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Starman Omnibus tome 3 sur 1
EAN : 9782809414141
200 pages
Panini France (05/01/2011)
5/5   2 notes
Résumé :

C'est sans enthousiasme que Jack Knight a repris le flambeau de son père, Ted, le premier Starman, après la mort de son grand frère David. Le jeune Knight doit maintenant faire face aux pires des ennemis de son père, tout en se forgeant sa propre identité en tant que nouvelle incarnation de Starman. Dans ce troisième tome, Jack poursuit sa transformation en héros véritable aux côtés de Batman et d'Alun Sco... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Starman Omnibus, tome 2 (épisodes 17 à 29 de "Starman", ainsi que "Showcase '95" 12, "Showcase '96" 4 & 5 et "Starman annual" 1). Il est le troisième dans une intégrale en 6 volumes (en VO). Il contient la minisérie "Shade" (1997), les épisodes 30 à 38 de "Starman", "Starman annual" 2 et "Starman secret files" 1, parus en 1997. Tous les scénarios sont de James Robinson.

***
*** The Shade (minisérie en 4 épisodes, 1 dessinateur différent par épisode, à savoir Gene Ha, JH Williams III encré par Mick Gray, Brett Blevins, et Michael Zulli) - En 1838, Shade gît inconscient et amnésique sur les pavés de Londres. Il est recueilli par Piers Ludlow qui l'accueille chez lui, le loge, le nourrit et lui présente sa famille : sa femme (Daphnée) et ses enfants (Sinclair, Timothy, Blanche, Emma et Rupert). Alors que Shade est convalescent, Piers ludlow recherche des indices de son identité. La suite va déboucher sur une haine séculaire envers Shade, transmise de génération de Ludlow en génération, avec comme objectif de tuer Shade. Ce dernier fera face à des descendants de Piers et Daphnée en 1865, puis en 1931, en 1951, et enfin en 1997.

Très vite dans la série "Starman", le personnage de Shade s'est imposé comme un individu ambigu, plus âgé et plus expérimenté que Jack Knight, encore un peu inscrit dans la dichotomie Bien/Mal (il a été un supercriminel, ses actions visent maintenant à protéger Opal City, même si elles sont parfois moralement condamnables), avec un pouvoir aux contours relativement flous. Ici, James Robinson en fait le personnage principal, avec toujours la même ambivalence : il n'hésite pas à tuer lorsqu'il estime que c'est nécessaire pour mettre un terme à ses difficultés. L'objectif de la série est d'installer un ennemi récurrent, en l'occurrence une famille dont les membres se transmettent la haine vis-à-vis de Shade de génération en génération. de ce point de vue, cette histoire s'inscrit dans la thématique principale de la série "Starman" où la responsabilité du nom se transmet d'une génération à l'autre. Robinson prouve également avec élégance sa connaissance pointue de l'univers partagé DC (Fiddler, Thinker ou Spider), tout en intégrant avec habilité ses propres créations (Supriser) sans que le lecteur ne puisse déceler de solution de continuité.

Shade sera donc confronté à plusieurs Ludlow de générations différentes, ayant chacun assimilé à leur manière cet héritage de vengeance devant aboutir à la mort de leur ennemi ancestral. Robinson profite pleinement de cette trame pour raconter des histoires aux tonalités très différentes. La première en 1838 mêle une ambiance gothique magnifiée par les dessins minutieux de Gene Ha et sa mise en couleurs en teintes grises (avec quelques nuances de bleu et de marron), avec une approche sociale (un hommage de Robinson à Charles Dickens qui apparaît le temps d'une page en fin d'épisode). La seconde s'enfonce encore plus dans le gothique, avec des dessins de Williams III influencé par Bernie Wrightson, pour un drame très humain, ainsi que le gâchis de vies consacrées à vouloir la mort d'un autre. le troisième épisode est un petit bijou de nostalgie des comics des années 1960 (superbe travail de Brett Blevins), mêlant une forme d'innocence et de pureté, avec une dépravation cruelle, pour un résultat louant aussi bien l'atmosphère bon enfant de ces comics destinés à la jeunesse, que faisant apparaître la noirceur de ce descendant des Ludlow s'étant totalement investi dans la tâche d'exécuter Shade.

