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sur 1629 notes
Empruntant à Simenon cette expression, « mon odeur d'écurie », pour évoquer l'atmosphère si particulière des salles d'Assises, ce petit monde judiciaire dans lequel elle navigue comme un poisson dans l'eau, Maître Alice Keridreux, l'avocate-narratrice de la Petite menteuse (L'Iconoclaste, août 2022) – pourquoi faut-il que ce titre rappelle inévitablement celui du magnifique film de Claude Miller, La Petite voleuse , au risque, pour le lecteur, de superposer au visage de l'adolescente Lisa celui de Charlotte Gainsbourg ? Mais cela ne nuit pas, évidemment, à la compréhension de l'intrigue ! - témoigne indirectement de l'excellente connaissance de cet univers dont dispose l'auteure du livre. Chargée de la chronique judiciaire au Monde depuis une vingtaine d'années, Pascale Robert-Diard se sert effectivement avec grande habileté de cette expérience directe du terrain pour brosser le décor du tribunal, mais aussi décrire les différents acteurs de ce théâtre, leurs rituels, leurs artifices, les codes qui régissent leurs relations et, peut-être, influencent parfois, quand il s'agit des jurés, leurs décisions… Sans jamais alourdir son propos, ce savoir de la chose judiciaire lui permet également d'évoquer le travail d'orfèvrerie du métier d'avocat, lorsqu'il est, comme dans le cas de la narratrice, mené avec un vrai respect pour sa cliente, une passion pour la vérité des faits et une rare conscience professionnelle, aussi bien dans la phase patiente de constitution du dossier que dans la construction ciselée d'une plaidoirie où chaque mot compte, chaque argument pèse. Et cette dimension documentaire, parce qu'elle s'inscrit avec finesse dans l'intrigue, transformant le récit en vrai roman d'atmosphère – un peu, oui, à la manière du grand Simenon ! – contribue, bien sûr, à la force de ce texte.
L'essentiel, pourtant, ce qui emporte assurément l'adhésion du lecteur, est ailleurs. Lorsqu'Alice Keridreux, revenant du tribunal après l'échec de sa défense dans une affaire, reçoit la jeune Lisa Charvet dans son cabinet, elle ne sait pas à quoi s'attendre. Et elle n'en saura pas beaucoup plus, nous non plus, avant longtemps, sinon que la jeune femme l'a choisie, elle, pour la représenter dans un procès d'appel, en remplacement de son premier avocat, parce qu'elle veut, dit-elle, être accompagnée par une femme. Elle a, sept mois plus tôt, fait condamner Lange Marco qu'elle avait accusé de l'avoir violée, adolescente d'une quinzaine d'années, six ans auparavant. L'homme, un peintre plâtrier qui avait travaillé chez ses parents, n'a cessé de clamer son innocence, tout au long de l'instruction et du procès, avant de faire ensuite appel. D'abord réticente, mais très vite intriguée, parce qu'elle comprend qu'il s'agit d'un vrai appel au secours, l'avocate accepte l'affaire, reprend le dossier de son confrère, rencontre l'avocat de l'accusé, les parents de la jeune femme, et découvre déjà que l'accusation manque de preuves, que le coupable condamné a surtout été victime de quelques taches sur son casier judiciaire, de son isolement social et d'une mauvaise image. Elle chasse ses doutes, s'apprête à reprendre la démarche de défense de son prédécesseur, mais lorsque, à l'occasion d'un nouveau rendez-vous, Lisa revient dans son cabinet avec une autre histoire, c'est toute sa confiance dans l'univers de la justice et sa propre perception de la vérité des faits qui s'en trouve ébranlée…
le roman de Pascale Robert-Diard est riche de questions sur notre société et sa justice, mais aussi le monde du collège et de l'adolescence. Il montre comment Lisa, parce qu'elle a de « gros seins » plus tôt que ses copines, peut devenir le jouet sexuel d'une petite bande de caïds, avec le risque et l'effroyable crainte de voir son corps exposé sur les réseaux sociaux. Comment la même jeune fille peut souffrir également de la préférence accordée par sa mère à son aînée, comment la solitude et la souffrance à cet âge-là construisent un piège d'angoisse insupportable, conduisant au pire, au plus terrible des mensonges. Comment une violence imaginée peut en cacher une autre, bien réelle. Comment, en dépit parfois de la bonne volonté de ceux qui l'entourent, les deux profs, par exemple, pleins de bienveillance à son égard, la société fabrique, parfois, aveuglée par des préjugés (ceux d'une psychologie de bazar, mais aussi ceux d'une justice de classes, dure aux pauvres depuis toujours), un coupable facile… Et puis, la difficulté à faire entendre, en pleine période #Metoo de légitime libération de la parole des femmes, une « vérité » qui semble contredire le discours ambiant ! Dans une prose précise et sans fard, un récit sans un mot de trop, Pascale Robert-Diard, après nous avoir déjà offert l'an dernier la plus émouvante des versions de l'affaire Russier dans Comprenne qui pourra (L'Iconoclaste), stimule de la meilleure manière notre réflexion sur la relativité de la « vérité » dans les prétoires… et on espère ainsi la suivre encore longtemps, comme la plus chevronnée des guides, dans les couloirs, souvent labyrinthiques, des tribunaux !
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🌸 Mon avis :

