C’est là d’ordinaire, il est vrai, ce qu’on pourrait appeler une « anarchie aristocratique », ne revendiquant la liberté que pour le peuple choisi des Musagètes, que pour les gravisseurs du Parnasse. Chacun d’eux veut penser librement, chercher à son gré son idéal dans l’infini, mais tout en disant qu’il faut « une religion pour le peuple ! ». Il veut vivre en homme indépendant, mais « l’obéissance est faite pour les femmes » ; il veut créer des œuvres originales, mais « la foule d’en bas » doit rester asservie comme une machine à l’ignoble fonctionnement de la division du travail.
C'est bien la lutte contre tout pouvoir officiel qui nous distingue officiellement : chaque individualité nous paraît être le centre de l'univers et chacune a les mêmes droits à son développement intégral, sans intervention d'un pouvoir qui la dirige, la morigène ou la châtie.
En chaque pays, le capital cherche à maîtriser les travailleurs ; de même, sur le plus grand marché du monde, le capital, accru démesurément, insoucieux de toutes les anciennes frontières, tente de faire œuvrer à son profit la masse des producteurs et s'assurer tous les consommateurs du globe, sauvages et barbares aussi bien que civilisés. Le capitalisme déstructure l'harmonie naturelle et sociale, il réduit la planète à un gisement l'humanité à un marché.