Nous avons tous une peur panique de perdre les êtres que nous aimons et quand il s'agit de nos enfants cette peur se transforme en terreur que nous chassons très vite. Hop, on part en vacances, on fait un shopping, on lit un livre... oui c'est ça, on lit un livre ! et on tombe sur "
Nos étoiles ont filé" d'
Anne Marie Revol. Évidemment, on n'ose pas le refermer parce que cette femme, qui a perdu ses deux petites filles dans un incendie, a écrit pour être lue et pour nous dire quelque chose. Alors on veut l'écouter mais on sent bien qu'il nous faudra un peu de force pour le faire (surtout si on a soit même deux filles). On ne parle de pas de littérature dans ce livre, ni de style d'écriture, on lit un témoignage, rudement bouleversant. Un récit en forme de correspondance d'une mère à ses filles ou chaque lettre est très tendrement adressées "mes étoiles filantes", "mes immortelles", "mes archanges", "mes topazes", "mes larmes de crocodiles", "mes serments", "mes boules de neige", "mes princesses déchues", "mes martyres", "mes brioches dorées"... pour finir par une dernière lettre adressée, elle, à "mes trois enfants". Il n'y a aucune leçon à tirer de cette lecture. On y puise cependant un regard neuf sur le deuil d'enfants, sur la capacité de l'humain à faire face, à vivre avec ses douleurs, avec ses morts et ses vivants. On est touché par cette sincérité, ces petits détails de la vie de tous les jours car dans une si terrible douleur il y a quand même un "tous les jours". Apprendre la mort de ses enfants et devoir prendre un taxi pour aller à la gare les rejoindre, penser à en terminer avec la vie, faire ses courses, devoir dire aux commerçants que ses enfants sont morts, remonter le moral de son frère, s'acheter un coussin, partir loin pour éviter Noël, continuer à faire l'amour avec son mari, reprendre le travail, y croiser des connes qui vous demandent comment vont vos enfants sans attendre la réponse, pleurer dans le petit lit de ses enfants et s'habiller pour sortir, rencontrer des gens qui ne savent rien, souffrir de ne plus se remémorer le visage de ses enfants, se souvenir toutes les minutes. Se souvenir encore. Sans doute qu'A.M Révol en nous donnant à lire ces belles lettres qui parlent de ses filles, de sa famille, de son deuil, a souhaité que nous fassions vivre encore et encore Pénélope et Paloma, elle dit d'ailleurs "J'aspire à ce que les gens qui ignoraient absolument tout de votre existence avant de m'avoir croisée vous confèrent à jamais une place de choix dans leur coeur"... Mission accomplie !