Le quatrième épisode emmène le lecteur dans une maison isolée d'un fermier, sa femme et son enfant. La moitié de l'épisode est consacré à la discussion entre Shade et Craig Ludlow dans un champ de maïs. Il s'agit d'un face à face aussi bucolique que terrifiant, sans aucun artifice des récits d'aventure (pas de bagarre, pas de confrontation physique), rendu champêtre par Michael Zulli en très grande forme pour installer le lecteur dans ce coin isolé, en pleine nature cultivée par l'homme (un corbeau, la transpiration due à la chaleur et à la tension, une faux, un vol d'oiseaux...). La discussion s'avère aussi concrète que philosophique, pleine de suspense. le contraste est saisissant avec l'épisode précédent très "superhéros", mais la cohérence est assurée par une nouvelle génération de Ludlow et par les thèmes principaux (la transmission intergénérationnelle et la latitude de se libérer des schémas de pensée habituels). Ce dernier épisode est complété par 6 pages de texte, des extraits des mémoires de Shade. À condition de jouer le jeu (accepter de lire du texte, inséré au milieu d'une bande dessinée), le lecteur découvre que James Robinson écrit de très courtes nouvelles qui tiennent la route : densité suffisante du récit, personnage du Shade bien campé, fin satisfaisante.

James Robinson a écrit une autre histoire pour ce personnage en 12 épisodes : The Shade (2011/2012, en anglais).

***
*** Épisodes 30 à 32 - Un criminel appelé l'Infernal Docteur Pip fait exploser une série de bombes dans Opal City, détruisant plusieurs immeubles. Starman (Jack Knight) reçoit l'aide du Black Pirate (John Valor) pour lutter contre ce criminel, et ses sbires dont Copperhead. Parallèlement les relations entre Jack Knight et Sadie Falk deviennent plus sérieuses. Épisodes 33 & 34 - Starman, Batman, Sentinel (Alan Scott, ex Green Lantern) et Floronic Man (Jason Woodrue) doivent pénétrer dans l'esprit de Solomon Grundy pour retrouver sa vraie personnalité. Épisode 35 - Combat final contre l'Infernal Docteur Pip. Épisode 36 - Will Payton (un autre superhéros ayant adopté le nom de Starman, créé par Roger Stern et Tom Lyle en 1988) poursuit Lupe et Aaron Bodine (un couple de criminels) qui ont enlevé Gladys (une serveuse) comme otage. C'est l'occasion également de revenir sur la carrière de Payton. Annual 2 - Jack Knight raconte 3 histoires du passé à Sadie Falk : une sur Brian Savage (Scalphunter) se déroulant en 1891, une sur son père (Ted Knight) et sa relation avec Dinah Lance (Black Canary) et une sur David Knight (son frère). Épisode 37 - Jack Knight rencontre à nouveau son frère David dans les limbes. Ce dernier l'invite à un repas avec plusieurs membres décédés de Justice Society of America (en abrégé JSA) : Atom (Al Pratt), Black Canary (Dinah Lance), Doctor Mid-Nite (Charles McNider), Hourman (Rex Tyler), Mr. Terrific (Terry Sloane), Red Bee (Rick Raleigh), et Giovanni Zatara (le père de Zatana). Épisode 38 - The Mist commet un cambriolage à Paris, tuant 4 superhéros ayant appartenu à la Justice League Europe. "Starman secret files" 1 - Ted Knight évoque son fils avec Sadie Falk, Jack évoque son père avec son tatoueur. Cet épisode comprend également des fiches de personnages de la série et une courte nouvelle extraite des mémoires de Shade.

Dans les 2 premiers tomes, James Robinson donnait parfois l'impression de trop vouloir couvrir de territoire quitte à s'éparpiller, de papillonner d'un personnage à l'autre sans réussir à donner la sensation d'une vision d'ensemble au lecteur, de balancer entre le récit de superhéros premier degré (les bons contre les méchants) et une comédie plus sophistiquée (avec Jack Knight ne devenant Starman qu'à contrecoeur, ou Shade très ambivalent tuant quand ça l'arrange). Dans ces épisodes, le lecteur retrouve toutes ces particularités. Beaucoup de territoire couvert : d'attentat terroriste au meurtre de superhéros, en passant par l'évocation du passé, par un autre Starman (Will Payton) et la JSA, sans oublier un pirate et encore d'autres Starman (dont Mikaal Tomas). Papillonner d'un personnage à l'autre : des différents Starmen à Solomon Grundy, sans oublier Sadie Falk ou Brian Savage. de superhéros à la comédie : comme dans les épisodes précédents, les criminels sont irrémédiablement méchants, et les superhéros sont sans aucun doute du côté des gentils, dans une opposition basique Bien/Mal. Et pourtant...

