Elle se rendra elle-même à Londres afin d'y acheter une baignoire de grande taille, pourvue d'un rebord car elle aime croquer des pommes tout en se délassant dans une eau très chaude. c'est ainsi, dit-elle, que les idées lui viennent - et peut-être est-ce ainsi dans la baignoire de Greenway que va murir la plus belle épure criminelle jamais surgie dans l'imagination de la romancière...
1938-1958
La physionomie de la romancière, toujours réticente à toute promotion, reste peu connue mais le nombre de ses lecteurs ne cesse de croître et, fait nouveau, les jeunes générations s'entichent à présent de Poirot et de miss Marple. C'est qu'elles apprécient par-dessus tout l'atmosphère bon enfant de ces fictions souvent drôles où l'action n'est jamais ralentie par de pesantes descriptions, où des dialogues enlevés les font sourire et où, surtout, la solution de l'énigme procure un sentiment de plaisir toujours renouvelé. Pour elles, le nom même d'Agatha Christie est devenu celui d'une vraie magicienne.
Mais pourquoi donc, se lamente-t-elle, ai-je inventé cette détestable et assommante petite créature ? […] Certes, je dépends beaucoup d’elle financièrement.
Mais par ailleurs elle me doit sa propre existence.
Parfois je lui fais savoir qu’en quelques coups de plume je pourrais lui ôter la vie.
Et elle me réplique alors : “Impossible de se débarrasser de Poirot : il est bien trop intelligent !”
Après son adoubement par la reine à Buckingham Palace, Agatha déclare à son entourage “Je viens de vivre le plus beau jour de ma vie”. Puis elle retourne soigner les pivoines blanches de son jardin de Winterbrook House, où le chien Bingo attaque discernement tous ceux – Max compris – qui approchent sa maîtresse.
On ne me demande souvent pourquoi son oeuvre reste si populaire. Il me semble que c'est avant tout parce qu'elle savait raconter une histoire. Ses livres sont courts, vous voulez sans cesse connaître la suite et vous ne pouvez pas les lâcher. Ma mère était chrétienne et croyait au combat entre le bien et le mal. Elle pensait que les assassins devaient être arrêtés et punis et désirait plus que tout ne pas voir souffrir les innocents. Certes, elle écrivait des histoires avec des meurtres, mais elle ne supportait pas la violence. Et toutes ses histoires possèdent une part importante de moralité. En vérité, je crois qu'elle écrivait pour divertir les gens. Rosalind Hicks
Je me suis mariée à vingt- quatre ans, nous avons été heureux onze ans. Puis ma mère est décédée de façon très pénible et mon mari a connu une autre femme. Voilà : vous n'écrivez pas votre destin, c'est lui qui vient à vous. Tandis qu'avec vos personnages, vous faites ce que vous voulez