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sur 90 notes
°°° Rentrée littéraire 2022 # 26 °°°

« Ma profession ? Interdit bancaire jusqu'à la gueule avec des kilos de dettes et d'impayés. Je suis mort. Je peux juste régler mon café. Je peux juste regarder les pauvres gens qui s'enfoncent en forniquant histoire de pondre une poussette supplémentaire. Je peux juste penser à tous ceux qui tiennent le coup grâce au jardinage, à leur fox-terrier, au golf, au self du midi, à l'acupuncture, à leur résidence secondaire, à leur rêve de vivre à Dubaï, à la prière, à leur diététique, à leur copine Jennifer, à Ibiza, à Roland-Garros et au Bistro Romain de ce soir. »

Dès la première page, on comprend que le narrateur fait partie de ces losers magnifiques à la fois agaçants et attachants qui manie l'autodérision. Diego lambert, totalement immature malgré ses 49 ans, alcoolique et cocaïnomane, n'a plus une thune et après avoir sucé jusqu'à l'os ses grands-parents et sa petite-soeur, il n'a plus le choix, il va falloir affronter son père, gros patron richissime à la tête d'une multinationale côté en Bourse.

Et ça démarre de façon plutôt réjouissante quand l'énergumène accepte la proposition de son père : 50.000 balles en échange d'un job, remplacer la DRH d'une de ses entreprises pour virer 15 salariés. Evidemment, Diego n'est absolument pas fait pour endosser le rôle de l'affreux capitaliste liquidateur.

Si rien n'est crédible dans l'enchaînements de faits, on se dit que Nicolas Rey a écrit une farce satirique qui dézingue le monde de l'entreprise sans foi ni loi ... alors pourquoi pas, d'autant qu'on se marre à voir Diego mener ses entretiens de licenciement et se mettre du côté des salariés rien que pour régler ses comptes oedipiens avec son père, salaud caricaturalement malfaisant et manipulateur.

Malheureusement, je n'ai pas accroché avec la suite de récit-pochade. Ni avec l'arc narratif autour de sa relation avec sa psychologue dont il est amoureux et qu'il cherche maladroitement à conquérir. Ni avec l'enquête policière lorsqu'un mort survient. J'ai fini par m'ennuyer en compagnie de ce personnage alors que les promesses de son nihilisme joyeux et de son panache foutraque m'avaient bien plu au départ.

Bref, un livre vite lu aussitôt oublié, empreinte littéraire trop fugace.
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L'exécuteur des basses oeuvres se rebiffe

Nicolas Rey se frotte à la grande entreprise et cela fait des étincelles! Son narrateur, chargé par son père de licencier un groupe d'employés, ne va pas endosser le costume du liquidateur. Un revirement qui nous vaut un petit bijou, humour compris.

