je n'ai pas répondu à votre question, dit-il en se levant pour se diriger vers les tentes. Si vous ne croyez en rien, alors vous avez beaucoup moins à perdre.
Provoquer le plus puissant sorcier du royaume et laisser Elisabeth mettre la pagaille au beau milieu d'un bal ? Non, vraiment, je ne vois pas ce qui pourrait mal tourner.
La connaissance peut toujours être dangereuse. C'est une arme plus puissante que n'importe quel sortilège.
- Je crois que je suis en train de ruiner votre réputation, s'excusa Elisabeth, mortifiée.
- Ne vous souciez pas de ça, la rassura Nathaniel. Cela fait des années que je m'efforce de ruiner ma réputation. Peut-être qu'après cela, les familles influentes cesseront de catapulter leurs filles à marier au-dessus de la clôture de mon jardin. C'est vraiment arrivé une fois, vous savez. J'ai dû la repousser à coups de râteau.
Ne vous souciez pas de ça, la rassura Nathaniel. Cela fait des années que je m’efforce de ruiner ma réputation. Peut-être qu’après cela, les familles influentes cesseront de catapulter leurs filles à marier au-dessus de la clôture de mon jardin. C’est vraiment arrivé une fois, vous savez. J’ai dû la repousser à coups de râteau.
Nathaniel la considéra avec une expression étrange.
-Vous aimez cet endroit ?
- Bien sûr. Il y a des livres.
- Quand le récit de l’incident est arrivé au Magisterium, j’ai reconnu votre nom.
- Comment ? Je ne vous l’ai jamais dit.
- Non, mais la directrice l’a fait. (Voyant la perplexité d’Elisabeth, il poursuivit.) Je voulais connaître le nom de la jeune fille qui avait manqué de me tuer en me renversant une bibliothèque sur la tête. Cela me paraissait prudent, au cas où nous aurions eu l’occasion de nous recroiser.
Alors que le sortilège se dissipait, une lueur émeraude miroita au-dessus des habits.
- Pourquoi me regardez-vous ainsi ? demanda Nathaniel.
- Vous avez utilisé une incantation démoniaque pour ranger mes bas !
Il haussa un sourcil.
- Vous avez raison, cela ne ressemble pas aux actes d’un sorcier maléfique. La prochaine fois, je ne me donnerai pas la peine de les plier.
Décrocher un emploi à la Bibliothèque royale se révélé moins compliqué qu'Elisabeth l'avait cru. Par chance, une domestique avait donné son congé le matin même parce qu'un énorme pou de livres lui avait grimpé sur la jambe, et l'établissement avait besoin de trouver rapidement une remplaçante. Elisabeth démontra à l'intendant qu'elle était une parfaite candidate en soulevant le coin d'une commode de son bureau pour débusquer un pou de livres qui se cachait dessous. Elle l'écrasa même d'un coup de talon, au grand plaisir d'un jeune apprenti qui passait par là. Elle s'assit ensuite face à lui pour répondre à une série de questions telles que : à quelle vitesse pouvez-vous courir ? ou, accordez-vous une importance cruciale au fait de conserver l'ensemble de vos dix doigts ? L'intendant parut impressionné qu'Elisabeth trouve son interrogatoire tout à fait raisonnable. C'était d'ordinaire le moment, lui expliqua-t-il, où les postulants s'enfuyaient à toutes jambes.
- Mais il s'agit d'une bibliothèque, s'exclama Elisabeth avec surprise. A quoi s'attendent-ils ? A ce que les livres n'essaient pas de leur mordre les doigts ?
— Voyons, Elisabeth, j'étais condamné depuis l'instant où je vous ai vue frapper l'infernal qui montait sur le carrosse avec votre barre de fer. Comment avez-vous pu ne pas le remarquer ? Cela fait des semaines que Silas m'observe en levant les yeux aux ciel.