Je ne me suis jamais passionné pour les récits judiciaires, mais depuis que j'ai lu avec une étonnante fascination les billets de blog de Maître Eolas et du regretté
Maître Mô, je suis plus enclin à m'intéresser au décor de la sphère judiciaire. C'est ainsi qu'après avoir savouré
D'autres vies que la mienne d'
Emmanuel Carrère, j'ai lu plusieurs livres de l'auteur allemand
Ferdinand von Schirach dans lesquels j'ai retrouvé de l'humanité chez les victimes comme chez les auteurs, la difficulté de défendre comme de juger, mais toujours servi par une plume romancée rendant l'histoire passionnante.
Pour ce roman entièrement fictif l'autrice a pu s'appuyer sur son quotidien de chroniqueuse judiciaire au journal le Monde. Sans surprise, nous sommes ici confrontés à l'histoire d'une jeune femme qui a menti en accusant faussement un homme de l'avoir violée. Alors qu'il purge une peine de 10 ans de prison après une première condamnation aux assises, Lisa décide de faire appel à une avocate pour la représenter lors de son procès en appel. Alors qu'elles travaillent ensemble sur les faits qui se sont déroulés alors que la victime n'avait que 15 ans Lisa lui fait cet aveu terrible : elle a tout inventé.
L'histoire nous amène sur ce qui a pu pousser une adolescente en souffrance à s'enfermer dans un tel mensonge quand bien même un homme, innocent, serait envoyé en prison. Car au collège, être une jeune fille avec de gros seins peut déclencher les désirs les plus sales, mener à des situations douloureuses à vivre, pour lesquelles il vaut mieux parfois passer pour une victime qu'on écoute et qu'on plaint que pour une salope.
C'est un roman assez court d'environ 200 pages que j'ai lues d'une traite à la faveur d'une matinée, qui m'a transporté dans la vie de cette avocate bien embêtée de devoir défendre une petite menteuse ayant déclenché un peu malgré elle une tempête judiciaire. Un récit incisif, passionnant et juste ce qu'il faut d'empathique pour nous permettre de nous poser la difficile question de la posture que nous aurions adopté face à une telle histoire.
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La petite menteuse de
Pascale Robert-Diard paraîtra le 18 août aux éditions de l'Iconoclaste. 217 pages, 20€.
🔗 Service de presse adressé par l'éditeur.