Quel bonheur de lecture! Et quelle virtuosité. Arriver à faire d'un malheureux sans le sou amoureux de son analyste et chargé par son père de licencier une quinzaine de personnes un roman drôle, l'histoire d'un amour éperdu et une fable optimiste sur fond de misère économique, ce n'était pas gagné d'avance! Pourtant Nicolas Rey a relevé le défi haut la main.
Quand s'ouvre le roman, c'est le ciel qui tombe sur la tête de Diego Lambert. le bilan qu'il dresse de sa situation est loin de faire envie. À la manière de François Hollande face à Sarkozy, il use de l'anaphore pour appuyer là où ça fait mal: "Moi, Diego Lambert, quarante-neuf ans, vieil adolescent attardé avec deux prothèses de hanche en céramique, sponsorisé autant que massacré par son père. Moi, Diego Lambert, alcoolique et ancien cocaïnomane sans chéquier et sans permis de conduire. Moi, Diego Lambert, interdit bancaire et incapable d'offrir un week-end au bord de la mer à l'éventuelle femme de sa vie les soirs où elle aurait trop peur de mourir." L'ultime solution, qu'il se refusait à envisager jusque-là parce qu'il avait été trop maltraité par son géniteur, consiste à quémander 50000 € à son père, PDG d'une grosse entreprise qui fait commerce de céréales.
Ce dernier lui propose alors un marché. Il remplacera provisoirement sa DRH et devra procéder rapidement à une série de licenciements. Un dégraissage qui satisfera les actionnaires et fera grimper le cours en bourse.
Diego est bien contraint d'accepter et va faire défiler les victimes désignées dans son bureau. Mais Diego est libre dans sa tête et se range du côté des victimes d'une société qui se porte fort bien. Il va imaginer une solution qui plaira aux actionnaires sans pour autant procéder à des licenciements.
Pour son père, cette solution est acceptable, mais ne correspond pas au contrat passé. Aussi refuse-t-il à son fils de lui remettre la somme convenue. de quoi attiser la colère de Diego.
Car il entendait couvrir de cadeaux Anne Bellay, sa psy dont il est éperdument amoureux et à laquelle il a remis les 64 lettres écrites après chacune de leurs séances en guise d'adieu. Car il s'est bien rendu compte qu'il n'avait aucune chance qu'elle partage sa passion.
Sauf qu'après la lecture de ces missives, elle accepte finalement de le revoir. Tout espoir n'est donc pas perdu.
Avec maestria, Nicolas Rey va nous offrir un feu d'artifice final qu'il serait dommage de dévoiler ici. Soulignons plutôt combien cette excursion amorale dans l'univers de la grande entreprise est tout sauf politiquement correcte. En courts chapitres qu'une écriture nerveuse fait passer presque trop vite, on navigue entre le roman noir, la bluette romantique et, comme dit l'éditeur, la «farce oedipienne». Sans oublier la critique acerbe de ce patronat qui garde les yeux rivés sur le cours de bourse au détriment de ses employés. Sans avoir l'air d'y toucher – avec désinvolture et un humour froid – Nicolas Rey nous appelle à la vigilance et nous rappelle qu'à coeur vaillant rien n'est impossible, quitte à tricher un peu!


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Ce roman noir compte 224 pages et pourtant, vous ne les verrez pas passer. Il s'agit d'une critique du monde entrepreneurial capitaliste qui pique tant elle est semble factuelle et vorace.

Diego Lambert est un anti-héros comme je les aime : 49 ans, et pourtant bien loin d'être mature, aimant l'alcool et la drogue mais surtout désargenté. Son père lui offre un deal simple : il recevra les 50.000 euros qu'il a besoin s'il endosse le costume de DRH pour licencier quinze salariés de l'une des boîtes familiales (en l'occurrence une coopérative agricole) située dans le Nord de la France. Bien entendu, tout ne va pas se passer si facilement….

La façon dont l'auteur a de critiquer le monde du travail est parfois déjantée mais en même temps, criant de vérité. le lecteur ne peut s'empêcher d'avoir le sourire aux lèvres par la présence d'un florilège de personnages, certains attachants, d'autres par contre, de parfaites têtes à claques.

Si vous n'adhérez pas à l'humour noir ou au cynisme, passez votre chemin alors car la plume de Nicolas Rey en regorge et son anti-héros pratique l'auto-dérision avec brio. Parfois, le récit est un peu confus mais le côté totalement décalé m'a tenue sous le charme. J'en redemande!
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Il y a des auteurs qui écrivent des livres ; et ceux qui écrivent une oeuvre.

Une oeuvre, pas forcément un chef d'oeuvre. Une oeuvre qu'on aime ou qu'on n'aime pas, là n'est pas la question. Mais un ensemble itératif qui finit par faire sens, où chaque livre ne peut se lire que resitué dans la perspective de ceux qui le précèdent. Et - espérons - de ceux qui le suivront.

Nicolas Rey est de ceux-là, avec ses addicts (dont ma pomme) qui prennent chacune de ses nouveautés comme une nouvelle saison de la série qu'il décline depuis près de 20 ans ; et avec ses détracteurs, jugeant – à raison – la production de l'impétrant inégale, ou se faisant – à tort – une idée définitive sur le bonhomme à l'issue d'un seul livre.

Cela étant dit, il est comment le nouveau Nicolas Rey ?

Différent, reposant, un peu fouillis aussi. Délaissant un moment Gabriel Salin, son double littéraire et l'autofiction à peine déguisée, Rey met en scène dans Crédit illimité, Diego Lambert, fils d'un richissime P-DG de coopérative agricole.

