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3,69

sur 1860 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quelle avalanche de mots pour présenter les situations, les personnages, les lieux, les émotions… et quelle âpreté dans le choix de ces mots pour donner vie à cette histoire troublante, dérangeante, affligeante, consternante. Il faut patienter jusqu'à la dernière partie du livre pour comprendre, regretter, pleurer, se révolter, s'indigner. Il faut aller encore plus loin pour reprendre son souffle et respirer enfin. Une histoire marquante.

D. ROYER
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Il est rare qu'un livre me fascine tout en me laissant un profond sentiment de malaise. C'est pourtant ce que j'ai ressenti à la lecture de « L'amour et les forêts », mon premier Reinhardt. Je ne connaissais pas cet auteur et j'ai tout de suite apprécié cette belle écriture, sophistiquée, ciselée, au service d'une réflexion fine et profonde, le tout avec un procédé narratif bien dosé où l'écrivain se met en scène lui-même mais juste ce qu'il faut. L'héroïne reste bien Bénédicte Ombredanne, cette jeune femme cultivée, sensible, autrefois pétillante mais éteinte depuis qu'elle a épousé un homme qui s'emploie à l'humilier constamment. Ce livre m'a tiraillée dans tous les sens. J'ai été exaspérée que Bénédicte ne se révolte pas plus devant les vexations quotidiennes subies, j'ai presque eu la nausée à la lecture de la logorrhée d'insultes et de reproches qui s'abat sur elle après son escapade, j'ai savouré avec elle toutes les embellies qu'elle a réussi à obtenir de haute lutte, même temporairement (notamment un magnifique passage sur le plaisir de l'écriture), et puis je l'ai admirée, pas pour ses choix de vie, mais pour sa soif d'absolu, d'intensité, sa volonté de percevoir le beau et le sensible pour donner chaque jour un sens à sa vie. Une véritable héroïne romanesque égarée dans un monde contemporain trop rationnel et abrupt pour elle.
Lien : http://leschroniquesdepetite..
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Boulversant.
Voilà le qualificatif qui me vient à l'esprit pour ce roman.
Dans celui-ci, Eric Reinhardt se met en scène mais laisse le rôle principal à Bénédicte Ombredanne. Professeur de lettre, mère de famille et épouse malheureuse, cette femme sensible et intelligente livre un pan de sa vie et se dévoile à l'auteur.
Victime d'un mari pervers narcissique, elle est coincée entre l'image qu'elle a construite de sa vie et son adent désir d'amour et de liberté.
Son histoire combine un après-midi de bonheur dans les bras de Christian, des années d'auto-destruction et de souffrance auprès de Jean-François et le combat contre la maladie.
Au fil de l'intrigue et des confidences de la soeur jumelle de Bénédicte, nous comprenons que le point de rupture se nomme Olivier. Il existe une Bénédicte « avant Olivier » et une Bénédicte « après Olivier.
Le style de l'auteur est désarçonnant… tour à tour poétique voir lyrique et très cru.
Certains passages tirent en longueur (le tir à l'arc, Villiers de l'Isle Adam) et font perdre un peu de charme à l'histoire.
Malgré tout cela, j'ai lu les confidences de Bénédicte, partagé ses rares moments de félicité et compatis à son infortune avec plaisir et sincérité.
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Bénédicte Ombredanne est agrégée de lettres et enseigne dans un lycée. Parce qu'elle n'est pas retenue pour être membre du jury d'un prix littéraire, elle décide d'écrire à Eric Reinhardt pour lui dire que si elle avait été retenue, elle aurait défendu son dernier roman qu'elle a adoré. Eric Reinhardt lui répond et s'ensuit, non sans hésitation et réflexion de la part de l'écrivain (les écrivains ayant "la réputation d'être des croqueurs de lectrices"), une correspondance email suivie de deux rencontres. L'écrivain est rapidement intrigué par cette jeune femme, habillée avec recherche, à la manière d'une dandy toute droit sortie du XIXe siècle (veste en pane de velours, bottines lacées, bague ancienne...). Il se confie sur son travail d'écrivain (l'angoisse d'écrire un prochain roman plus mauvais que celui qui l'a rendu célèbre) et cette confidence (un zeste manipulatrice, mais pas totalement) incite à son tour Bénédicte à la confidence : elle avoue être victime de harcèlement conjugal. L'écrivain, indigné, se prend d'amitié pour cette femme. de son côté, Bénédicte tente de changer sa vie : sur un coup de tête et de colère, elle s'inscrit sur Meetic.