Un petit livre tellement addictif ! Une plume fluide et impressionnante !

Dans cette histoire, nous suivons Alice, une avocate qui va défendre Lisa une jeune fille victime de vi@l pendant son adolescence. Nous suivons tout le travail de l'avocate qui va devoir défendre « une menteuse ». Car oui, Lisa va dire la vérité après des années de mensonges. Dans cette lecture qui ne vous laissera pas indifférente, vous aller vous questionnez : pourquoi ce mensonge ? Pourquoi maintenant dire la vérité ?

Au fil du récit, nous allons comprendre l'histoire de Lisa, sa vie, son existence et ses choix. Mais nous allons aussi, suivre Alice, son travail et ses questionnements.

Une histoire avec une plaidoirie tellement prenante et tellement juste. le mensonge est un acte punissable bien évidemment, mais si nous reprenons l'histoire du début, la pression, le mal-être de cette adolescente alors nous pouvons changer de regard.

Je recommande cette lecture qui nous fait réfléchir sur les actes de Lisa, qui nous prouve que notre premier jugement n'est pas forcément le meilleur et que derrière toutes ses erreurs, il y a quelque part une vérité.
Je vous laisse découvrir cette histoire, vous faire votre avis et surtout : le mensonge est-il impardonnable ?
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Comme l'indique clairement le titre, on sait dès le départ que l'on va lire une histoire racontant le mensonge d'une adolescente ayant accusé à tort un homme de l'avoir violée 5 ans plus tôt.

Pascale Robert-Diard a été bien courageuse de s'attaquer à un tel sujet. À l'époque de « Me Too » où heureusement la parole des femmes se libère, il fallait oser aborder le mensonge possible d'une fille et indirectement signifier l'importance de ne pas oublier la notion de présomption d'innocence d'un accusé, même s'il a vraiment le profil parfait du « salopard ».
Cette histoire est un peu une histoire des moeurs de cette décennie. On y ressent bien les affres de l'adolescence et les méandres psychologiques qui ont conduit la jeune Lisa à s'enfermer dans son mensonge en embarquant tout son entourage.
Et finalement, un suspense demeure. On a vraiment envie de comprendre pourquoi elle en est arrivée à accuser cet homme et pourquoi, à l'âge adulte, elle est revenue sur sa parole.

Ce livre est addictif et captivant. L'écriture est sobre mais efficace et le travail de l'avocate est tout à fait crédible. Il faut préciser que l'autrice connaît bien son sujet étant chroniqueuse judiciaire au journal »le monde ». le cheminement de la création de la plaidoirie est vraiment intéressant.
Je suis certaine en tout cas que ce livre ne peut pas laisser indifférent et qu'il promet de nombreuses discussions passionnantes à ses lecteurs.
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Lisa, jeune femme de 20 ans, souhaite être défendue par une femme dans l'affaire qui la concerne.

Son choix se porte sur Alice Keridreux, brillante avocate.

Un face à face commence où la vérité finira par éclater pour le pire ou le meilleur.

Ce livre se lit facilement et nous entraîne dans une affaire judiciaire qui peut paraître choquante de prime abord surtout en cette période #metoo

Lisa est la petite menteuse en question. Pourquoi a-t-elle agit ainsi et pourquoi faire volte-face maintenant ? Est-ce la voie de la rédemption ?

