Un ennemi du peuple (BD)

Nouveau titre de Javi Rey en 2022, Un ennemi du peuple est l'adaptation de la pièce de théâtre norvégienne éponyme de l'auteur Henrik Ibsen datant de 1882.

Reprenant l'intrigue et la majorité des personnages de la pièce d'origine, Javi Rey crée une bande dessinée un peu paradoxale. D'un côté, le drame qui se joue semble certes d'actualité mais traité de façon très désuète, avec des personnages plusieurs fois caricaturaux. de l'autre, les choix graphiques reposent sur la traditionnelle ligne claire de l'auteur, mais il y ajoute des mélanges atypiques de couleurs comme pour engouffrer les lecteurs dans des pensées parfois fantasmagoriques.

Il est toujours intéressant de lire l'adaptation en BD d'un roman ou d'une pièce de théâtre. Ici nous découvrons un album écrit et dessiné d'après la pièce d'Henrik Ibsen écrite en 1882.
Le sujet est simple et totalement d'actualité : le docteur Stockmann découvre que les eaux de la station thermale de son village sont contaminées. Il se met alors en devoir de prévenir lla population locale. Mais très vite il va se trouver confronté à la résistance des acteurs locaux dont au premier chef, son frère, acteurs locaux qui voient dans les travaux nécessaires pour remédier au mal, une perte de revenus certaine.
De lanceur d'alerte et potentiel sauveur des touristes, le docteur Stockmann va devenir ennemi du peuple.
Opportunisme des médias, corruption, menace écologique, manipulation de l'opinion publique, le tout porté par une réflexion sur le concept de démocratie, sont au centre de cet album.
Le dessin est définitivement moderne avec des couleurs très marquées, très contrastées; les personnages ne sont pas particulièrement attachants mais il est difficile de ne pas se laisser emporter par l'histoire.
Petite déception : la fin n'en est pas vraiment une mais il n'en reste pas moins que cet album ne pourra que faire réfléchir ses lecteurs.

Un bateau chargé de touristes accoste sur une petite île, les habitants se sont constitués en comité d'accueil. Il faut dire que la fabuleuse station balnéaire, la baleine heureuse, mis en place par Peter, le maire, a pour but de sauver l'île, de permettre aux habitants de vivre mieux. Les touristes ravies de découvrir ces belles maisons colorées vont bientôt plonger dans l'eau chaude.
Thomas, médecin et frère du maire, attend avec impatience les résultats des test effectués sur l'eau de la station. Thomas est l'initiateur de ce grand projet de station mais face à ses alertes il en a été écarté. le journal local, La voix du peuple, est son seul espoir d'alerter les habitants, une information de santé publique qui doit être diffusée malgré les menaces. Face à l'argent, la volonté de Thomas ne suffira pas.

Cet album est une adaptation de la pièce éponyme de Henrik Ibsen datant de 1882. Il montre les réactions de chacun face à un "contre-temps" risquant de leur faire perdre de l'argent, la renommée de l'île, leur liberté.
La liberté d'expression est mise à mal face à une majorité.
L'histoire et les personnages s'installent tout doucement et ce n'est que dans les dernières pages que le récit s'accélère, les rebondissements apparaissent et donne le vrai sens de cette histoire. On est propulsé sur cette île, au milieu d'une foule enchantée de voir apparaître des touristes et un mal mystérieux qui semble toucher ces nouveaux venus. Pourtant il manque dès le départ les tenants et aboutissements de ce projet et le rôle de Thomas (révélé en fin de récit).
On se rend très bien compte, par contre, de l'effet de foule, des réactions en chaîne, et de l'équité des deux journalistes (qui n'hésitent pas à retourner leur chemise). L'appât du gain et la corruption sur une île qui aurait pu être paradisiaque.
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Voilà une BD assez intéressante, bien qu'elle ne soit pas totalement ce que j'en attendais.

Nous suivons Tomas, docteur de son état, qui travaille dans une station balnéaire. La station en question fait la prospérité de toute une île puisqu'elle attire bon nombre de touristes qui font vivre l'économie locale. Seulement voilà, Tomas se rend compte que l'eau de la station est contaminée. Beaucoup de gens tombent malades, alors que la publicité de la station vante à quel point elle est bénéfique pour la santé. Tomas se doit de faire éclater la vérité. le problème, c'est que son frère est le maire de l'île et qu'il ne l'entend pas de cette oreille.

J'ai bien aimé cette BD, mais en même temps, je suis restée sur ma fin parce que j'en attendais autre chose. En fait, j'attendais un vrai dénouement (la victoire de Tomas), que je n'ai pas eu. Mais c'est probablement parce que l'objectif de la BD n'est pas là. Il n'est pas dans la résolution d'une affaire et la vérité qui éclate au grand jour.

Le sujet de la BD, c'est plutôt de nous montrer comment l'opinion publique peut-être si facilement manipulée. Nous faisons une plongée dans la politique, les conflits d'intérêts, la corruption, la manipulation. C'est assez révoltant de lire cette histoire. Nous sommes face à un problème de santé publique, soulevé par Tomas. Il souhaite que tout le monde le sache, car c'est nécessaire. Mais les personnes qui le soutenaient, et qui avaient du poids (la presse, le président de l'association des propriétaires) sont complètement retournées par les pots de vin déguisés que le maire leur donne. Et les plus forts soutiens de Tomas se retrouvent être ses plus virulents détracteurs, lesquels manipulent l'opinion publique. le message passe assez bien, d'ailleurs, sur l'importance de l'éducation et de l'esprit critique. On le remarque au travers des enfants de l'école, dont la jeune institutrice (fille de Tomas au passage) n'hésite pas à refuser de suivre le programme pour leur apprendre à réfléchir par eux-mêmes, contrairement aux adultes qui n'ont pas bénéficié de la même éducation et qui suivent ce que leurs disent les politiciens et la presse comme des moutons.

Niveau dessins et couleurs, c'est un style que j'ai beaucoup aimé, avec un trait clair et précis, simple et "léger" (dans le sens où les dessins ne sont pas chargés) et des couleurs vives.

Cette BD est l'adaptation d'une pièce de théâtre publiée pour la première fois en 1882. Les dessins ne donnent pas d'indications de temps ou de lieu, rendant ainsi cette histoire intemporelle et universelle. Et tellement d'actualité encore aujourd'hui.