Et pourtant les 29 épisodes précédents ont permis à Robinson de présenter et d'installer la majeure partie de ses personnages, et de ses thèmes principaux. Ainsi quand le lecteur retrouve Black Pirate, il s'agit plutôt d'une réponse à son attente (enfin savoir qui est ce personnage incongru, décalé par rapport au reste de la série) que d'une nouvelle distraction s'éloignant du fil conducteur principal. Les 2 épisodes consacrés à Solomon Grundy permettent également de lever le voile sur son comportement inattendu depuis le début de la série. Même les réminiscences du temps jadis (Brian Savage au dix-neuvième siècle) ou du passé plus proche (JSA ou Will Payton) répondent à des épisodes précédents pour étendre une tapisserie très riche (Wesley Dodds a fait partie de la JSA et a fait l'objet d'une histoire dans le tome précédent ; Will Payton était déjà apparu précédemment, ainsi que Brian Savage). Il ne s'agit donc plus de s'éparpiller, mais plutôt de mieux faire connaissance, et de voir les liens émerger entre les personnages, les lieux, et les histoires de chacun. Si les criminels restent indubitablement du côté des méchants, les gentils gagnent en épaisseur, s'incarnent plus pour devenir des individus à part entière avec leurs défauts et leurs qualités. Will Payton oscille entre tragédie (superhéros dérisoire par rapport à Batman malgré son niveau de pouvoir) et comédie (ses différentes conquêtes féminines). Solomon Grundy devient un personnage tragique à la psyché fracturée.

Au fil des épisodes, le lecteur découvre que James Robinson excelle là où il s'y attend le moins. Ainsi le numéro annuel 2 était au départ un exercice de style : les responsables éditoriaux de DC avaient exigé que tous les numéros annuels de cette année là soient racontés sur le mode pulp. Robinson transforme cette contrainte en un atout remarquable pour chacune des parties, la légère exagération dans la narration rehaussant parfaitement chacun des 3 héros. La nouvelle rencontre entre Jack et David Knight entremêle avec brio nostalgie (la JSA, équipe de superhéros d'un temps révolu), et héritage d'une tradition (la vocation de superhéros), avec des points de vue différents et complémentaires de chacun de ces superhéros décédés (certainement plus parlant pour des lecteurs familiers de ces personnages). L'épisode consacrée à Mist est à la fois d'une banalité affligeante (elle est vraiment très méchante, au point d'en être unidimensionnelle) et très émouvant, car en quelques pages Robinson arrive à donner une personnalité à chacun de ces superhéros.

Dans ces épisodes, le savoir faire de Robinson apparaît pleinement : quel que soit le personnage, il réussit à le rendre attachant, passant d'une émotion à l'autre. Il est difficile de résister au sarcasme de Blue Devil estimant que si l'équipe réussit sa première mission, il pourra peut-être un jour intégrer Justice League Belgique. Pour ceux qui connaissent le personnage de Crimson Fox, il est touchant de voir comment elle essaye de se bâtir une nouvelle vie. Il continue à insérer des références à des formes inattendues de culture populaire, à commencer par L'aventure de Mme Muir de Joseph L. Mankiewicz (1947), puis en évoquant des sujets divers allant de la musique (The Valentine Brothers) à l'architecture des nouveaux bâtiments parisiens (remarques un peu faciles pour les lecteurs français). On pourra juste lui reprocher une ou deux facilités scénaristiques telles que Shade en deux ex machina à la fin de l'épisode 35.

Pour ces épisodes, différents dessinateurs se succèdent. Tony Harris (encré par Wade von Grawbadger) illustre les épisodes 30 à 33 (avec l'aide Mark Buckingham pour l'épisode 34) et 37, soit 5 épisodes sur 9. Il a nettement progressé par rapport aux premiers épisodes, en particulier dans son utilisation des surfaces noires et de leur découpage. En fonction des séquences, il détaille plus ou moins les décors, de très détailles, à inexistants. Lorsque les lieux ne sont pas représentés, les formes noires prennent le relais pour exprimer la tension, le mouvement, l'état intérieur d'un personnage. Harris maîtrise à ce point ce dispositif visuel que l'absence d'éléments figuratifs en arrière plan ne se remarque pas. Il y a vraiment 2 types de cases : celles descriptives et concrètes, et celles axées sur les personnages et leur état d'esprit. Dans les 2 cas, les images apportent des éléments supplémentaires à la narration dans une bonne complémentarité avec les dialogues et l'intrigue.

