C'est un petit livre, de moins de cent pages, qui se lit donc très vite, et qui apporte néanmoins une quantité considérable d'informations et de sources de réflexions sur un thème sur lequel on entend proférer tant de sottises : l'élection du peuple juif.
Les références bibliques sont celles d'un véritable expert du livre le plus édité dans le monde, c'est à dire de quelqu'un qui connaît non seulement le texte sous la forme canonique reçue aujourd'hui (les formes, devrait on dire de manière plus appropriée), mais aussi le contexte de sa rédaction au cours des âges, tel qu'il transparaît à travers les découvertes de l'archéologie, l'analyse stylistique, etc.
Et l'on découvre, sans surprise pour un ouvrage aussi riche et dont la rédaction s'est étendue sur des siècles, voire des millénaires, que chacune des idées qu'il porte y est présentée sous des aspects divers, parfois contradictoire, et qu'il en est ainsi de la notion d'élection, qui, du reste, est déjà mise en valeur sans utiliser le mot de "choix" dans des parties qui précèdent le récit explicite du choix de Dieu, après la sortie d'Égypte, puisque, implicitement, toute la geste d'Abraham est aussi une histoire d'élection.
Le lecteur apprend donc que, si la présentation de l'élection sous une forme qui exclut les autres existe bien, elle est très minoritaire, et s'explique par le contexte historique de l'époque de la rédaction des rares passages en question et on trouve dans la bible bien plus souvent cette notion comme porteuse d'une responsabilité de qui en bénéficie, responsabilité notamment vis à vis des autres.
Et l'on perçoit bien ce que la pensée biblique doit à l'épisode de la déportation des élites de Judée à Babylone, et de leur retour près d'un demi-siècle plus tard, avec ce besoin que développent les exilés d'affirmer leur identité religieuse d'une manière qui puisse ne pas être seulement liée au pays qu'ils ont dû abandonner.
Pour qui s'intéresse au rapport entre l'universel et l'identité propre, pour qui accepte de découvrir pourquoi les deux ne sont pas nécessairement antagonistes, et aussi pour qui s'intéresse à l'histoire de la mise en forme du récit biblique, ce petit livre est à recommander.
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« Quand El Elyon distribua les nations en héritage, quand il répartit les hommes, il fixa le nombre des peuples suivant le nombre des fils de El. Et alors la part de YHWH fut son peuple, Jacob fut sa part attribuée. »
On le voit, El, le chef du panthéon cananéen, qui, selon la mythologie d’Ougarit […], est le père de soixante-dix fils, partage le monde entre chacun d’eux ; YHWH reçoit alors le peuple d’Israël.
Thomas Römer, professeur du Collège de France sur la chaire Milieux bibliques, introduit son cours de l'année 2023-2024 : Discours bibliques sur les origines (Genèse 1-11)
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