C'est le premier roman que je lis d'Eric Reinhardt. J'avoue que j'ai été bluffée par la qualité de son écriture et les divers niveaux narratifs que contient ce roman. L'écrivain est d'abord narrateur puis s'efface pour laisser la plume à Bénédicte qui raconte son calvaire. On change souvent de registre de langue. On passe d'une écriture très soignée, aux longues phrases proustiennes, à un style très cru qui vous met des coups de poing dans les yeux, une écriture 2.0 qui vous plonge dans la jungle plutôt mal-famée de Meetic comme qui vous y étiez vous-même en direct (mais en même temps, c'était comique). On a l'impression de vraiment se faire harceler et insulter par le mari de Bénédicte. Enfin, la dernière partie du roman se fait presque polar : l'écrivain revient sur scène pour enquêter sur le passé de Bénédicte.

Autant le dire tout de suite : malgré tout le malheur de Bénédicte, j'ai eu du mal à avoir totalement de l'empathie pour elle. Pas que je ne trouve pas que ce qu'elle vit est insupportable (ça l'est vraiment totalement !), mais j'ai eu envie de la secouer à longueur de pages, de lui dire : "Mais purée, barre-toi ! Ne reste pas avec ce cinglé. Pour moins que ça d'autres l'ont fait ! En plus tu es agrégée, tu as les moyens financiers de te barrer !" Bref, Bénédicte est un personnage très agaçant parce qu'elle ne va pas au bout de ce qu'elle décide. Elle fait les choses sous le coup de la colère, de sursauts, puis n'assume pas et retourne dans ses pénates.
Voilà un exemple presque "soft" de la manière dont lui parle son mari : "Regarde-moi dans les yeux au lieu d'interroger la moquette, on dirait une demeurée. Ce n'est pas en adoptant cette attitude de contrition que tu vas t'en sortir, hypocrite, salope." Et quand je dis que ça c'est "soft", ça l'est vraiment. C'est quand il est "gentil" qu'il lui parle ainsi. Je ne parle même pas du reste qui va au-delà de ce qu'on peut imaginer. Ce type est un pervers narcissique et sa femme tombe dans les pièges qu'il lui tend (il pleure, il supplie, il promet) à tous les coups (sans jeux de mots!). Pourtant cette femme n'est pas une demeurée et elle le sait. Elle entreprend des choses (la rencontre sur Meetic d'un homme bien qui la rend plus heureuse en une demi-journée que son mari en x années de mariage) mais elle rêve sa vie plutôt que de passer à l'action. Elle s'imagine un avenir : "Elle arrêterait l'enseignement : elle sortirait de cette prison-là (...). Elle en avait assez, en somme, de se dévouer quasi exclusivement, dans l'ordre, à son mari, à ses enfants, et aux enfants des autres, sans aucun retour constructif. Elle suivrait une formation pour travailler dans l'édition : après tout, elle était agrégée de lettres, ce n'était pas rien, sans doute pourrait-elle devenir correctrice, ou bien lectrice, ou bien encore, un jour, qui sait, une éditrice appréciée par ses auteurs, pourquoi pas ?"

Déjà le lecteur a son compte d'émotion devant cette histoire. Mais il n'est pas au bout de ses surprises. On imagine totalement que Bénédicte va finir assassinée par son époux. Eh bien non ! Et là attention je suis obligée de raconter la fin alors SPOILERS :
Bénédicte meurt d'un deuxième cancer (parce qu'elle en a eu un premier !). Mais avant de mourir, elle est encore accablée par son mari (et dénigrée par ses enfants). Bénédicte, mourante, souhaite qu'on la laisse seule et surtout que son mari ne dorme pas au bout de son lit d'hôpital. Evidemment c'est ce qu'il fait ! Et finit par lui faire comprendre qu'elle ne crève pas assez vite !! A peine morte, sa fille dégage toutes les affaires de sa mère de la maison.
Alors là, pour tout ça j'ai dit : STOP. C'est "too much" ! J'ai trouvé que ça perdait en crédibilité par excès de malheurs. J'ai peut-être tort mais c'est mon ressenti. Limite il y a de quoi se pendre à la fin !

C'est d'autant dommage que l'idée du rebondissement qui fait de l'écrivain un enquêteur "familial" après la mort de Bénédicte est originale. L'idée de la jumelle de Bénédicte surprenante. le contenu des révélations de la jumelle peut-être un peu moins, en fin de compte (j'avais en partie deviné).

