Égrenant un chapelet de courts chapitres torchés en
coquecigrues et autres balivernes,
Jules Renard nous entraîne dans une histoire scabreuse, iconoclaste par rapport aux idées reçues.
Avec humour et dérision, mais aussi avec âcreté et cruauté, entre jeux des corps et de l'esprit, l'auteur prend plaisir à mettre en question les supposés acquis inaltérables de notre édifice social comme le mariage ou la fidélité.
Dans un style "blanc", entre simplicité linéaire et naturel confondant, d'une chiquenaude,
Jules Renard bat en brèche tous les poncifs établis à coups de crosse poétique ou de phrases curieuses.
On entre dans une église comme dans l'eau froide.
Si la femme porte la culotte, sous sa robe on ne voit rien.
Avec le mariage la caresse devient une chose grave.
Les perles se suivent...
L'addition de toutes ces incongruités nous laisse pantois devant tant d'inanité et d'ennui.
Critique acerbe de nos modes de fonctionnement,
Jules Renard nous décille les yeux pour nous faire voir l'autre côté des choses vues.
Si les oeuvres flirtent toujours avec l'étroitesse, elles n'en sont pas moins porteuses d'une longue vue.
À l'heure des grands succès de Cyrano (
Edmond Rostand), le triomphe des pièces ramassées en un ou deux actes comme
Poil de Carotte (adaptée du roman),
le Pain de ménage (à haute teneur biographique) ou Monsieur Vernet (tirée précisément de cet Écornifleur que nous (re)lisons) est tout à fait mérité.
Il reste une saveur douce-amère en bouche avec un sourire en coin qui en dit long.