L'épisode 34 est dessiné par Steve Yeowell et Mark Buckingham, dans un style plus épuré, mais assez expressif. L'épisode 35 est dessiné par Yeowell et Harris (les 5 pages correspondent à l'apparition de Shade), même épuration de formes pour Yeowell avec disparition des arrières plans. Mais ça reste lisible parce que le style de Yeowell n'a rien d'enfantin. L'épisode 36 (consacré à Will Payton) est dessiné par Richard Pace ; il se rapproche d'un style superhéros plus conventionnel, mais l'intrigue évite les poncifs du genre pour une course-poursuite dans un paysage désertique et sauvage. le numéro annuel comprend 2 séquences magnifiques : celle dédiée à Brian Savage (Mitch Byrd encré par Drew Geraci), et celle dédiée à Ted Knight (9 pages dessinées par Gene Ha). L'épisode 38 dessiné par Dusty Abell présente des dessins épurés et anguleux, pas très agréables à l'oeil, et un peu superficiels. Enfin, le "Secret files" est dessiné pour moitié par Phil Jimenez (exquis), et pour l'autre moitié par Lee Weeks (sympathique).

***
Avec ce troisième tome d'une série de 6, j'ai enfin pu apprécier les raisons pour lesquelles la série "Starman" a accédé au rang des indispensables. Dans le cadre un peu limitatif d'une opposition basique Héros/Criminels, James Robinson fait évoluer des personnages gagnant en épaisseur d'épisode en épisode, et en complexité, avec une gamme élargie de sentiments crédibles, avec des envies et valeurs personnelles. le changement régulier de dessinateurs peut être un peu irritant, mais ils restent dans une approche visuelle adulte, aves plus de hauts (Tony Harris, Gene Ha, JH Williams III, Michael Zulli), que de bas, ou même de convenu. Starman omnibus 4 (disponible en anglais) contient les épisodes 39 à 46 de "Starman", les épisodes 35 & 36 de "Power of Shazam", "Starman 80-page giant" 1, "The Mist" 1 et les épisodes 1 & 2 de "Batman / Hellboy / Starman".
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Ce tome fait suite à Starman omnibus 2 (épisodes 17 à 29 de "Starman", ainsi que "Showcase '95" 12, "Showcase '96" 4 & 5 et "Starman annual" 1). Il est le troisième dans une intégrale en 6 volumes. Il contient la minisérie "Shade" (1997), les épisodes 30 à 38 de "Starman", "Starman annual" 2 et "Starman secret files" 1, parus en 1997. Tous les scénarios sont de James Robinson.

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*** The Shade (minisérie en 4 épisodes, 1 dessinateur différent par épisode, à savoir Gene Ha, JH Williams III encré par Mick Gray, Brett Blevins, et Michael Zulli) - En 1838, Shade gît inconscient et amnésique sur les pavés de Londres. Il est recueilli par Piers Ludlow qui l'accueille chez lui, le loge, le nourrit et lui présente sa famille : sa femme (Daphnée) et ses enfants (Sinclair, Timothy, Blanche, Emma et Rupert). Alors que Shade est convalescent, Piers ludlow recherche des indices de son identité. La suite va déboucher sur une haine séculaire envers Shade, transmise de génération de Ludlow en génération, avec comme objectif de tuer Shade. Ce dernier fera face à des descendants de Piers et Daphnée en 1865, puis en 1931, en 1951, et enfin en 1997.