Quelque part, je comprends le cheminement de l'autrice qui arrive à nous mettre en empathie avec Lisa. L'adolescence est une période difficile et la réputation d'une jeune-fille se fait si vite au collège entre le bouche à oreille et les réseaux sociaux. Cela peut mener à des situations effroyables.

Pourquoi Alice a accepté cette affaire ? Pour le défi qu'elle représente ? Pour tenter de comprendre cette jeune femme ? Peut-être aussi pour sortir de sa routine habituelle d'avocate ? Et surtout pour faire entrer de l'argent dans les caisses de son cabinet.

Dans tous les cas, même si aucune réponse n'est apportée à mes questions et suppositions, j'ai aimé connaître les rouages du système judiciaire et l'excellente plaidoirie que prépare Alice pour défendre sa cliente.

Un livre à lire qui sort des sentiers battus et qui prend le contre pied de l'ère metoo. Ce qui, en somme, est assez dérangeant.

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Le bandeau comportant des éloges dithyrambiques de ce court livre ainsi que les 3 prix littéraires qu'il a reçus m'ont décidée à l'acheter. Je ne savais pas qu'il avait eu autant de succès avant de le lire et d'en faire cette critique. Et, malgré quelques réserves, je n'ai pas été déçue.

D'abord, l'auteure sait nous embarquer dès la première page au point que j'ai lu ce roman d'une traite. Pas de fioriture de style, pas de description inutile, Pascale Robert -Diard va droit au but dans un style plat mais avec un rythme alerte, efficace.

La romancière commence par nous présenter son personnage clé, Alice, une avocate de 50 ans qui travaille sur des affaires pénales. Elle vient de rater une plaidoirie, son client a pris 12 ans de prison et elle s'en veut. Abattue dans son bureau, elle reçoit une jeune femme de 20 ans, Lisa, qui a beaucoup insisté pour la rencontrer rapidement. Celle-ci lui dit avoir subi un viol lorsqu'elle avait 15 ans. Son agresseur, un jeune peintre plâtrier d'une trentaine d'années, est emprisonné à ce titre depuis 3 ans mais il crie son innocence et a fait appel. Lisa demande à Alice de la représenter pour cette nouvelle audience parce qu'elle est une femme (son ancien avocat qu'elle a congédié était un homme). Lisa commence le récit de son histoire et Alice « masque son ennui en prenant des notes ». Une affaire banale se dit-elle.
Mais non ce n'est pas une affaire banale car, comme le titre l'indique, Lisa, de son vrai nom Laurine, est une « petite menteuse ». Et là, l'affaire devient intéressante, pas banale du tout.

Ce roman est bien ancré dans la réalité contemporaine : dureté de la vie au collège, malaise et sexualité des adolescents au temps des réseaux sociaux, famille recomposée et père absent, mouvement « mee too » selon lequel le témoignage des femmes doit être entendu et cru sur parole.

Le livre évoque aussi la profession d'avocat où la vérité compte moins que la défense du client pour s'attirer de nouveaux clients (le personnage de Théry), les rivalités dans les fratries (en l'espèce deux soeurs, l'une brillante louée par la mère, l'autre moins), la rigidité idéologique d'un certain néo-féminisme (le personnage d'Adèle, belle fille d'Alice), l'extrême difficulté d'établir la preuve des faits dans les affaires de viol ou agressions sexuelles (paroles contre paroles) et enfin la solitude (le personnage d'Alice divorcée depuis longtemps, vivant seule et dont les enfants sont de moins en moins présents).

Mais, à mon sens, le vrai thème de ce livre c'est le statut de victime, surtout dans la société actuelle où le discours victimaire prend une ampleur démesurée. On ne loue plus tellement les forts, ceux qui ont du courage et bravent l'adversité : bien souvent aujourd'hui, le courage, consiste, consisterait plutôt, à s'avouer victime, à assumer ce statut et c'est terrible à dire à en tirer avantage. Lisa répète plusieurs fois qu'elle voulait « être plainte » (sous-entendu être regardée, être aimée).

