En francique lorrain, comme en allemand et dans d'autres dialectes, le mot "schpatz" désigne un petit oiseau. Comme en français et dans d'autres langues, il peut désigner le sexe d'un petit garçon — ne dit-on pas à quelqu'un qui n'a pas fermé sa brayette que le « petit oiseau » risque de sortir ?
Cette relation entre le petit oiseau et le sexe d'un petit garçon se retrouve dans de nombreuses langues et variétés de langues :
québécois : "mouéneau" = moineau ; italien : "uccellino" = petit oiseau ; grec : "poulaki" = petit oiseau ; espagnol : "pajarillo" = petit oiseau » ; roumain : "cocosel" = coquelet et "pasarica" = petit oiseau, pour la vulve.
En français de Suisse, on demande si "ça joue" et. là encore, on comprend que le verbe "jouer" a une valeur spéciale qui envoie au fait de "se déplacer, ne pas garder sa forme." Cette valeur est à lier à l'idée de jeu comme "espace" : "Il faut donner du jeu à cette fenêtre ; ça coince quand on veut l’ouvrir." Quand on dit "ça joue", cet emploi impersonnel correspond aux usages de "marcher", "aller", "rouler" !
Les germanophones ont pris l'habitude d'appeler « Welsches », prononcé [velches], les habitants des pays romans, soit des localités où l'on parlait naguère des dialectes gallo-romans.
En allemand, Welsch est un mot qui signifie originellement « étranger parlant une langue non germanique ». Il a longtemps été utilisé pour désigner les peuples parlant une langue romane, ce qui inclut l'espagnol, l'italien et le français, de même que leurs dialectes.
Aujourd'hui, il est souvent donné comme vieilli, y compris dans les régions comme la Lorraine, le Jura et la Suisse, où il était surtout utilisé par les locuteurs germanophones pour désigner les francophones.
DES STRATÉGIES PUNITIVES
Pour empêcher les petits Français de s'exprimer dans le parler de leur village, les instituteurs avaient mis en place tout un tas de stratagèmes visant à ridiculiser les écoliers qui ne respectaient pas cette règle. Un affichage rappelait qu'il était interdit de cracher par terre et de parler le patois local ; il y avait le nettoyage des toilettes avec comme argument que, « puisque tu as de la merde dans la bouche, tu peux bien nettoyer celle des autres » (anecdote rapportée par Philippe Blanchet, la« merde » en question étant le provençal, langue pour laquelle Frédéric Mistral a pourtant obtenu le prix Nobel de littérature). Une autre stratégie consistait à donner un témoin (un bâton, un objet) au premier élève qui prononçait un mot de patois. Pour s'en débarrasser, l'élève était sommé de dénoncer ses camarades s'ils parlaient patois. L'enfant qui avait le témoin dans les mains à la fin de la journée recevait la punition.