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3,7

sur 172 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Le hasard a voulu que ce livre paraisse en même temps que deux autres ouvrages avec lesquels il partage quelques thématiques, savoir  Lux de Maxime Chattam et Bien heureux soit notre monde, de Jacques Attali  ;il s'agit en effet dans les trois cas d'anticipations à court terme, où l'intrigue est plus ou moins liée au changement climatique. Rien d'étonnant à cela d'ailleurs, le sujet est dans l'air du temps..
Il convien de préciser que l'ouvrage d'Attali est très nettement, et c'est une litote, supérieur à tout point de vue aux deux autres
Ce livre me laisse perplexe.
Il est bien écrit, la composition est originale, les personnages attachants, leurs intentions et celles de l'auteur, qui s'est sans doute livré à un travail de recherches considérable dans divers domaines scientifiques, économiques, politiques, historiques, seraient louables si ce n'était le choix des moyens
Et pourtant on n'y croit pas une seconde
Le « pitch » (ces américanismes, pour regrettables qu'ils soient, sont pourtant bien commodes...), le pitch donc est le suivant : une catastrophe écologique en Inde provoque une prise de conscience généralisée des enjeux du réchauffement climatique et une acceptation d'une action énergique, qui se concrétise par la création d'un « ministère du futur » dépendant des Nations Unies et disposant d'une autonomie et de moyens d'actions considérables ; et là, je suis déjà sceptique.
Les adversaires potentiels d'une telle initiative ne sont pas stupides, et pas davantage dépourvus de moyens d'action et de pression considérables. A défaut de pouvoir empêcher la création de cette instance (et encore...) ils seraient parvenus à en limiter sérieusement les moyens et les attributions, et en admettant même que le Ministère du Futur ait pu être créé tel que l'imagine Robinson, dès les remous qu'auraient provoqué ses premières actions, y compris dans les opinions, ils se seraient employé à lui rogner les ailes, et y seraient parvenus dans une large mesure.
L'indignation et l'émotion provoquée par la catastrophe ? Mais de telles vagues retombent vite lorqu'elles se heurtent à des intérêts concrets, et puis, vu des USA et d'Europe, l'Inde, c'est loin (je sais que cette remarque est cynique, et ne croyez surtout pas qu'elle exprime mafaçon de voir les choses)
Mais admettons et poursuivons. le ministère du futur comprend « un ministère à l'intérieur du ministère », disons plutôt un département clandestin, pratiquant des actions terroristes et homicides ; ces actions ont lieu et elles sont efficaces. Les gens cessent de prendre l'avion, tout simplement
Et là c'est vraiment trop ! Je ne parle même pas de l'aspect moral de l'opération (abattre soixante avions de tourisme pour dissuader les gens de prendre l'avion, il faut avoir l'estomac bien accroché; qui a parlé de khmers verts ? C'est curieux comme, à vouloir le bien des gens, on a vite fait de se mettre à les tuer
Je parlais au début d'intentions louables. Mais on dit que l'enfer en est pavé) mais des conséquences ou plutôt de l'absence de conséquences de l'opération.
Comment imaginer une telle absence de résilience de la part des adversaires, gouvernements, institutions, firmes commerciales, du ministère et de sa politique ?
Comment admettre que leurs services secrets ignorent longtemps d'où vient le coup, et qu'ils ne réagissent pas, avec le très large soutien des opinions publiques (soixante avions, en termes de morts, ça fait quand même au moins quatre onze septembre). Ces réactions seraient extrêmement énergiques, le ministère du futur serait bien sûr dissous, ses membres arrêtés et jugés, et les mouvements écologistes ne seraient pas épargnés par le choc en retour.
Quant à l'autre action terroriste (les porte-containers coulés) elle ne serait guère plus populaires ; comment croyez-vous que réagiraient les gouvernements asiatiques, privés de leurs exportations, et les pays occidentaux privés de certains biens de consommation, soit directement soit par l'intermédiaire d'armées privées comme Blackwater ou Wagner, sans doute plus efficace que "le ministère dans le ministère" de Robinson
 ? Je ne suis même pas sûr du sentiment intime du plus ferme écologiste privé de son smartphone ; mais j'ai mauvais esprit, c'est connu.
Au sujet d'ailleurs des réactions des populations, l'auteur imagine la survenance en France d'un épisode Gilets Jaunes à la puissance dix, débouchant sur une méga Nuit Debout. Il a oublié quelque chose ; le vrai mouvement des Gilets Jaunes avait été déclenché par la volonté du gouvernement d'instaurer une taxe sur les combustibles fossiles, particulièrement le gas oil ; les nouveaux Gilets Jaunes ne seraient pas du côté que Robinson croit.
Et la révolte des agriculteurs, toujours en cours à l'heure où j'écris, a également eu pour point de départ un projet de hausse des taxes sur le gas oil non routier; cette fois le gouvernement a capitulé précipitamment; et il convient de noter la véritable haine que les agriculteurs portent aux écologistes, qui semblent s'étendre à d'autres secteurs de la population; certains écologistes avaient prétendu être solidaires des paysans et vouloir se rendre sur les barrages, mais il y ont renoncé craignant l'accueil qu'ils y auraient reçu.
Venons-en maintenant aux diverses évolutions et révolutions proposées et mises en oeuvre par le Ministère ; j'ai déjà dit le scepticisme que je nourris sur leur faisabilité politique, et sur le manque de résilience supposé des institutions attaquées.
Je ne vais pas m'étendre sur leur faisabilité technique, n'ayant pas les connaissances scientifiques pour l'apprécier en ce qui concerne la plupart d'entre elles.
En revanche, j'ai relevé quelques incongruités criantes, qui augurent mal du reste.
Ainsi l'auteur parle d'un revenu garanti annuel de 100.000 USD pour chaque habitant (ou foyer, ce n'est pas très clair) de la planète, à condition évidemment de mieux répartir les revenus ; il estime que cette somme est un optimum à tous points de vues, et il a tout à fait raison. Mais ù prend-il ces 100.000 USD per capita disponibles ?
Le PIB mondial par habitant est de 12.344 USD et ne comprend pas seulement les revenus.
Un peu plus loin, il est question d'une société des 2000 W dont les membres s'engageraient à ne pas consommer plus de 2000 W par an. Oui. Seulement, comme chacun le sait, où devrait le savoir, on ne consomme pas des watt ; on consomme des Kwh. Admettons que ce soit une erreur de traduction, et que 2000 W = 2KWh. Mais c'est une absurdité ; à Haïti, la consommation annuelle par habitant est de 35 Kwh. Alors, 2 Kwh, je ne vois pas. Les derniers chasseurs-cueilleurs, peut-être.
Il est aussi question de technologies d'ingénierie climatique (ensemencement des nuages...) auxquelles le GIEC est formellement opposé.
Il s'agit vraiment d'expérience d'apprenti sorcier
L'auteur parle du volcan Pinatubo mais il y a eu beaucoup mieux : le volcan Tambora a explosé en.1815. En 1816, il n'y a pas eu d'été ni de récoltes. le refroidissement s'est poursuivi plusieurs années. Des millions de morts. Filtrer le rayonnement solaire n'est peut -etre pas une si bonne idée
D'autant que ce refroidissement entraînerait une explosion de la consommation de combustibles fossiles et donc ensuite...
Je crains que beaucoup des solutions par l'auteur soient de la même eau

