Lorsque Puvis vint ouvrir nos yeux pour nous ramener à la vénération de l’humanité, c’était l’indécision, le chaos. Les derniers champions du romantisme défaillant luttaient encore autour du nom de Delaroche, mais l’École ne cultivait que le poncif, et la campagne romaine ne promettait nul Poussin.
Ce Lyonnais, latin, calme, sagace, sauvegarde l’idéal en respectant la tradition, avec un peu de parti pris dans la simplicité, pour réagir contre les « tempéraments peintres ». Comme dans une symphonie, le musicien harmonise les rumeurs de la terre et du ciel, le fresquiste assemble sur sa toile toutes les remarques de la nature et de la vie, dans une composition souple, grande d'espaces et de teintes. Ses rêves y prendront place, autant que ses observations, avec son jugement.
En vérité, son oeuvre le représente ainsi. On y lit la patience et l’ardeur. Ses riants tableaux demeurent d’une sérénité implacable. Les rancœurs, les basses attaques, les refus du jury ne peuvent les ternir. Seul avec ses pensées, il garde sa toile pour unique confidente. C’était bien là, dès la première page, le commencement d’un homme, la révélation d’un talent qui transportait la réalité trop haut pour entendre les clameurs de la rue.