Très vite dans la série "Starman", le personnage de Shade s'est imposé comme un individu ambigu, plus âgé et plus expérimenté que Jack Knight, encore un peu inscrit dans la dichotomie Bien/Mal (il a été un supercriminel, ses actions visent maintenant à protéger Opal City, même si elles sont parfois moralement condamnables), avec un pouvoir aux contours relativement flous. Ici, James Robinson en fait le personnage principal, avec toujours la même ambivalence : il n'hésite pas à tuer lorsqu'il estime que c'est nécessaire pour mettre un terme à ses difficultés. L'objectif de la série est d'installer un ennemi récurrent, en l'occurrence une famille dont les membres se transmettent la haine vis-à-vis de Shade de génération en génération. de ce point de vue, cette histoire s'inscrit dans la thématique principale de la série "Starman" où la responsabilité du nom se transmet d'une génération à l'autre. Robinson prouve également avec élégance sa connaissance pointue de l'univers partagé DC (Fiddler, Thinker ou Spider), tout en intégrant avec habilité ses propres créations (Supriser) sans que le lecteur ne puisse déceler de solution de continuité.

Shade sera donc confronté à plusieurs Ludlow de générations différentes, ayant chacun assimilé à leur manière cet héritage de vengeance devant aboutir à la mort de leur ennemi ancestral. Robinson profite pleinement de cette trame pour raconter des histoires aux tonalités très différentes. La première en 1838 mêle une ambiance gothique magnifiée par les dessins minutieux de Gene Ha et sa mise en couleurs en teintes grises (avec quelques nuances de bleu et de marron), avec une approche sociale (un hommage de Robinson à Charles Dickens qui apparaît le temps d'une page en fin d'épisode). La seconde s'enfonce encore plus dans le gothique, avec des dessins de Williams III influencé par Bernie Wrightson, pour un drame très humain, ainsi que le gâchis de vies consacrées à vouloir la mort d'un autre. le troisième épisode est un petit bijou de nostalgie des comics des années 1960 (superbe travail de Brett Blevins), mêlant une forme d'innocence et de pureté, avec une dépravation cruelle, pour un résultat louant aussi bien l'atmosphère bon enfant de ces comics destinés à la jeunesse, que faisant apparaître la noirceur de ce descendant des Ludlow s'étant totalement investi dans la tâche d'exécuter Shade.

Le quatrième épisode emmène le lecteur dans une maison isolée d'un fermier, sa femme et son enfant. La moitié de l'épisode est consacré à la discussion entre Shade et Craig Ludlow dans un champ de maïs. Il s'agit d'un face à face aussi bucolique que terrifiant, sans aucun artifice des récits d'aventure (pas de bagarre, pas de confrontation physique), rendu champêtre par Michael Zulli en très grande forme pour installer le lecteur dans ce coin isolé, en pleine nature cultivée par l'homme (un corbeau, la transpiration due à la chaleur et à la tension, une faux, un vol d'oiseaux...). La discussion s'avère aussi concrète que philosophique, pleine de suspense. le contraste est saisissant avec l'épisode précédent très "superhéros", mais la cohérence est assurée par une nouvelle génération de Ludlow et par les thèmes principaux (la transmission intergénérationnelle et la latitude de se libérer des schémas de pensée habituels). Ce dernier épisode est complété par 6 pages de texte, des extraits des mémoires de Shade. À condition de jouer le jeu (accepter de lire du texte, inséré au milieu d'une bande dessinée), le lecteur découvre que James Robinson écrit de très courtes nouvelles qui tiennent la route : densité suffisante du récit, personnage du Shade bien campé, fin satisfaisante.

James Robinson a écrit une autre histoire pour ce personnage en 12 épisodes : The Shade (2011/2012).

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*** Épisodes 30 à 32 - Un criminel appelé l'Infernal Docteur Pip fait exploser une série de bombes dans Opal City, détruisant plusieurs immeubles. Starman (Jack Knight) reçoit l'aide du Black Pirate (John Valor) pour lutter contre ce criminel, et ses sbires dont Copperhead. Parallèlement les relations entre Jack Knight et Sadie Falk deviennent plus sérieuses. Épisodes 33 & 34 - Starman, Batman, Sentinel (Alan Scott, ex Green Lantern) et Floronic Man (Jason Woodrue) doivent pénétrer dans l'esprit de Solomon Grundy pour retrouver sa vraie personnalité. Épisode 35 - Combat final contre l'Infernal Docteur Pip. Épisode 36 - Will Payton (un autre superhéros ayant adopté le nom de Starman, créé par Roger Stern et Tom Lyle en 1988) poursuit Lupe et Aaron Bodine (un couple de criminels) qui ont enlevé Gladys (une serveuse) comme otage. C'est l'occasion également de revenir sur la carrière de Payton. Annual 2 - Jack Knight raconte 3 histoires du passé à Sadie Falk : une sur Brian Savage (Scalphunter) se déroulant en 1891, une sur son père (Ted Knight) et sa relation avec Dinah Lance (Black Canary) et une sur David Knight (son frère). Épisode 37 - Jack Knight rencontre à nouveau son frère David dans les limbes. Ce dernier l'invite à un repas avec plusieurs membres décédés de Justice Society of America (en abrégé JSA) : Atom (Al Pratt), Black Canary (Dinah Lance), Doctor Mid-Nite (Charles McNider), Hourman (Rex Tyler), Mr. Terrific (Terry Sloane), Red Bee (Rick Raleigh), et Giovanni Zatara (le père de Zatana). Épisode 38 - The Mist commet un cambriolage à Paris, tuant 4 superhéros ayant appartenu à la Justice League Europe. "Starman secret files" 1 - Ted Knight évoque son fils avec Sadie Falk, Jack évoque son père avec son tatoueur. Cet épisode comprend également des fiches de personnages de la série et une courte nouvelle extraite des mémoires de Shade.

