Ce n'est pas le genre de livre que je lis habituellement et je serais sans doute passé à côté sans une critique sur le site que j'ai lue ce matin.
Je ne parlerai pas de l'intelligence et de la sensibilité du livre, d'autres l'ont fait mieux que moi.
Je voudrais seulement attirer l'attention sur un personnage à côté duquel il ne faut pas passer : l'effrayante Adèle qui explique, premièrement qu'il n'est pas possible qu'une femme mente dans ce domaine, deuxièmement qu'il ne faut pas la croire si elle dit qu'elle a menti, troisièmement que même si c'est vrai il ne faut pas le dire, car cela nuira à la Cause des Femmes (avec les majuscules qui conviennent) et donc qu'il vaut mieux laisser un innocent en prison
Oui
A l'époque de l'affaire Dreyfus, certains disaient que même si Dreyfus était innocent il ne fallait pas le dire pour ne pas nuire à l'image de l'armée et que Dreyfus lui-même devrait accepter de rester en prison par patriotisme.
C'est la même essentialisation: comme le Juif pour l'antisémite l'homme est coupable par nature pour la néo féministe.
Alors je sais bien que le viol est un crime abominable, qu'il est important que la victime ose parler, qu'elle doit être écoutée. Mais crue sur parole ? Il faut se rendre compte qu'ainsi on érige une présomption de culpabilité ce qui est pratiquement impossible à renverser puisque c'est à l'accusé d'apporter une preuve négative ce qui est impossible par définition, et à plus forte raison trente ans après puisqu'on veut en faire un crime imprescriptible. C'est pour avoir dit cela qu'
Elisabeth Badinter s'est fait insulter par de petites inquisitrices
Et qui osera se souvenir de l'affaire d'Outreau ? Ah, le juge Burgaud était un précurseur ! Mme Rousseau l'aurait adoré. Et Mc Carty en était un autre !
On pourra me retorquer beaucoup de choses et la plupart seront vraies. Mais aucune ne pourra justifier le scandale absolu d'un innocent condamné
Mais attention !
Le livre n'est pas manichéen. Marc n'est même pas sympathique. Il a même un profil de coupable. Lisa n'est pas coupable. Elle aussi est une victime. Victime de qui ? Des odieux petits mâles qui ont abusé de sa vulnérabilité certes. Mais aussi des personnes bien intentionnées qui l'ont instrumentalisée, particulièrement les enseignants. Au moins étaient-ils de bonne foi.
Ces personnes là, ce sont les mêmes que les lanceurs d'alertes (tout est parti d'une enseignante, puis les assistantes sociales, les psychologues, les associations) de l'affaire d'Outreau. Et elles ont enclenché une mécanique imbécile qui a broyé les vies d'une douzaine d'hommes ET de femmes, oui, de femmes, à l'époque c'était la parole de l'enfant qui était sacralisée. Et ils étaient tellement acharnés que, même après les avoeux de Myriam Badaoui, auxquels ils n'ont pas cru, ils ont réussi pour des raisons juridiques trop longues à expliquer à provoquer un second procès contre Daniel Legrand fils. A cette occasion on découvrit un garçon de vingt ans détruit, toxicomane, incapable de travailler, acquitté à nouveau bien sûr
Et maintenant ce sont les mêmes qui condamnent ce livre parce qu'ils les gêne