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Citations sur Les élégies de Duino - Les sonnets à Orphée (25)

Neuvième Élégie - extrait
     
Mais parce qu’être ici est beaucoup,
qu’apparemment tout ici a besoin de nous ; ces choses éphémères,
étrangement, nous concernent.
Nous, les plus éphémères.
Une fois chaque chose, seulement une fois.
Une fois et jamais plus. Et nous aussi
une fois. Jamais plus.
Mais ceci, avoir été une fois – même si ce ne fut qu’une fois –
avoir été de cette terre, cela semble irrévocable.
     
     
Elle fut commencée à Duino en mars 1912, la majeure partie du texte date du 9 février 1922 au château de Muzot.
     
Traduction de Lorand Gaspar [pour les Élégies], p. 79-81.
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Quatrième élégie

Arbre de la vie, à quand votre hiver ?
Nous ne sommes pas accordés.
Ni avertis comme les oiseaux migrateurs.
Dépassés et tard, nous nous levons soudain dans le vent
pour retomber plus loin dans l'étang indifférent.
Conscients de fleurir et de flètrir en même temps.
Et quelque part marchent encore des lions,
ignorant toute faiblesse dans leur magnificence.
(...)
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Traduction du premier sonnet par J.-F. Angelloz

Alors un arbre s’éleva. O pure élévation !
O chant d’Orphée ! O grand arbre dressé dans l’oreille !
Et tout se tut. Pourtant, au sein même de l’unanime silence
s’accomplit un nouveau recommencement, signe et métamorphose.



Des animaux de silence s’arrachèrent à la forêt,
claire et libérée, des gîtes et des nids ;
et il apparut alors que ni la ruse,
ni l’angoisse ne les rendait à ce point silencieux,



Mais le désir d’entendre. Rugissement, cris et bramements
semblaient petits dans leurs cœurs. Et là ou jusqu’alors
il y avait à peine une hutte pour accueillir un tel chant,



un pauvre abri, né du plus obscur désir,
avec une entrée dont les montants tremblent,
là, tu leur créas dans l’ouïe des temples.
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Sonnets à Orphée 22

Les empressés nous sommes.
Mais la marche du temps,
Tenez-la comme rien
au sein du permanent toujours.

Tout ce qui est vitesse
ne sera que déjà passé ;
car c'est ce qui séjourne
qui seul nous initie.

Jeunesse, oh ! ne la jette pas
ton coeur dans la rapidité,
pas aux tentatives du vol.

L'obscur et la clarté,
La fleur comme le livre :
tout est repos.
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LA DEUXIÈME ÉLÉGIE
...
Amants, - accomplis l'un dans l'autre -, je vous demande
qui nous sommes. Vous vous saisissez.
Avez-vous des preuves? Voyez, il arrive que mes mains se rencontrent
ou qu'elles abritent l'usure de mon visage.
Cela me rend conscient quelque peu.
Pourtant, qui oserait être pour si peu ? Mais vous
qui grandissez dans l'extase de l'autre jusqu'à ce que, vaincu, il vous implore :
assez ;
vous qui vous enrichissez sous les mains de l'autre comme le raisin des bonnes années ;
vous qui, parfois, vous abandonnez, seulement parce que l'autre prend le dessus,
je vous demande qui nous sommes.
Je sais, vous vous touchez avec tant de bonheur,
parce que la caresse vous préserve,
parce que l'endroit que vous couvrez tendrement ne se dérobe point,
parce que sous elle vous pressentez la durée absolue.
Ainsi vous promettez-vous l'éternité, presque dès l'étreinte,
pourtant, lorsque vous surmontez la frayeur du premier regard,
l'attente près de la fenêtre, et les premiers pas ensemble une fois
à travers le jardin : amants est-ce encore vous ?
Quand vous portez une bouche vers l'autre et l'y appliquez pour boire,
oh, comme il échappe étrangement à son acte celui qui boit !
La prudence des gestes sur les stèles attiques ne vous a-t-elle jamais étonnés ?
Amour et adieu, étaient avec tant de légèreté posés sur les épaules,
qu'ils semblaient faits d'une autre étoffe que chez nous.
Rappelez-vous les mains, comme elles reposent sans poids
alors que les torses sont bâtis puissamment.
Maîtres d'eux-mêmes, ils savaient: nous sommes cela,
et ceci, de nous toucher ainsi, nous appartient ;
les dieux nous saisissent avec plus de force. Mais c'est affaire des dieux.
Puissions-nous trouver, nous aussi, une parcelle de terre fertile
qui nous appartienne, claire, étroite et humaine,
retenue entre courants et rochers.
Car notre propre cœur nous dépasse toujours, comme celui des anciens.
Et il ne nous est plus donné de le reconnaître dans des images apaisantes,
ni dans des corps divins, où plus grand
il se contient.