Dans le contexte actuel, tout se brouille, on a du mal à séparer les vraies victimes (car elles existent et leurs souffrances ne doivent pas être sous-évaluées) des moindres ou fausses victimes (dont la sur-évaluation nuit à la crédibilité et à la juste appréciation du traumatisme parfois effroyable et durable des premières). le statut de victime semble devoir être reconsidéré sauf à croire au fond que nous sommes tous des victimes : victimes de nos parents, de notre milieu social, de notre physique et de notre corps, de notre faiblesse de caractère, de notre malchance, de nos mauvaises rencontres…

Pour en revenir au livre, Lisa la « petite menteuse », par son mensonge, a créé des victimes autour d'elle : elle a fait condamner un homme à tort, elle a manipulé ses parents, amis et professeurs mais n'est-elle pas malgré tout une victime ? C'est tout l'enjeu de la plaidoirie finale d'Alice. Allons plus loin, celui qu'elle a accusé à tort, pourtant victime depuis sa naissance, n'est-il pas un peu coupable compte tenu de son comportement passé (son regard sur les femmes, ses propos) ? Tout l'intérêt de ce livre est de définir les contours de la responsabilité individuelle et du statut de victime, de mettre en avant aussi les fameuses « circonstances atténuantes » propres à chaque individu. Et l'auteur le fait avec une certaine finesse.

Certes J'aurais apprécié que les personnages principaux soient tous un peu plus fouillés et que les relations de Lisa avec sa mère mais aussi avec sa soeur ainée (très absente du récit) soient mieux explorées mais le roman aurait peut-être perdu en concision et efficacité et il aurait fallu pour cela adopter un style plus littéraire, moins journalistique. Les personnages secondaires sont en revanche très bien campés en quelques mots (les jurés par exemple).

En conclusion, je recommande ce livre qu'il est difficile de lâcher une fois qu'on l'a commencé et qui, sans jamais vraiment trancher ni juger, pose des questions d'actualité sur les relations parents-ados et filles-garçons mais aussi sur la justice, l'école, la sexualité adolescente et bien sûr le mouvement « mee too », vraie révolution avec ses excès et ses limites. Ce livre présente l'intérêt d'ouvrir le débat sur ces sujets d'importance sans manichéisme ni a priori .
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Ce livre est finaliste du Goncourt des lycéens... Voilà de quoi susciter quelques vocations !
Ce roman m'a été conseillé par mon libraire et je me suis laissée tenter en me disant : pour changer. A priori, l'univers de la justice et de la loi sont pour moi d'un ennui mortel. En plus, coté intrigue, on sait déjà que Lisa a menti, quel suspense ! ;) Et pourtant, j'ai été captée, totalement emmenée par le jugement en appel de Marco Lange.
J'ai aimé la façon qu'à l'avocate de détricoter l'affaire, d'en observer les fils, de les réorganiser, puis de tisser à nouveau l'histoire afin de la rendre claire et lisible pour les jurés. J'ai aimé la facilité qu'elle a de changer de point de vue et sa capacité à prendre la défense de l'un ou de l'autre. Quant à la plaidoirie finale, quel délice !
Après une telle démonstration d'empathie, serons-nous toujours capable de juger coupable ?
Un des meilleurs livres que j'ai lu cette année !
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Le titre annonce la couleur, Lisa a menti lorsqu'elle a affirmé que Marco l'avait violé à 15 ans. La condamnation est de 10 ans. Mais quelques années plus tard, lors du procès en appel, Lisa est majeure, et souhaite changer d'avocat, elle veut une femme.

L'auteur a une écriture fluide et directe, ce livre m'a énormément fait réfléchir. J'ai relevé beaucoup de passage percutant.

On a la réflexion sur , pourquoi avoir menti ? Pour essayer de répondre à cette question, on va remonter dans le passé pour comprendre pourquoi, et surtout comment, Lisa en est arrivé là.

On a toutes les retomber médiatique, et les craintes pour les futur victimes de ne plus être écouté et surtout cru.

L'avocate aussi est au coeur de l'histoire, voir ses réflexions et interrogation ma tenue en haleine comme toutes l'histoire d'ailleurs.

Un livre percutant et dans l'air du temps.