Dans les 2 premiers tomes, James Robinson donnait parfois l'impression de trop vouloir couvrir de territoire quitte à s'éparpiller, de papillonner d'un personnage à l'autre sans réussir à donner la sensation d'une vision d'ensemble au lecteur, de balancer entre le récit de superhéros premier degré (les bons contre les méchants) et une comédie plus sophistiquée (avec Jack Knight ne devenant Starman qu'à contrecoeur, ou Shade très ambivalent tuant quand ça l'arrange). Dans ces épisodes, le lecteur retrouve toutes ces particularités. Beaucoup de territoire couvert : d'attentat terroriste au meurtre de superhéros, en passant par l'évocation du passé, par un autre Starman (Will Payton) et la JSA, sans oublier un pirate et encore d'autres Starman (dont Mikaal Tomas). Papillonner d'un personnage à l'autre : des différents Starmen à Solomon Grundy, sans oublier Sadie Falk ou Brian Savage. de superhéros à la comédie : comme dans les épisodes précédents, les criminels sont irrémédiablement méchants, et les superhéros sont sans aucun doute du côté des gentils, dans une opposition basique Bien/Mal. Et pourtant...

Et pourtant les 29 épisodes précédents ont permis à Robinson de présenter et d'installer la majeure partie de ses personnages, et de ses thèmes principaux. Ainsi quand le lecteur retrouve Black Pirate, il s'agit plutôt d'une réponse à son attente (enfin savoir qui est ce personnage incongru, décalé par rapport au reste de la série) que d'une nouvelle distraction s'éloignant du fil conducteur principal. Les 2 épisodes consacrés à Solomon Grundy permettent également de lever le voile sur son comportement inattendu depuis le début de la série. Même les réminiscences du temps jadis (Brian Savage au dix-neuvième siècle) ou du passé plus proche (JSA ou Will Payton) répondent à des épisodes précédents pour étendre une tapisserie très riche (Wesley Dodds a fait partie de la JSA et a fait l'objet d'une histoire dans le tome précédent ; Will Payton était déjà apparu précédemment, ainsi que Brian Savage). Il ne s'agit donc plus de s'éparpiller, mais plutôt de mieux faire connaissance, et de voir les liens émerger entre les personnages, les lieux, et les histoires de chacun. Si les criminels restent indubitablement du côté des méchants, les gentils gagnent en épaisseur, s'incarnent plus pour devenir des individus à part entière avec leurs défauts et leurs qualités. Will Payton oscille entre tragédie (superhéros dérisoire par rapport à Batman malgré son niveau de pouvoir) et comédie (ses différentes conquêtes féminines). Solomon Grundy devient un personnage tragique à la psyché fracturée.

Au fil des épisodes, le lecteur découvre que James Robinson excelle là où il s'y attend le moins. Ainsi le numéro annuel 2 était au départ un exercice de style : les responsables éditoriaux de DC avaient exigé que tous les numéros annuels de cette année là soient racontés sur le mode pulp. Robinson transforme cette contrainte en un atout remarquable pour chacune des parties, la légère exagération dans la narration rehaussant parfaitement chacun des 3 héros. La nouvelle rencontre entre Jack et David Knight entremêle avec brio nostalgie (la JSA, équipe de superhéros d'un temps révolu), et héritage d'une tradition (la vocation de superhéros), avec des points de vue différents et complémentaires de chacun de ces superhéros décédés (certainement plus parlant pour des lecteurs familiers de ces personnages). L'épisode consacrée à Mist est à la fois d'une banalité affligeante (elle est vraiment très méchante, au point d'en être unidimensionnelle) et très émouvant, car en quelques pages Robinson arrive à donner une personnalité à chacun de ces superhéros.