Traduction de Lorand Gaspar



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" Existe-t-il vraiment, le temps, le destucteur?
[...]
Et sommes-nous vraiment anxieusement fragiles
autant que le destin voudrait nous en convaincre ?
L'enfance, la profonde et pleine de promesses,
en nos racines-par la suite- est-elle muette ? "

Sonnets à Orphée, Gallimard poésie, 2ème section, sonnet XXVII
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" Nous désirons dans l'angoisse un appui,
mais, si souvent trop jeunes pour tant d'âge
et trop âgés pour le jamais été "

Sonnets à Orphée, Gallimard poésie, 2ème section, sonnet XXIII
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Traduction de R. Lewinter



Un arbre, là, monta. O pur surmontement !
O, or, chante Orphée ! Arbre, dans l’oreille, haut !
Et, tout, fit silence. En ce silence pourtant,
départ s’engageait autre, commencement, signe !



Bêtes d’impassibilité, de nids, de gîtes,
éparse, claire, de la forêt débuchaient,
et il advînt, que, là, non, en elles, de ruse,
non plus que de crainte, si légères, étaient,



mais, d’entendre. Petits, en leur cœur, paraissaient,
rugissement, brame, cri. Et, à peine encore,
qui cela, reçût, où même n’était de hutte,



à notre soin le plus obscur, refuge donné
qui, ouvert, tel branchage, frémissant se dresse,
là, un temple tu leur créas, dedans l’ouïe.
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Bouche de la fontaine
  
  
  
  
Bouche de la fontaine, ô bouche généreuse,
disant inépuisablement la même eau pure.
Masque de marbre devant la figure
de l’eau ruisselante. Et d’en arrière

les aqueducs s’en viennent. De loin.
Longeant les tombes, des pentes de l’Apennin
ils t’apportent ce chant qu’ensuite
laisse couler ton vieux menton noirci

dans l’auge ouverte. Oreille endormie,
oreille en marbre dans laquelle
tu murmures toujours…

Oreille de la terre. Elle ne parle donc
jamais qu’à elle-même ? Et quand s’interpose la cruche,
il lui semble que tu l’interromps.


/ Lorand Gaspar // Armel Guerne Traducteurs
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Première élégie



extrait 5

Redis inlassable ta louange ! Toujours plus haut.
Songe : le héros tien bon,
sa chute même n’est que prétexte à sa naissance dernière.
Mais les amants,
la nature éreintée les reprend, comme si
elle n’avait pas deux fois la force d’accomplir tel exploit.
As-tu assez songé à Gaspara Stampa
afin que toute jeune fille abandonnée puisse,
exaltée par l’exemple, se dire : que ne suis-je comme elle ?
Ces douleurs plus anciennes ne nous deviendront-elles pas
     enfin fructueuses ?
N’est-il pas temps pour nous de quitte l’année en aimant ?
La dépasser, vibrant telle la flèche jaillie de la corde
et qui ramassée dans l’instant du départ se dépasse.
Car il n’est de repos nulle part.



/Traduit de l’allemand par Loran Gaspar
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