Sans emploi, endetté et obligé d'aller taper son père, il est mis au défi par celui-ci d'endosser le rôle vacant de DRH et de mettre en oeuvre le plan social de la coopérative en allant virer plus miséreux que lui. Voilà pour le pitch, pour la suite, lisez le livre !

Parfois Nicolas écrit sa vie ; ici Nicolas écrit le monde et en l'occurrence, sa vision volontairement naïve et un brin désordonnée du combat du Bien contre le capitalisme, qui se la raconte un peu trop facilement. Avec au passage, une ode au père en mode Je t'aime, moi non plus. Bon, il écrit un peu sa vie aussi…

Car Diego conserve de Rey cet irrémédiable amour de l'amour, cette passion pour le sentiment amoureux sans cesse renouvelée et déclinée dans toutes les positions, des plus idéalistes aux plus charnelles (même si cette fois, il ne lâche pas les chevaux).

Reste donc un livre un peu confus mais apaisé par rapport aux précédents, où Rey confirme – s'il en était besoin – sa maîtrise du dialogue qui fait mouche et son art de dégainer au détour d'un paragraphe anodin, la phrase qui scotche et vous emporte le coeur. Comme toujours dans ses livres.

Une oeuvre je vous dis…
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Diego Lambert est totalement ruiné. Il va voir son père qui possède une entreprise multinationale car il a besoin de cinquante mille euros. Celui-ci va accepter de lui donner mais à une condition : remplacer Béatrice la DRH dans son entreprise de désherbant parce qu'elle est en arrêt pendant un mois. Il faut qu'il licencie 15 personnes. L'objectif lui semble être dans ses cordes. Il devait y avoir quelque chose d'autre…

Quand on veut faire quelque chose de décalé, il faut y aller à fond ou ne rien faire. Pour moi il n'a pas été assez loin dans son idée pour que ce roman soit un coup de coeur. C'est un livre qui se lit très bien, qui est entre un polar et un roman qui dénonce les excès de la société, du monde du travail.
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Bonne surprise que cette satire financière, sous forme d'un récit concis avec des chapitres très courts. J'avais lu un livre de cet auteur il y a quelque temps déjà, mais je n'en ai pas gardé grand souvenir. Avec « Crédit illimité », il nous propose une histoire qui certes n'innove pas dans le genre, mais qui a réussit à me captiver par son style enlevé, sans fioritures, pour nous narrer les mésaventures du rejeton affable d'un homme d'affaires richissime, qui étouffe sous les humiliations de son géniteur, jusqu'au jour où…

Le roman séduit surtout par son charme et en tant que lecteur, j'ai ressenti de l'empathie pour cet anti-héros qui, partant de bonnes intentions, se retrouve soudain dans de sales draps. le roman ne manque hélas pas de clichés, comme celui de la psy, mais propose aussi une critique sociale intéressante et un moment de lecture agréable.
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Bonjour amis lecteurs,
Aujourd'hui je vous propose « Crédit illimité » de Nicolas Rey. Ce roman noir est une très belle découverte au travers d'une véritable satyre du monde de l'entreprise. le fils d'un richissime homme d'affaires se retrouve propulsé à un poste de DRH et se voit contraint de licencier du personnel en échange d'un deal sinistre avec son père. L'auteur nous entraîne dans une intrigue machiavélique, captivante, cynique à souhait et émouvante à la fois. Les personnages sont décrits avec justesse et précision, leur psychologie est parfaitement maîtrisée. L'auteur m'a conquise avec une plume brillante et un humour décapant et corrosif. Un très bon moment de lecture !
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Diego Lambert est un adulescent de 49 ans, fauché, endetté jusqu'au cou alors, après avoir usé de toutes les stratégies pour vivre sans travailler, le voici face à son père.

Antonia Lambert lui propose un deal : d'accord pour lui remettre 50 000 euros à la condition qu'il prenne la place d'une DRH en dépression pour faire le sale boulot : virer 15 personnes d'une entreprise du nord de la France dans le giron du groupe créé par son père.