En tout état de cause, malgré la dernière partie du livre qui m'a déçue par excès de malheurs, ce roman est vraiment un bouquin marquant et bluffant qui reste dans la mémoire même quinze jours après l'avoir refermé.

Ce roman a été écrit sur la base de témoignage de lectrices qui ont écrit à Eric Reinhardt pour témoigner de leur calvaire. L'une d'entre elles lui a même demandé d'écrire sa vie. Témoignage pour celles qui souffrent en silence. Comme je l'ai pensé dès le début : il ne faut sans doute pas aller très bien pour confier sa vie à ce point à un écrivain.

Eric Reinhardt brosse le portrait d'une femme en souffrance mais non sans quelques piques bien senties. Ce livre est en sélection pour le Prix Goncourt 2014, ça ne m'étonnerait pas tout à fait qu'il le remporte. Wait and see.
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EN APNEE!

J'ai lu ce roman en apnée, happée par la grâce de l'écriture et bouleversée par le personnage de Bénédicte d'Ombredanne.

On ne présente plus Eric Reinhardt dont l'écriture sensible fait merveille pour décrire la nature complexe des relations humaines.

Dans ce roman, il met en scène une jeune professeur de français à l'étroit dans une vie de famille de famille décevante, entre un mari épousé par dépit et des enfants égoïstes, et un écrivain qu'elle contacte pour lui témoigner son admiration.

Cette rencontre signera un virage dans la vie des protagonistes Bénédicte cherchant à s'émanciper de l'emprise qu'exerce son mari sur elle. Elle lutte pour retrouver sa liberté et son libre arbitre.

C'est un roman fort, bouleversant, qui fait écho chez toutes les femmes.
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Mise en abyme dans le premier chapitre. Comme une mise en garde. Voici Bénédicte Ombredanne, voici sa lettre et le roman qui en découle.
Voici Bénédicte abîmée. Déjà. Tout de suite.

D'amour, il en est question immédiatement. L'admiration de Bénédicte pour l'auteur avec lequel elle correspond. L'amour niché dans la forêt, quand elle rencontre l'homme d'une seule nuit, d'un seul cri, brûlant et révolté.
L'amour de la littérature.
Des espaces inviolés, dedans, dehors.

Bénédicte est une femme de 36 ans, professeure, mère de deux enfants. Mariée. Mal mariée. L'emprise psychologique que son époux exerce sur elle relève du harcèlement, d'une violence qui ne dit pas son nom, sournoise.

Et c'est d'une plume merveilleusement subtile et brillante qu'Eric Reinhardt nous entraîne dans la "forêt" d'émotions, de bouleversements, de richesses et de nuisibles qui font le coeur de Bénédicte Ombredanne.

J'ai été profondément touchée par ce personnage féminin, par son combat.
Par la beauté de l'écriture, fascinante.
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Ce roman, inspiré d'une histoire vraie fait froid dans le dos.
C'est suite à la lecture de son roman " Cendrillon" que Bénédicte Ombredanne, l'héroïne principale de ce roman a comme un déclic, une révélation qui s'impose à elle comme une évidence.
Elle décide donc de prendre contact avec l'auteur et se livre. de confidences en confidences, naîtra ce livre " l'amour et les forêts "
L'histoire d'une femme bafouée, en apparence forte et pourtant si faible.
Il faut dire que le processus de harcèlement et de maltraitance se fait insidieusement, au goutte à goutte, perfusé.
C'est avec une grande maîtrise et une grande précision que l'auteur Eric Reinhardt nous retranscrit les mécanismes du harcèlement moral et de la manipulation mentale avec toutes les conséquences que cela engendre sur la personne harcelée à savoir la perte totale de confiance en soi, la dépression et la somatisation.
Je ne connaissais pas cet auteur et ce livre m'a donné envie de lire " Cendrillon " à l'occasion.
Encore un très bon livre de la rentrée littéraire 2014.
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Si le nom d'Eric Reinhardt ainsi que les titres de ses ouvrages ne m'étaient pas inconnus, je n'avais encore rien lu de cet auteur. La lecture de "l'amour et les forêts" est donc une découverte.

Comme un certain nombre de Babélio j'ai pensé abandonner le livre à la lecture des premières pages. Je ne me sentais pas le courage d'en lire 412 dans le même style "ampoulé". Mais dès le chapitre 2, la vie de Bénédicte m'a "empoignée".