Quant à la création d'une nouvelle monnaie virtuelle, eh bien je ne suis pas spécialiste des questions monétaires, mais j'ai quand même l'impression de voir les spectres de Law et de Ponzi passer au fonds de la scène avec un fantôme de sourire
Bref, la suspension de l'incrédulité devenant fatigante sur la longue distance, aussi bien disposé qu'on soit, j'ai abandonné le livre aux deux tiers
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Une fois n'est pas coutume : lecture abandonnée un peu après la moitié.
Le livre a d'indéniables qualités, et assurément, il saura facilement trouver son public.

En vrac, tout ce qui m'a déplu :
Sur la forme d'abord. Pas vraiment un essai, pas vraiment un roman et pas vraiment un guide touristique de Zurich (oui oui) et pourtant le Ministère du Futur est un peu des trois. Malheureusement, il ne tape jamais juste. J'aurais préféré que l'auteur choisisse car cela rend la lecture laborieuse, en plus de me donner l'impression qu'il me prend pour un idiot incapable de comprendre un sous-texte, au point qu'il soit nécessaire de tout me contextualiser.

Sur le fond.
- pour la partie "essai" : on est plutôt devant de l'info dumping à ce stade mais le principal problème est que, si vous êtes déjà un minimum critique sur le capitalisme et que vous êtes un peu informé sur les problématiques climatiques, vous aurez alors l'impression que l'auteur enfonce des portes ouvertes. Quand ça représente environ un chapitre sur deux sur presque 600 pages, ça commence à devenir chiant hein.
- pour la partie "roman" : personnages assez lisses qui donnent la fâcheuse impression, lorsqu'ils dialoguent, d'être de mauvais comédiens qui se donnent la réplique en s'adressant davantage au spectateur/lecteur que l'un l'autre.
- pour la partie "guide touristique de Zurich" : je plaisante bien sûr ? Pas tant que ça. L'auteur digresse trop à mon goût sur les descriptions de la ville, de ses lieux, de ses habitants, de la culture Suisse etc. Je ne comprends sincèrement pas ce que ça vient foutre là.

Mais finalement le plus gros écueil est que, globalement, toute la partie "solutions" est peu crédible ce qui m'a complètement empêché de me plonger durablement dans le livre et de "croire" à la proposition d'anticipation de l'auteur.

(A noter, ce livre m'a été offert par un proche. Je ne pense pas que je me serais dirigé vers celui-ci de moi-même.)
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