Citations sur L'anarchie (33)
Que de nations périrent ainsi, oppresseurs aussi bien qu'opprimés ! Périrons-nous à notre tour ?
La terre deviendra propriété collective, les barrières seront enlevées et désormais le sol appartenant à tous pourra être aménagé pour l'agrément et le bien-être de tous. Les produits demandés seront précisément ceux que la terre peut le mieux fournir, et la production répondra exactement aux besoins sans que jamais rien ne se perde comme dans le travail désordonné qui se fait aujourd'hui. De même la distribution de toutes ces richesses entre les hommes sera enlevée à l'exploiteur privé et se fera par le fonctionnement normal de la société toute entière.
Dès que le révolutionnaire est arrivé, dès qu'il s'est casé dans une niche gouvernementale, il cesse naturellement d'être révolutionnaire pour se faire conservateur ; cela est fatal. De défenseur de l'opprimé, il se change à son tour en oppresseur ; après avoir excité le peuple, il travaille à l'émasculer. Nous n'avons point à citer ici de noms propres : l'histoire contemporaine les crie.
La conquête du pouvoir fut presque toujours la grande préoccupation des révolutionnaires, mêmes des mieux intentionnés. L'éducation reçue ne leur permettait pas de s'imaginer une société libre fonctionnant sans gouvernement régulier, et, dès qu'ils avaient renversé des maîtres haïs, ils s'empressaient de les remplacer par d'autres maîtres.
Reclus a fait la connaissance, en février 1877, de Kropotkine. [...] Ils élaborent ainsi le concept de communisme anarchiste. Quand le premier soutient que les producteurs doivent recevoir l'intégralité du produit de leur travail - " de chacun selon ses capacités, à chacun selon son travail " - le second repose sur le principe " de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ". Autrement dit, ce dernier prône une socialisation communiste, non seulement de la production mais aussi de la consommation. Tous les êtres humains, quel que soit leur statut, doivent pouvoir participer au grand banquet de la vie.
Ce que conserve néanmoins Elisée Reclus de son éducation protestante, une fois rejetés le principe de l'autorité transcendante et les institutions religieuses, c'est l'idée de la responsabilité individuelle de l'être humain non plus face à dieu, mais face à ses frères, ce végétarien précoce inclut au sein de "la grande famille" les animaux, qu'il désigne comme nos "véritables compagnons".
La liberté de penser a fait de tous les hommes des anarchistes sans le savoir.
La morale et la pratique anarchistes sont la règle même dans les réunions bourgeoises d’où, de prime abord, elles nous semblent complètement absentes. Que l’on s’imagine une fête de campagne où quelqu’un, soit l’hôte, soit l’un des invités, affecte des airs de maître, se permettant de commander ou de faire prévaloir indiscrètement son caprice ! N’est-ce pas la mort de toute joie, la fin de tout plaisir ? Il n’est de gaieté qu’entre égaux et libres, entre gens qui peuvent s’amuser comme il leur convient, par groupes distincts, si cela leur plaît mais rapprochés les uns des autres, et s'entremêlant à leur guise, parce que les heures passées ainsi leur semblent plus douces
Mais là où la pratique anarchiste triomphe, c’est dans le cours ordinaire de la vie, parmi les gens du populaire, qui certainement ne pourraient soutenir la terrible lutte de l’existence s’ils ne s’entraidaient spontanément, ignorant les différences et les rivalités des intérêts. Quand l’un d’entre eux tombe malade, d’autres pauvres prennent ses enfants chez eux, on le nourrit, on partage la maigre pitance de la semaine, on tâche de faire sa besogne, en doublant les heures. Entre les voisins une sorte de communisme s’établit par le prêt, le va et vient constant de tous les ustensiles de ménage et des provisions.
Il n'y a de morale que dans la liberté. C'est aussi par la liberté seule que le renouvellement reste possible.
Nous voulons garder notre esprit ouvert, se prêtant d'avance à tout progrès, à toute nouvelle idée, à toute généreuse initiative.
Mais, si nous sommes anarchistes, les ennemis de tout maître, nous sommes aussi communistes internationaux, car nous comprenons que la vie est impossible sans groupement social.