Bénédicte Ombredanne est une jeune femme, trentenaire, professeur agrégée de français, mariée à un employé de banque depuis 13 ans et mère de deux enfants. Après avoir lu sur les conseils d'un libraire "Cendrillon", elle prend contact avec l'auteur.

Dans la première partie de l'ouvrage sa vie nous est rapportée par l'auteur d'après les confidences qu'elle lui a faites lors de leurs entretiens et par ses écrits. Si l'écriture est assez réaliste et même assez réjouissante sur les pages concernant la navigation sur le site de Meetic et l'après-midi auprès de Christian, je la trouve trop réservée lorsqu'elle aborde la vie quotidienne auprès de Jean-François faites de brimades, et d'insultes .... L'absence de révolte mènera Bénédicte à la dépression.

Dans la seconde partie nous recevons "en pleine gueule"(désolée je ne trouve pas de formule plus politiquement correcte) la version de Marie-Claire, sa soeur jumelle, sur la réalité de sa vie et sa mort. On plonge dans l'horreur d'une vie conjugale et d'une mort annoncée sous la coupe d' un compagnon manipulateur, pervers...

Je ne peux pas (ni ne veux pas) imaginer qu' existent des conjoints et des enfants qui peuvent se comporter comme Jean-François, Lola et Arthur vis à vis d'une épouse et d'une mère en phase terminale et après son décès.

conclusion : un grand livre qui ne vous laisse pas indifférent !

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Vous avez peut-être déjà rencontré une femme qui partage sa pauvre vie avec un pervers narcissique. Vous avez peut-être eu envie de la secouer, de lui dire de partir. de fait, avec ce genre de personnages il n'y a pas trente-six solutions, il n'y a que la fuite qui soit raisonnable. Je suis tellement entrée dans ce livre, j'ai tellement ressentie ce que Bénédicte Ombredanne ressentait dans sa pauvre peau qu'en lâchant le livre, certains soirs, je cherchais des solutions pour la débarrasser de son mari. La plume de cet auteur que je ne connaissais pas est superbe. Un roman fort que je vous recommande...
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Commençons par ce que je n'ai pas aimé dans ce roman.
Un début peu accrocheur.
Un auteur qui s'auto-congratule pour son précédent livre, l'oeuvre de sa vie, le livre parfait. Et qui se met en scène régulièrement dans le roman, pas toujours de façon appropriée.
Un auteur qui appelle son héroïne systématiquement par son prénom + nom de famille jusqu'à l'écoeurement. Et pourquoi avoir choisi un nom pareil (pardon à ceux qui s'appellent vraiment comme ça) ?
Des phrases tellement pompeuses que parfois, il m'a perdue.
Une héroïne que j'ai eu envie de secouer parfois, souvent.
Du sexe en veux-tu en voilà. L'auteur me donne l'impression de se délecter de tout ce qui a trait au sexe. D'abord des échanges sur Meetic un peu longuets, qui pourraient être drôles s'ils n'étaient outrés et peu crédibles de la part d'une femme comme Bénédicte que je vois mal parler aussi crûment. En tout cas, il est intéressant de savoir que si l'on cherche un amant, il faut aller sur ce site de rencontres. Car, si l'auteur nous prouve que le slogan « avec Meetic tu niques » est avéré, on peut aussi trouver la perle rare en deux heures. Puis, pour nous montrer la perversité du mari dans la première partie, l'auteur n'a rien trouvé d'autre que le sexe encore. Son mari oblige Bénédicte à lui raconter pendant des pages et des pages et dans le moindre détail ce que son amant lui a fait et ce qu'elle lui a fait pendant leurs ébats. Et je n'ai toujours pas compris l'intérêt d'une scène avec l'auteur lui-même se masturbant dans le TGV (dans les toilettes, je vous rassure) en fantasmant sur la soeur de Bénédicte alors qu'elle n'est visiblement pas son genre.

Et pourtant …
Malgré tous ces points négatifs, j'ai de plus en plus apprécié le roman au fur et à mesure que j'avançais. Alors que j'ai peiné au début, j'ai lu la deuxième moitié d'une traite. J'ai beaucoup aimé la longue intervention de la soeur de Bénédicte.
Comment ne pas être touchée par le destin de cette femme ? Un destin révoltant, d'une tristesse infinie.
Alors il y a une question qu'on se pose toujours dans ces cas-là : pourquoi Bénédicte est-elle restée avec son mari alors qu'elle aurait pu partir à plusieurs occasions ? Sûrement plus facile à dire qu'à faire, surtout vu de l'extérieur.
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