Diego est un dilettante, charmeur, menteur un brin fainéant, sauf pour faire cogiter son cerveau à trouver des subterfuges pour vivre sans travailler. Il n'est pourtant pas l'être totalement amoral que l'on pourrait imaginer. Non. Contraint, il accepte pour l'argent de relever le défi de rencontrer personnellement la quinzaine de salariés désignés pour l'aller simple au chômage. Il va prendre le temps de les écouter, de tenter de comprendre pourquoi il doit les sacrifier.

Une galerie de personnages touchants, parfois pathétiques que Diego va apprendre à connaître. Un couple fusionnel, un homme que seul le travail fait se lever le matin pour voir les copains, un sale type qui bat sa femme... Tous ont construit une part de l'histoire de l'entreprise pas en si mauvaise posture que cela. Pourquoi dans ce cas sacrifier ces salariés loyaux pour la plupart ?

Diego est un amoureux contrarié. La femme qui occupe toutes ses pensées est sa thérapeute. Il ne peut donc pas se déclarer, d'abord pour cette raison ensuite parce que l'élue de son coeur est mariée. Pourtant il va lui écrire la plus belle déclaration qui soit.

Nicolas Rey nous offre un roman acidulé à souhait entre satire sociale, polar de série B un peu fou, qui vous colle les zygomatiques en position haute. Des chapitres courts, un récit enlevé à l'humour so british et un finish en happy end déconcertant.

Il ne faut pas faire l'économie de s'aventurer dans l'univers inclassable, déjanté de l'auteur qui pose la question intemporelle et universelle : l'argent fait-il le bonheur ? Bien mal acquis ne profite-t-il vraiment jamais ?

Un petit bonheur de lecture !
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La principale qualité de ce roman est qu'il se lit extrêmement vite : 64 chapitres pour 207 pages, des blancs à foison, et de nombreux dialogues comprenant des ... pour les silences. La première personne du singulier pour narrateur va aussi dans le sens de la facilité (de lecture (et sans doute d'écriture)). L'auteur/Nicolas Rey et le narrateur/Diego Lambert, se ressemblent beaucoup ; Parigots, cocaïnomanes, alcooliques, dépressifs, en psychanalyse ...! Il y en a plein comme ça, qui se regardent le nombril et le montrent à leurs lecteurs (Je ne vais pas les citer, vous en avez déjà reconnu). J'ai eu parfois le sentiment que ce texte était bâclé. Par exemple, n'est-ce pas un peu lourd d'écrire p.34 « Il mesurait deux mètres dix de haut » ou p.23 « Je suis sorti du bureau de mon père avec la bouche sèche et l'envie de boire un lac de vodka tout entier » ; vous allez dire que je chipote mais lorsqu'un type fait 2m10 c'est rarement de large, quant au lac de vodka on a bien compris qu'il ne le boira pas en vrai, alors pourquoi préciser « tout entier » ? Bref, bâclé !
En fait, et étrangement, ces défauts font le charme - tout relatif quand même - du roman. Parce qu'on y trouve aussi de la dérision et surtout de l'autodérision. Que Diego Lambert est très bienveillant à l'égard des classes laborieuses, et de l'humanité en général ; même s'il règle son complexe d'Oedipe de façon radical (je n'en dis pas plus, promis !). Qu'il y a du suspens, et une belle histoire d'amour, p.37 : « C'est à cause de son sourire que son visage était à ce point bouleversant. Un sourire rare. Un sourire comme on n'en rencontre qu'une fois dans sa vie (...) parfois, lorsqu'elle sourit avec intensité, on découvre ses fossettes. Et ses fossettes sont les preuves incontestables qu'il y a sur Terre une force supérieure qui nous dépasse tous très largement », c'est beau non ? Bon je vous rassure, il y a aussi du sexe ! Cerise sur le gâteau, c'est aussi un roman anticapitaliste et qui se moque de la psychanalyse.
Alors, je mets à ce roman bâclé 3 étoiles. Allez, salut.
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On aurait aimé ce premier roman de pure fiction de Nicolas Rey, entre polar et comédie de moeurs qui brasse l'économie de la rentabilité et les dérives capitalistes, mais Nicolas Rey ne semble pas très à l'aise, l'équilibre entre les deux tonalités ne fonctionne pas et on le préfère quand il se fait plus intime avec son double de fiction... ici la mayonnaise ne prend pas, dommage
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