Dans ces épisodes, le savoir faire de Robinson apparaît pleinement : quel que soit le personnage, il réussit à le rendre attachant, passant d'une émotion à l'autre. Il est difficile de résister au sarcasme de Blue Devil estimant que si l'équipe réussit sa première mission, il pourra peut-être un jour intégrer Justice League Belgique. Pour ceux qui connaissent le personnage de Crimson Fox, il est touchant de voir comment elle essaye de se bâtir une nouvelle vie. Il continue à insérer des références à des formes inattendues de culture populaire, à commencer par L'aventure de Mme Muir de Joseph L. Mankiewicz (1947), puis en évoquant des sujets divers allant de la musique (The Valentine Brothers) à l'architecture des nouveaux bâtiments parisiens (remarques un peu faciles pour les lecteurs français). On pourra juste lui reprocher une ou deux facilités scénaristiques telles que Shade en deux ex machina à la fin de l'épisode 35.

Pour ces épisodes, différents dessinateurs se succèdent. Tony Harris (encré par Wade von Grawbadger) illustre les épisodes 30 à 33 (avec l'aide Mark Buckingham pour l'épisode 34) et 37, soit 5 épisodes sur 9. Il a nettement progressé par rapport aux premiers épisodes, en particulier dans son utilisation des surfaces noires et de leur découpage. En fonction des séquences, il détaille plus ou moins les décors, de très détailles, à inexistants. Lorsque les lieux ne sont pas représentés, les formes noires prennent le relais pour exprimer la tension, le mouvement, l'état intérieur d'un personnage. Harris maîtrise à ce point ce dispositif visuel que l'absence d'éléments figuratifs en arrière plan ne se remarque pas. Il y a vraiment 2 types de cases : celles descriptives et concrètes, et celles axées sur les personnages et leur état d'esprit. Dans les 2 cas, les images apportent des éléments supplémentaires à la narration dans une bonne complémentarité avec les dialogues et l'intrigue.

L'épisode 34 est dessiné par Steve Yeowell et Mark Buckingham, dans un style plus épuré, mais assez expressif. L'épisode 35 est dessiné par Yeowell et Harris (les 5 pages correspondent à l'apparition de Shade), même épuration de formes pour Yeowell avec disparition des arrières plans. Mais ça reste lisible parce que le style de Yeowell n'a rien d'enfantin. L'épisode 36 (consacré à Will Payton) est dessiné par Richard Pace ; il se rapproche d'un style superhéros plus conventionnel, mais l'intrigue évite les poncifs du genre pour une course-poursuite dans un paysage désertique et sauvage. le numéro annuel comprend 2 séquences magnifiques : celle dédiée à Brian Savage (Mitch Byrd encré par Drew Geraci), et celle dédiée à Ted Knight (9 pages dessinées par Gene Ha). L'épisode 38 dessiné par Dusty Abell présente des dessins épurés et anguleux, pas très agréables à l'oeil, et un peu superficiels. Enfin, le "Secret files" est dessiné pour moitié par Phil Jimenez (exquis), et pour l'autre moitié par Lee Weeks (sympathique).

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Avec ce troisième tome d'une série de 6, j'ai enfin pu apprécier les raisons pour lesquelles la série "Starman" a accédé au rang des indispensables. Dans le cadre un peu limitatif d'une opposition basique Héros/Criminels, James Robinson fait évoluer des personnages gagnant en épaisseur d'épisode en épisode, et en complexité, avec une gamme élargie de sentiments crédibles, avec des envies et valeurs personnelles. le changement régulier de dessinateurs peut être un peu irritant, mais ils restent dans une approche visuelle adulte, aves plus de hauts (Tony Harris, Gene Ha, JH Williams III, Michael Zulli), que de bas, ou même de convenu. Starman omnibus 4 contient les épisodes 39 à 46 de "Starman", les épisodes 35 & 36 de "Power of Shazam", "Starman 80-page giant" 1, "The Mist" 1 et les épisodes 1 & 2 de "Batman / Hellboy / Starman".
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