Un mensonge cache toujours quelque chose, mais encore faut il arrivé à le découvrir.
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📚 inconoclaste

J'ai lu ce livre car il est finaliste du prix Goncourt lycéens et que souvent il y a de belles pépites dans cette sélection.
J'ai adoré ma lecture un véritable coup de coeur 💓
Le roman est intelligent et pose les bonnes questions sur notre société .
Je ne veux pas trop en dévoiler mais je vous donne le synopsis :

" Je veux être défendue par une femme ", a dit Lisa en se présentant
à Alice Keridreux.
Un face-à-face commence. Ni l'une, ni l'autre ne savent jusqu'où il va les mener.
Toutes les vérités sont elles bonnes à dire ?
La fin m a un peu dérouté car il n'y a pas vraiment de fin mais peut être une envie de l'autrice que nous nous fassions notre propre verdict.
Pour ma part non coupable
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Quand l'avocate Alice Keridreux- une quinquagénaire expérimentée- accepte de reprendre le dossier de Lisa Charvet en appel elle croit d'abord que ce sera une affaire facile à plaider. Lisa avait 15 ans quand elle a déclaré à la police qu'elle avait été violée par Marco Lange, 32 ans, un plâtrier à la mauvaise réputation et au casier judiciaire chargé. Il a été condamné à 10 ans de prison.
Alice va vite comprendre pourquoi Lisa est venue la voir, en mettant en avant qu'elle souhaitait être défendue par une femme. Elle découvre que la jeune fille a menti et veut revenir sur ses accusations qui ont envoyé un innocent en prison depuis 3 ans.

PASCALE ROBERT-DIARD met en avant les rouages qui ont mené à cette impasse judiciaire. Chacun à sa part de responsabilité, tout d'abord les parents d'Alice qui n'ont pas repéré le mal-être de leur fille. Des enseignants qui n'ont pas voulu passer à côté de la parole d'une élève, et enfin ses camarades de classe masculins, qui sont à l'origine de la souffrance de Lisa.

Un roman percutant et tragique à la fois.
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Marco Lange a fait appel de sa condamnation pour le viol de Lisa Charvet, 15 ans au moment des faits. le procès en appel est fixé dans quatre mois.
Lisa qui a désormais 20 ans souhaite changer d'avocat. Elle veut être assistée par une femme et la choisir par elle-même . Elle fait appel à Alice Kéridreux. La jeune fille se sent peu à peu en confiance avec cette femme d'expérience et arrive enfin à se délivrer du mensonge dans lequel elle s'est enfermée : elle n'a pas été violée, elle a tout inventé, s'installant dans une posture de victime favorisée par la grande bienveillance des adultes autour d'elle.
L'auteure raconte l'histoire d'une délivrance à travers le regard et le ressenti de l'avocate Alice Kéridreux. Avec beaucoup de précision et de finesse , elle nous fait entrer dans sa tête et nous invite au spectacle de l'audience d'Assises au cours de laquelle la vérité va éclater et retourner brutalement les convictions de tous les protagonistes.
Tout le travail de l'avocate, qui est d'abord en colère contre sa cliente qui a envoyé un innocent en prison, sera de comprendre puis de faire comprendre la mécanique mise en oeuvre, avec bonne foi, par tous ces adultes piégés par une apparence : la souffrance de Lisa, bien réelle qui avait d'autres causes que le viol et que nul n'a su ou n'a pu décrypter, la souffrance de Lisa encore aggravée par le mensonge. « Bien sûr que mon mensonge me faisait souffrir. Plus je mentais et plus je souffrais et plus je souffrais et plus on me croyait » dit la jeune fille soumise aux questions de la présidente de la Cour d'Assises après la révélation.
Tout sonne juste dans ce roman, l'engagement « ordinaire » et néanmoins total de l'avocate engagement trop souvent méconnu des clients, les rapports professionnels, le vécu de Lisa, les réactions des adultes sans doute influencés par « l'air du temps », les différences générationnelles, l'enfermement dans une posture de victime qui attire la compassion et le courage qu'il faut pour affronter publiquement le mensonge. Pascale ROBERT-DIARD évite la caricature. Sa longue et passionnée fréquentation des prétoires y est sans doute pour beaucoup ( elle est chroniqueuse judiciaire au monde depuis 20 ans)
L'écriture très alerte et dynamique est au service de cette histoire qui fait obligatoirement réfléchir, un peu à rebours du phénomène #MeToo ! un très bon moment de lecture que je recommande vivement.
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