Ah mais quel twist final !! Je me suis fait avoir comme une bleue.
Dana, d'origine modeste, algérienne, fille unique élevée par sa mère, rencontre Basil, blanc, blond aux yeux bleus, famille riche. C'est le coup de foudre, ils ne se quittent plus.
En intégrant la famille de Basil, Dana se retrouve confrontée à des traditions bizarres et des comportements oppressifs qui, jour après jour, la privent progressivement de sa capacité à émettre des objections, la privent de sa personnalité et de son identité. Les manipulations psychologiques (Les
Paternoster sont les champions du chantages émotionnels) et les humiliations infligées par la famille sont telles des morsures de vampires, vidant Dana de sa volonté propre (pour l'avoir vécu, les passages où on l'« oblige » à boire de l'alcool sont très réalistes). La maison de campagne des
Paternoster est comme un piège où l'on aurait apprivoisé des renards pour qu'ils deviennent des lapins.
Le terme "
PaterNoster", en plus de son usage religieux, fait également référence à un type particulier d'ascenseur en boucle continue. Cette symbolique est puissamment évocatrice des dynamiques familiales présentées dans le roman, où les cycles d'oppression et de contrôle patriarcaux semblent sans fin, emprisonnant les personnages féminins dans un mouvement constant et inéluctable. Vous avez compris,
PaterNoster est une critique acerbe du patriarcat et de ses effets destructeurs. Dana, jeune femme d'origine modeste, doit faire face aux manipulations et aux humiliations imposées par cette famille. le roman explore les sacrifices que font les femmes pour se conformer aux attentes sociales et met en lumière la violence psychologique standardisée au sein des relations amoureuses et familiales.
Ce roman m'a un peu fait penser à Get Out de Jordan Pelle : tandis que l'un aborde le racisme systémique à travers une histoire d'horreur sociale dans une maison de campagne loin du confort social du protagoniste, l'autre utilise le thriller psychologique pour critiquer les normes patriarcales dans une maison de campagne loin du confort social du protagoniste. La plume incisive de
Julia Richard et la profondeur de ses personnages rendent cette lecture à la fois bouleversante et indispensable.
Ce roman, en plus de ses thèmes et de sa structure, joue sur la perception de la réalité. Les passages alternent entre vérités et illusions, laissant le lecteur dans un état de doute constant. Cette incertitude sur ce qui est vrai ou faux renforce la tension narrative et l'immersion dans l'esprit de Dana, où la réalité est continuellement remise en question par les manipulations qu'elle subit. Cette technique narrative souligne l'impact profond et destructeur du patriarcat sur la psyché des femmes, les enfermant dans un cycle perpétuel d'asservissement et de confusion. D'ailleurs, c'est lorsqu'on arrive au 32 juillet qu'on comprend qu'on a basculé, mais n'est-il pas déjà trop tard?
Cette oeuvre m'a touchée, car elle semblait refléter certains aspects de ma propre existence, bien que mon vécu diffère de celui de Dana. J'ai pu sentir la tension des relations avec les beaux-parents résonner en moi comme un écho.