre les mains des Maures, qu’il y trouverait plus de pitié. Ces mystiques se sont inclinés, ils se sont conformés aux ordres des fonctionnaires en théologie, la crainte de l’hétérodoxie a brisé leur élan, interrompu ou déformé leur œuvre. Au moment où ils se disaient définitivement ravis en Dieu, ils étaient réavalés par leur religion. Leur fameuse béatitude, c’est aussi la conciliation de leurs désirs, de leur bonheur – car ce sont des hédonistes, ni plus ni moins que tous les humains – avec les règles de leur catholicisme.

— C’est votre dernier mot ?

— Ah ! Fichtre non. Si nous étudiions d’un peu plus près cette expérience des grands mystiques… Il y a cette unification de leurs forces spirituelles, qu’ils obtiennent artificiellement, contre la multiplicité qui est la vraie vie. Il y a cette passivité de leur moi, qui est pour eux le signe que les paroles intérieures, les visions intellectuelles ne peuvent être que le fait de l’action divine. N’est-ce pas attendrissant pour nous, maintenant que nous connaissons tous nos sous-sols, toutes nos fermentations inconscientes ? Les voies des mystiques sont différentes. Mon cher Ruysbroeck part de la scolastique, Jean de la Croix du lyrisme intellectuel. Chez l’un comme chez l’autre, nous voyons fonctionner le déclic, nous voyons la manœuvre de l’aiguillage sous la main de l’homme. Ils ont entrepris une merveilleuse et héroïque croisière. Qu’en rapportent-ils ? Rien. Jean de la Croix garde le silence sur ses plus hauts états mystiques, « afin, dit-il, que l’on ne croie pas que cette chose n’est pas plus que ce qui s’en exprime. » C’est un souci admirable. Mais Jean de la Croix n’a rien dit. Il n’y avait rien à dire. Additionnez la part du corps, celle de la technique mentale, les influences subies, revécues inconsciemment, toutes les pressions du dogme : que reste-t-il de la connaissance mystique ? Rien, nada.
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— Il lui apparaît, alors qu’il est vivant, seul au milieu d’une quantité de vierges. Il lui semble extrêmement joli, beaucoup plus qu’au naturel. Elle se met à songer au Cantique des Cantiques : « Que mon bien-aimé vienne dans son jardin », ou quelque chose de ce genre ; enfin, c’est d’une naïveté extraordinaire, enfantine. Une telle candeur ne prouve-t-elle point la pureté de cette femme ?

— Je ne mets pas en doute un instant la pureté de cette bonne âme. Mais parlez-moi de la transverbération, de la « petite mort », de l’Hostie mystique, du fer dans les entrailles, des douleurs délicieuses. Il faut être un bedeau pour ne pas reconnaître là une sexualité qui s’ignore, qui s’ignore aussi profondément que vous voudrez, mais qui n’en explose pas moins. Les glossateurs catholiques nous disent que si Thérèse et beaucoup d’autres avaient perçu en elles la plus légère trace de sensualité, leur élan mystique eût été stoppé aussitôt. Mais elles n’en savaient rien. C’est le phénomène classique des substitutions sexuelles. Les curés nous somment d’en fournir des preuves scientifiques. Aimable échappatoire ! Nous jugeons sur les pièces qui nous sont fournies. Elles sont largement suffisantes.
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*

16 août. – Plusieurs heures passées avec saint Jean de la Croix, en m’efforçant de le pénétrer davantage encore, de méditer sous sa conduite. Mais tous les fragments de son œuvre, que j’ai le plus admirés quand je les lisais en dilettante, se glacent lorsque je vois leur lien avec le catholicisme. Étrange difficulté que j’ai d’être présent à moi-même. Ou plutôt : irréalité du prétendu « moi » qui veut adhérer au christianisme.

*

17 août. – Je ne tonne plus cette année contre l’animalité des paysans, vivant dans les infectes vapeurs des chaudières à cochons, dans les deux pieds de merde de leurs cours, fiente de volailles, fiente d’hommes et purin macérés. Les autres étés, j’avais une conscience de ma noblesse spirituelle qui rendait plus outrageantes encore ces ignominies, j’étais un roi parmi d’infâmes gorets. Cette année, je suis trop somnolent, trop incertain de toutes choses, et de moi-même d’abord, trop enclin à m’affliger de l’universelle condition humaine. Serait-ce les prodromes de l’affreuse pitié ? Oh ! contre cela, quoi qu’il advînt, je voudrais me défendre.

*

Je repasse dans ma tête tout ce que j’ai lu ou entendu sur les grandes crises religieuses : les déchirements, la tragique solitude, les désespoirs, l’épouvante métaphysique. Non, je ne me retrouve point dans ce romantisme. J’y perçois je ne sais quoi de vagissant, de féminin, de bestial, disons au moins d’élémentaire : le bipède domestiqué est pris de panique en ne retrouvant plus son maître à ses côtés.

Pour moi, j’ai éprouvé aussi la soif et la terreur de l’infini, mais lorsque je prenais mon vol d’oiseau sauvage, au-delà des dogmes et des religions. Maintenant que je suis rivé à cette tâche, au ras du sol, mon âme est sèche et muette. Mes tourments sont ceux d’un désert silencieux. Et si je parviens à y éveiller un sentiment, c’est l’angoisse du joug qui doit m’attendre.

Seigneur ! Seigneur ! que sans m’étudier, me peser davantage, je mette toute ma force à monter vers vous. Ce qui vaut pour les actes les plus terrestres de la volonté, vaut pour le but le plus haut à quoi cette volonté puisse tendre. À quoi que nous aspirions, nous sommes toujours des hommes, il n’est point deux méthodes pour exercer les facultés humaines. Avant de livrer bataille, on ne dissèque pas son âme, on rassemble tout son courage, on fixe l’adversaire avec obstination. Le vainqueur est l’homme d’une seule idée. Le vainqueur est l’homme qui se détermine. Seigneur, il n’est pas possible que vous vous soyez encore éloigné de moi, depuis que je vous cherche avec tant de persévérance ! Ma misérable tête d’homme m’aura soufflé de mauvais conseils. Voici venu le moment de s’arracher à soi-même, le moment des clairons et des hymnes. Un seul instrument, désormais : la prière. Seigneur ! que je ne sois plus qu’un cri continu vers vous, cri d’imploration, cri de confiance, cri du soldat qui se grise. Que je ne sois plus qu’une aspiration véhémente, aveugle, forcenée.

Rien. Du haut des Alpes, je tendrais mes bras et mes clameurs vers l’azur, vers les étoiles, vers les nuages, qu’ils ne seraient pas moins inaccessibles.

*
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